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09/02/2013

DU MISTRAL SUR LE MERCANTOUR:"MADEMOISELLE"

MADEMOISELLE ENTOURÉE DE SES ELÈVES.jpg

«Mais vous ne savez pas ce que c’est qu’une femme,

vous ignorez quel droit elle a sur toute l’âme.»

Corneille (Polyeucte)

Il faut avoir vu  le flamboiement des couleurs de l’automne, illuminant la forêt des Ubacs, développant toutes les nuances étalées du jaune au rouge le plus ardent.

A Villeplane, plus qu’ailleurs, cette rutilance de la nature reflète une part secrète des passions qui agitent le cœur de ses habitants.

Octobre ne bouleverse pas le rythme lent et immuable des saisons. Il annonce déjà l’hiver, interminable et rigoureux en montagne.

C’est dans ce décor aux couleurs flatteuses que Villeplane apparut pour la première fois au regard attentif de Cécile Bellenger. En cette fin de journée, après avoir négocié le dernier virage précédant la ligne droite bordée de peupliers, le chauffeur du car l’avait avertie : « Mademoiselle, vous êtes presque arrivée, voilà Villeplane ! ».

La venue, annoncée par le Maire, de la nouvelle institutrice avait provoqué un attroupement de curieux qui  réagirent avec impatience aux coups de klaxon intempestifs préludant à l’entrée du «laitier » dans le village.

Une blonde et gracile silhouette aux yeux clairs descendit  du car, un cartable à la main, pour s’immobiliser à l’arrière du véhicule, dans l’attente d’une valise coincée au milieu de bidons de lait vides qu’il  fallait extraire.

Clément Payan s’avança vers «la nouvelle maîtresse », avec un sourire engageant.

Après s’être présenté, il souleva la lourde valise d’une main assurée, puis s’excusant de la précéder il ajouta : « Mademoiselle Bellenger, soyez la bienvenue à Villeplane. Nous vous attendions ».

Le «comité d’accueil » s’écartait comme à regret, pour laisser le passage, sous les regards interrogateurs des parents et des jeunes enfants, toujours immobiles qu’il  fallut tirer par la main.

Le vaste appartement de fonction, situé au-dessus de la salle de classe, venait seulement d’être libéré par l’ancienne titulaire du poste.

Aussi, la municipalité s’offrait de loger gracieusement la nouvelle institutrice chez les Toche, le temps de refaire les peintures et d’aménager les lieux.

Cécile se retrouva ainsi accueillie par le père et la mère Toche, un couple de paysans âgés, vivant avec leur fils.

La mère menue, vive, grise comme son chignon, un rien obséquieuse, comme pour excuser le mutisme d'un époux rustaud, massif, dissimulant son visage sous un large chapeau noir.

Ce duo terne ne s’éclaira que par une fugitive et troublante étincelle de joie, perceptible dans les coups d’œil mobiles de la mère, alors que la jeune femme franchissait le seuil de cette maison inconnue.

La chambre louée, large pièce attenante à la salle commune, sentait bon la lavande. Le lit surélevé par un impressionnant édredon apparaissait confortable. Une armoire de campagne profonde occupait un côté de la pièce, l’autre étant réservé à une table de toilette de marbre blanc, surmontée d’une cuvette à eau et d’un broc en faïence fleurie. Dans un angle une chaise et une ancienne coiffeuse servant de table, masquaient un seau hygiénique honteusement placé sur une trappe ouverte dans le plancher, vers l’étable, rappelant la rusticité des lieux.

Si la tête du lit s’ornait d’un crucifix en bois, garni d’un rameau de buis, en face un cadre noir entourait une photo sépia représentant un couple d’un autre âge. Elle, avec un visage aux traits fins, sous une coquette coiffe de dentelle, respirait un bonheur intérieur certain, lui, sévère et moustachu, en cravate et gilet, se plaçait fier et protecteur, légèrement en retrait de sa compagne.

