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19/09/2007

A EZE ET CHATEAUNEUF DE CONTES, LES POSSEDES DU DIABLE

Comme en témoignent les chroniques, les facéties du Diable sont sans limites. Il peut ainsi s’insinuer dans le corps des pauvres humains, les posséder et les entraîner à des attitudes condamnables ou à de bien étranges prouesses. Ainsi à Laghet en 1636, un prêtre d’Eze dut exorciser une jeune fille qui poursuivait ses parents armée d’un gourdin, les lapidant dès qu’ils approchaient. Elle fut appelée trois fois au nom de la Sainte Trinité, pria la Vierge et fut guérie.

Autre histoire troublante à Châteauneuf-de-Contes en 1726, Françoise Galléan, fille d’un seigneur de Châteauneuf, se met à discourir aux vêpres au nom du Démon Asmodée. Exhortée à la pénitence, elle entraîne les habitants à des sabbats, attirant la colère de Dieu sur le village. Bientôt elle se livre au jeu des vérités cruelles, dénonçant les turpitudes réelles ou imaginaires des villageois dont la veuve Lucrèce Barnoïna qui s’était donnée à Asmodée voici 18 ans, ainsi que son fils Alexandre pactisant lui aussi avec le Diable.

Au plus fort de la chasse aux sorcières, le curé interrogea Lucrèce en sacristie où elle avouera. La malheureuse sera envoyée en prison à Nice et torturée.

Françoise Galléan poursuivra, révélant les noms de gens ayant pactisé avec le Diable.

La folie collective gagna le village, Don Steffanis s’efforça en vain d’apaiser ses ouailles, en exorcisant la dénonciatrice et en organisant une procession à Villevieille, rien n’y fit. La contagion s’installa, les trois sœurs de Françoise furent gagnées à leur tour par Asmodée, ainsi que d’autres jeunes filles, ceci en dépit de l’exorcisme de Don Steffanis. La population malmena alors les suppôts du Démon, bastonnades, jets de pierres, injures, on releva des blessés et même un mort !

Deux moines envoyés par l’épiscopat enquêtèrent six jours durant, sans aboutir dans leurs investigations. Le mystère s’épaissit quand on se rendit compte que les sœurs Galléan possédaient des dons inexplicables. Pendant un mois elles subirent des épreuves au cours desquelles on constata de bien étranges phénomènes. Sans connaître le latin, elles répondaient le plus aisément du monde à des questions posées dans cette langue, devinant des énigmes, interprétant des textes d’une rédaction incompréhensible, indiquant par transmission de pensée l’endroit éloigné d’objets qu’elles n’avaient jamais vus et seulement connus des enquêteurs. De plus, elles se contorsionnaient aux limites du possible, même pour les plus désarticulés des saltimbanques !

Ces faits se déroulèrent en présence de témoins à la moralité irréprochable : un noble, un bourgeois, trois prêtres, trois moines. L’affaire rebondit avec la nomination d’un nouvel évêque. Les demoiselles Galléan sont arrêtées le 30 juillet 1727, ainsi que le curé de Châteauneuf et deux autres prêtres ; à la surprise générale Lucrèce Barnoïna est acquittée le 17 mars 1728, après avoir comparu devant le Sénat de Nice.

En revanche les juges suspendent leur homologue de Châteauneuf, lui interdisant désormais d’enquêter sur les affaires de magie. Le curé Don Steffanis est lui aussi suspendu «a divinis » et envoyé pour cinq ans dans la forteresse de Villefranche, en compagnie de deux autres membres du clergé, pour avoir abusé de leur autorité morale.

Françoise Galléan, désormais installée à Nice, se verra bannie de son village pour dix ans. Dans un souci d’apaisement, les juges niçois mirent hors de cause le reste de la famille de l’estimé notable Galléan, considérant qu’il y avait eu supercherie et attitude équivoque du clergé dans cette affaire.

Malgré la chose jugée, longtemps encore les populations de Châteauneuf et de ses environs évoquèrent en tremblant, le souvenir de cette étrange histoire de sorcellerie.

D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

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08:20 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : HISTOIRE

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