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06/12/2006

UN PAUVRE DIABLE TIRE PAR LA QUEUE !

DE CONTES ET COARAZE :

LES MESAVENTURES DU DIABLE

 

Don Rougnous, curé de Contes, dans la vallée du Paillon au nord de Nice, ne pardonnait rien à ses ouailles. La moindre peccadille donnait lieu à de lourdes pénitences. Après la procession de l’Assomption, il interdit par exemple aux jeunes filles, de porter dans le futur la statue de la Vierge, car »elles marchaient avant le clergé, plus ornées que les reliques et exposées à la vue et à la censure du public ». Quant aux jeunes hommes de ce bourg de la vallée du Paillon : « Ils avaient conservé leur chapeau sur la tête durant toute la cérémonie ! ». De  plus, «les prescriptions pascales n’avaient pas étaient observées et la pratique dominicale faiblement suivie ». Dans sa lettre à Monseigneur Galvagno, le curé ajoutait à ses griefs : « les enfants jouent à la balle contre le mur de l’église, les hommes lancent leurs boules près de la porte de cette même église et les couples nouveaux mariés sortent de l’église après la célébration bras dessus bras dessous après s’être embrassés ! Les trop nombreux estaminets, mal tenus, entraînent l’intempérance. S’y ajoute la pratique du jeu, la mauvaise habitude de proférer des jurons et malédictions et d’entonner des chansons peu honnêtes les soirs de fête, au mépris du repos public. Enfin, la jeunesse, non contente d’aller de temps en temps à Nice, source d’immoralité, se livre à des polissonneries inadmissibles. Se plaçant au « Barri de la Fuont » partagée en deux ailes aux extrémités de la rue, elle s’y permet des indécences sur les filles qui vont à l’église. Ces indécences consistent à leur serrer la main, à les toucher sur le visage et sous le col. A l’église elle se met dans les chapelles pour être mieux couverte des regards qui doivent les surveiller, elle s’y adonne à des babils indécents… ». A la lecture de cette lettre (Extraits du Stato di Relazione de 1836), l’évêque mesura le poids du contentieux opposant le prêtre à ses paroissiens. Par prudence, il s’abstint d’intervenir.   Révolté par ces récriminations perpétuelles et ces méthodes inquisitoriales, Chiapatoute, un habile chasseur contois, expert dans la capture des oiseaux à la glu (lou visc), décida un jour de donner une belle leçon à ce hargneux ecclésiastique, pour lui apprendre à ne plus médire des bonnes gens de Contes. Il fut décidé d’enduire de colle le siège de Don Rougnous, avant la grande messe dominicale. Au milieu de l’office, après s’être assis sur la stalle, entouré des enfants de chœur, il voulut se lever mais n’y parvint pas ! La surprise passée, chacun cru à une mauvaise courbature, puis voyant la chasuble collée et le prêtre debout, l’assistance éclata d’un rire général auquel se mêlèrent les enfants de chœur ! Vert de colère, Don Rougnous regagna la sacristie en marmonnant autre chose que des prières…Ce dimanche, la messe prit un raccourci inattendu.   Forts de cette réussite, les Contois qui avaient châtié leur curé, décidèrent, pour faire bonne mesure, de s’en prendre au Diable qui n’avait pas manqué d’applaudir leur plaisanterie. Se sentant à l’aise dans ce village contestant une Eglise maladroite, le Diable paradait en houppelande dans les rues et les bistrots, essayant de se lier d’amitié. Mais personne ne souhaitait recevoir cet encombrant personnage, même pour lui offrir un verre de vin. En désespoir de cause, il ne restait souvent au Malin qu’une seule ressource, étancher sa soif à la fontaine de la place. C’est ce que remarqua la commère Ficanas, toujours aux aguets, derrière ses persiennes mi-closes. Elle en fit part à Chiapatoute, lequel après avoir discrètement prévenu ses concitoyens, englua  soigneusement la margelle de la fontaine. Ce qui devait arriver arriva, le Diable assoiffé, après avoir mangé un midi des tranches de pain, opportunément tartinées de pissala (purée d’anchois salé) par l’aubergiste du coin, vint se rafraîchir le gosier à la fontaine. Buvant à la régalade, bien appuyé sur le bord du bassin, le Démon ne remarqua pas les Contois, sourire aux lèvres qui l’observaient au travers de leurs jalousies. Quand il se redressa et voulu quitter son perchoir, l’ange du Mal réalisa qu’il était bel et bien collé aux pierres de la fontaine ! Chiapatoute sortit alors de chez lui, accompagné de six hommes robustes, armés de fourches et de cordes. En un tour de main, le Diable se trouva ficelé comme un saucisson, installé sur le plateau d’une charrette qui démarra allègrement tirée par deux vigoureux chevaux. Balancé au rythme de l’attelage, la charrette remontait la vallée du Paillon avec à son bord en plus du cocher, deux solides Contois, maintenant le malheureux Démon attaché, tête pendante. Parvenu assez haut, au bout de la vallée, le Diable fut basculé hors de la charrette, comme un vulgaire «barioun » (balle) de foin. Un paysan qui se trouvait par-là, poussa du pied l’ange du Mal qui roula au bas du vallon. Après s’être débattu, ce dernier réussit à se dégager de ses liens, mais resta collé par sa queue gluante à une souche d’olivier. Dans un ultime effort, il se leva, s’élança et cassa net son appendice, semblable à celui d’un lézard, le morceau abandonné se tortilla sur le sol comme un vers de terre. Déconfit, meurtri, le Diable s’enfuit vers le nord, pour rejoindre son territoire, là-haut dans la montagne, près de la Vallée des Merveilles, derrière la cime qui porte son nom, dans une zone désolée, toujours baptisée l’Enfer.   Les conséquences de cette aventure furent longtemps commentées, le soir à la veillée dans les chaumières de la vallée du Paillon. « Lous Contès » devenus célèbres, pour leur habileté et leur ruse, après cette prouesse, furent qualifiés du flatteur surnom « d’Enganaïres » (Trompeurs). Le haut Paillon où le Diable perdit sa queue, prit le nom de « Cauda Rasa » qui devint au fil des siècles Coaraze. En souvenir de cet exploit légendaire, les gens du lieu marquèrent leur différence, en ne portant plus la coiffure en queue de cheval, mais les cheveux courts sur la nuque. Comme les Contois, les retors villageois de Coaraze, habiles roublards puisque capables d’en remontrer au Diable, furent baptisés « Lous Embouillouns » (les Intriguants). Les armoiries du village décorées d’un lézard bleu à la queue tronquée, rappellent également à leur façon, la mésaventure du Diable perdant son appendice. Après cette cuisante défaite, on ne vit plus réapparaître l’Archange déchu, chassé des villages de la vallée du Paillon. Pourtant, quelques voyageurs  affirmeront avec sérieux l’avoir rencontré, guettant ceux égarés dans la tourmente,  plus haut, vers le sinistre village ruiné de Roccasparvièra. De nos jours encore, des randonneurs avertis assureront également avoir entendu la nuit venue ses rires mêlés au vent des crêtes, alors qu’ils se perdaient sur des sentiers mal balisés ! Encore un mauvais tour du Malin, à la rancune tenace ! Après tout on ne perd pas sa queue impunément…

D’après « Les Aventures du Diable en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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09:00 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : HISTOIRE

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