Le grand-père Toche une fois tombé dans les tranchées de la « Grande Guerre », sa veuve s’était éteinte dans cette chambre occupée aujourd’hui par Cécile.

Après avoir fait le tour de son nouveau domaine, la jeune femme prit possession de la pièce en accrochant quelques affaires dans l’armoire, avant de rejoindre ses nouveaux hôtes à la table familiale. L’angélus de sept heures carillonnait au clocher du village.

C’est ainsi qu’elle fit la connaissance d’Achille, le fils de la maison, un solide gaillard d’une trentaine d’années, à la poignée de main puissante et vigoureuse. Il la toisa avec un vif intérêt, alors qu’un sourire de satisfaction illuminait son visage.

Cécile ignorait que sa venue chez les Toche, représentait l’aboutissement de marchandages acharnés, entre trois familles du village, avides d’accueillir une possible belle-fille, dotée d’une fonction de prestige et d’un confortable traitement. Le Maire avait arbitré de son mieux les gesticulations hospitalières des Arnaud, des Pons et des Toche qu’il avait finalement réussi à départager en tirant l’heureux bénéficiaire à la courte paille !

Le sort avait désigné les Toche, à eux de réussir à placer leur grand escogriffe, en séduisant la charmante élue.

Dans ces villages perdus, l’institutrice débutante, débarquant timide et ingénue au sortir de l’Ecole Normale, représentait une proie facile et idéale, pour de futures épousailles. Naïves et mal assurées, elles ignoraient souvent être l’objet de convoitises et d’ambitions, prétexte à des maquignonnages dignes d’un champ de foire. Ces innocentes créatures se voyaient expédiées au bout du département, vers des postes refusés par leurs aînées plus anciennes, désireuses de goûter au plutôt les délices de la Côte, au climat serein et aux conditions de vie plus agréables.

Les cours magistraux, dispensés pour leur formation, négligeaient cet aspect essentiel de leur vie future : les préparer à affronter la dure réalité d’un quotidien austère, chargé de dangers, sitôt franchi la porte de leur classe.

Le fossé séparant la fraîcheur enjouée d’une jeunesse libre, parfois même jugée insolente, face à un monde macho, hanté par quelques fantômes de femmes peu attrayantes, ne pouvait en plus qu’attiser l’intérêt sur leur personne.

Malgré leur rudesse, ces montagnards durs à cuire cachaient un cœur tendre sous leur carapace et se laissaient souvent piéger par leurs sentiments.

Cécile n’était pas dépourvue de jugement, en dépit de la candeur inhérente à son âge et d’une vulnérabilité née d’une récente et cruelle déception sentimentale.

Durant les dernières vacances, suivant sa sortie de l’Ecole Normale, séduite par un homme marié, ami de son père, elle avait cédé trop vite à ses avances.

L’été enchanteur au bord de mer, teinté d’abord des couleurs d’une merveilleuse aventure, hélas sans lendemain, devait basculer dans le drame lorsqu’elle tenta de se suicider.

Pas totalement dégagée du gardénal, elle comptait sur l’éloignement et l’exil à Villeplane, pour cicatriser sa blessure. Elle avait rêvé de vivre la montagne de plus près. Avec la fin pénible de son aventure sentimentale, il lui fallait un horizon différent pour repartir dans l’existence. C’est donc volontairement et contre l’avis de tous qu’elle  avait choisi ce village isolé du Mercantour.

Une fois la soupe chaude servie sous l’abat-jour de verre dépoli, à bord sinusoïdal, bruyamment lapée par le père et le fils, la mère Toche apporta une poêlée de champignons, des »sanguins », cueillis le jour même ! Un morceau de tome et une poire au four complétèrent ce souper que Cécile ignorait être amélioré, à l’occasion de sa présence. Le jour suivant, précédant la rentrée des élèves, la Demoiselle prit possession de son domaine, une vaste salle de classe, haute de plafond, éclairée de deux larges fenêtres, avec en ligne deux douzaines de bancs de bois usés et tailladés, par des générations d’enfants.

Un massif poêle circulaire, en fonte grise, s’imposait au centre de la pièce, surmonté d’un long et inélégant tuyau de cheminée.

Le «bureau de la Maîtresse », dressé sur une estrade, voisinait deux grands tableaux noirs. En face, une armoire vitrée bibliothèque, coiffée d’un globe terrestre, côtoyait un lot de cartes géographiques cartonnées « Vidal-Lablache ».

Ce temple du savoir possédait deux portes, une réservée aux élèves, s’ouvrait sur un escalier en pierre accédant à la cour, l’autre intérieur, pour l’institutrice, donnait dans une cage d’escalier grimpant vers le logement de fonction, situé à l’étage.

Cécile s’égara dans le froid et immense appartement de cinq pièces où s’activaient les peintres.

Clément Payan qui accompagnait sa visite, lui conseilla, une fois installée, de se cantonner à l’occupation de la pièce voisine de la cuisine, seule chauffée en hiver.

Bien sûr, il faudrait au début, dénicher sur place un minimum de mobilier, le Maire s’y emploierait, mais ça ne serait pas facile…

« Pourquoi ne resteriez vous pas chez les Toche ? Vous y trouverez, pour pas cher, la table et le gîte, cela vous permettrait de passer l’hiver au chaud. Vous verrez plus clair au printemps, pour vous installer chez vous.

Les Toche sont de braves gens, un peu frustres peut-être, Marie, la mère, a beaucoup insisté pour que vous logiez chez elle. Elle en est très flattée. »

Cécile répondit mollement qu’elle  souhaitait tout de même conserver son indépendance. Mais, comme tout se bousculait dans sa tête, la classe à organiser, les cours à préparer, son installation personnelle à envisager, trop de tâches accablantes et soudaines à assumer.

Oui, tout compte fait, elle vivrait très bien dans le havre de paix rassurant que lui offrait la famille Toche.

D’ailleurs le fils, bon bricoleur, s’était proposé avec beaucoup de spontanéité, pour fixer aux murs de la salle de classe, quelques cadres destinés à l’égayer et à la personnaliser.

Il fut convenu qu’il regrouperait les bancs des plus petits, accrocherait les cartes géographiques à son goût et remplirait le bûcher.

La Demoiselle pouvait compter sur lui. La mère insista beaucoup pour qu’Achille soit toujours disponible pour lui rendre service.

Cécile, soulagée par autant de sollicitude, s’endormit le soir, rassurée.

Les dix huit élèves en tabliers noirs qu’elle accueillit le lendemain, jour de rentrée, formaient une classe unique à plusieurs cours de différents niveaux. Si les plus jeunes découvraient l’alphabet et les nombres, les quatre plus grands préparaient le certificat d’étude, diplôme de fin d’études primaires.

Après un premier contact où chacun s’observa avec méfiance, la sympathie s’imposa entre les enfants et leur nouvelle maîtresse. Le matin, une demi-heure avant le début de la classe, les grands, à tour de rôle, remontaient les bûches depuis la cave et allumaient le poêle vorace qui  ronflait allègrement à la rentrée de la classe.

Une fois par semaine, un autre se chargeait de remplir les encriers de faïence blanche, disposés par paire sur chaque pupitre.

Bien dirigés, les élèves se révélaient attentifs, sérieux et motivés, progressant de manière encourageante, au point de permettre à Cécile, de les initier à des matières hors programme, comme la musique, le dessin et des promenades découvertes du milieu naturel.

Ainsi, à la suite d’un fort Mistral, les pommiers ayant perdu leurs fruits, il fallut les ramasser, ce fut prétexte à une sortie collective de la classe.

Lors de ces espaces de liberté, comme aux récréations, les enfants donnaient libre cours à leur curiosité, n’hésitant pas à questionner ou à se confier, en révélant parfois l’intimité des familles.

« Mademoiselle, Monsieur le Curé dit qu’Adam et Eve ont croqué la pomme pour avoir des enfants et qu’après ça, ils ont été chassés du Paradis. Est-ce que ça peut nous arriver ? »

Un autre plus direct : « Mademoiselle, c’est vrai que vous allez vous marier avec Achille ?

- D’abord, ne mélangez pas tout, la vie et les belles histoires du catéchisme. Pour moi, sachez que je n’ai pas l’intention de me marier, ni avec Achille, ni avec un autre. Mais qui raconte de pareilles sornettes ?

- Ma mère a entendu Yvonne Arnaud, dire que Marie Toche vous avez voulu chez elle, pour vous marier à Achille.

- Achille est un brave garçon, très complaisant, c’est tout !

- Si il est complaisant, c’est qu’il vous plaît alors ?

- Mais ça veut tout simplement dire attentionné, obligeant, serviable…

- N’empêche qu’il vous apporte toujours des fleurs, comme si vous étiez sa «bonne amie ».

- Rassurez-vous, c’est pour fleurir la classe et pas seulement pour moi, pour vous aussi, pour nous tous ».

Alertée par ces réflexions enfantines, échos d’une rumeur évidente, Cécile observa avec plus de méfiance les perfides manigances de Marie Toche.

Jusque là réservé dans sa démarche et ses propos, Achille semblait agir à son égard avec une loyauté sincère, dépourvue apparemment de toute arrière pensée.

A la veille de la Noël, le jeune homme avait tenu à dresser dans la classe un magnifique sapin qu’il  avait rapporté lui-même de la forêt.

Le soir, après les cours, il avait tenu à décorer l’arbre avec des fleurs de papier, peintes et découpées par les élèves. C’est à cette occasion qu’il  avait ouvert son cœur sans détour, pour avouer sa flamme avec des mots simples : « Mademoiselle, je vous trouve très belle et je rêve de vous depuis le premier soir où je vous ai vue ».

Rougissante de confusion, sous ces compliments inattendus en forme de déclaration amoureuse, Cécile l’avait ménagé, expliquant gênée qu’elle  ne le connaissait pas assez et qu’elle le considérait comme un bon camarade. Elle l’invita ainsi, à ne pas se méprendre sur le caractère de leur relation.

Plus tard, un soir, comme elle l’avait accompagné dans la chaude moiteur de l’étable, pour y voir un veau nouveau-né, il lui avait posé la main sur la sienne, alors qu’elle caressait l’animal. Cécile s’était prudemment dégagée.

A l’occasion des fêtes, Marie redoublait de prévenance à l’égard de sa jeune pensionnaire.

Elle lui avait sorti un tub et chauffé suffisamment d’eau, pour lui permettre le luxe d’un bain, pris dans sa chambre. Comme elle trempait, en cédant aux voluptés qui lui rappelaient les délices des bains de mer, un craquement insolite l’avait faite frissonner. Elle comprit par la suite, en repérant un trou percé dans la cloison, sous le cadre qu’on l’épiait depuis le cellier contigu à sa chambre. Cette intrusion la mit mal à l’aise. Après avoir bouché l’orifice indiscret, à l’aide d’une boule de papier mâché, elle réalisa que son corps dénudé s’offrait ainsi régulièrement, au regard pervers d’un inconnu. Lorsqu’elle apprit qu’Achille, parti au champ cet après midi là, n’avait pu être présent dans la maison, elle comprit que l’insatiable satyre n’était autre que le père Toche.

Pour mieux retrouver la sérénité, elle confia d’abord ses états d’âme aux pages de son journal intime. Déprimant dans son travail et sa vie privée, chargés de complications diverses, perdue à Villeplane, au creux de l’hiver, en cette période des fêtes, lasse, elle conclut que le soleil tardait à se lever à l’horizon.

En dépit de cette expérience traumatisante, des manèges et de la présence repoussante de ce couple perfide dont elle devenait la proie, Cécile cherchait toujours le grand amour entrevu dans ses rêves.

Pour trouver ce compagnon de route idéal, elle devait mettre de l’ordre dans son existence et prendre de nouvelles résolutions.

Comment se dégager de l’emprise étouffante et désormais intolérable des Toche qui  la vampirisaient ? Sa frémissante sensibilité, faite d’une pathétique vulnérabilité, s’accommodait mal de cet environnement rugueux, souvent empreint d’hypocrisie.

Après ce choc, sa vie reprit peu à peu ses droits. A mots couverts, elle confia sa détresse au Maire qui  lui conseilla de s’installer jusqu’au printemps, dans la chaude et féminine ambiance de l’auberge Grassi.

Le mois suivant, Cécile assista à la conférence pédagogique cantonale, réunissant l’ensemble des enseignants de ce secteur de la vallée.

Cette salutaire journée, devait lui permettre de rencontrer d’anciennes camarades de promotion,  ainsi que son plus proche voisin, Pierre Achard, l’instituteur de Saint Bastien, village situé à quatre kilomètres au nord de Villeplane.

Ce sympathique célibataire de trente ans, passionné de flore alpine, lui présenta quelques jours plus tard, ses magnifiques herbiers.

Son humeur plaisante et rieuse, le mettait en complet décalage avec son image de marque, plutôt coincée dans le rayonnage de la culture. Telle une tornade, il allait bouleverser sa vie.

Pierre possédait cette beauté du diable, propre à bousculer chez Cécile, les hésitations et les certitudes nées de sa déception amoureuse.

Elle lui avoua avoir remarqué, alors qu’elle le quittait pour la première fois en descendant du «laitier » et qu’il poursuivait son voyage, ce petit geste de la main et son sourire, adressés derrière la vitre du car. Elle avait ressenti un pincement au cœur significatif.

Quelques jours après, elle le retrouvait dans sa classe, à Saint Bastien et lorsqu’il lui prit la main, elle lui avoua : « Sentez comme mon cœur bat vite, c’est à cause de vous. Vous ne m’embrassez pas ? » Le baiser profond qui suivit devait transformer l’existence de la jolie Cécile, l’exposant soudain de l’ombre à la lumière.

Les rendez-vous galants se succédèrent, en dépit d’une route enneigée.

Le printemps, toujours espéré en montagne, n’avait jamais été aussi chargé de promesses de bonheur pour le jeune couple.

Véritable soldat endurci par la défaite, la mère Toche avait réagi impassible, au départ de sa pensionnaire. Elle ne s’avoua pas vaincue. Mesurant son impuissance, face à ce coup du sort qui annihilait ses ambitions, elle se rendit un soir, jusqu’à «la Rouillère », pour y rencontrer la vieille Malatrasi, une sorcière aux pouvoirs éprouvés et redoutables.

Mais, en dépit de ses incantations, la puissance de ses sortilèges ne parvint pas à briser le cercle du charme qui  protégeait les deux amoureux.

Mieux, à Pâques, les jeunes gens décidèrent de se fiancer.

Informé, Clément Payan se félicitait déjà, heureux de tenir sans doute une institutrice, décidée à fonder une famille et à conserver son poste au pays.

La nouvelle fit très vite le tour du village.

Le lendemain, le Mistral se leva, brutal et impitoyable, ses rafales retenant chacun à l’abri dans les maisons. Les dernières feuilles mortes tourbillonnaient frénétiquement, alors qu’apparaissaient déjà les premiers perce-neige.

Le soir, on apprit qu’Achille n’était pas rentré… Le lendemain matin, en dépit de la tempête, les recherches entreprises aboutirent à l’effroyable découverte du corps du malheureux, pendu à la poutre faîtière de la grange familiale.

Quelques lignes griffonnées d’une écriture maladroite, expliquaient ce geste fatal. Achille, follement amoureux, ne s’était pas résolu à perdre la mignonne « Demoiselle » qu’il  portait au fond de son cœur.

 

D’après «Du Mistral sur le Mercantour» (Editions Sutton),

En vente sur Internet http://www.editions-sutton.com

ou dédicacé, au prix de 21 euros, plus frais d’envoi, en contactant edmondrossi@wanadoo.fr

 

Les dieux se sont réfugiés au cœur des régions montagneuses, prédisposant les sommets à devenir de fascinants hauts lieux de l’étrange. A l’extrémité des Alpes du Sud, le « Parc naturel du Mercantour » confirme avec éclat cette vocation établie depuis les origines de l’humanité.

Accrochés à la caillasse au-dessus de gorges étroites et impénétrables, les villages perchés, maintenus à l’écart des bouleversements, ont su résister au temps et garder d’admirables témoignages du passé. Parmi ceux-ci, des récits originaux véhiculés jusqu’à nous par les bourrasques du mistral comme autant de feuilles d’automne. Edmond Rossi, originaire du val d’Entraunes, nous invite à pénétrer l’âme de ces vallées, grâce à la découverte de documents manuscrits inédits, retrouvés dans un grenier du village de Villeplane.

Si les « récits d’antan » présentent des histoires colportées aux veillées depuis la nuit des temps, les « faits divers » reflètent une réalité contemporaine d’une troublante vérité. Edmond Rossi est depuis son plus jeune âge passionné par l’histoire de sa région. Il signe ici son troisième ouvrage aux Editions Alan Sutton

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

 

02/02/2013

A PEILLE : DU FESTIN DES BAGUETTES A LA POMME FLEURIE

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Le festin des baguettes se déroule à Peille, situé au Nord de Nice, le 1er Dimanche de Septembre. L’origine de cette coutume où la jeune fille offre une baguette enrubannée à son danseur ou à son fiancé se confond avec la légende.

En 1357, Peille se trouva brusquement privé d’eau, l’unique source qui l’alimentait ayant brusquement disparu au cours d’un éboulement. La vie était donc devenue pénible au village, les citadins étaient contraints d’emporter, depuis les campagnes éloignées, leur provision d’eau.

Le Seigneur de la cité s’en trouvant fort affecté, convoqua aussitôt un jeune berger dénommé « Gioanin » auquel on attribuait de larges dons de sourcier et même de sorcier. N’avait-il pas prédit quelques années auparavant un terrible orage qui devait décimer tout un troupeau de chèvres ?

La matin même de la catastrophe, il refusa de conduire le troupeau sur les pentes du Baudon. On l’invectiva d’abord, mais on regretta ensuite de ne pas l’avoir écouté, de nombreuses chèvres ayant été foudroyées.

Fort de ce succès, le Seigneur le pria d’exercer ses dons afin de rendre à la communauté cette source, cause de tous les malheurs. La pâtre hésitait, était-ce une vengeance des « Forces souterraines » envers les Peillois qui n’avaient pas tenu compte de ses prédictions ?

Comprenant la gravité du moment, Roussetta, la fille du seigneur, un rameau d’olivier à la main, s’avança vers lui : « Gioanin, lui dit-elle, prends cette baguette, devine-nous la source, je te promets en échange ... mon coeur ».

Convaincu par cette douce proposition, le berger se décida. Saisissant la baguette magique, il fit quelques pas dans les rochers, s’arrêta. Miracle ! la baguette vibra et tourna, indiquant la circulation souterraine de l’eau.

« Creusez ici, à quelques mètres, vous trouverez l’eau ». Les travaux commencèrent aussitôt. Effectivement, quelques jours après, l’eau fut retrouvée, et d’ailleurs, de nos jours vous pouvez encore la déguster sur la place de la République, ex-place de « l’Aïga », elle est fraîche et légère ...

Roussetta tint ses promesses et pour fêter cet heureux événement fut créée la fête des Baguettes, que nos deux héros présidèrent longtemps.

La fête de la pomme fleuri ou « poum » qui était autrefois une pomme remplacée aujourd’hui par une orange se célèbre au 1er Janvier. Le curé et l’abat-mage (ou premier commissaire élu de la fête) présentent aux garçons une orange dans laquelle il pique une branche de buis, une fleur de néflier et des œillets. Chaque garçon offrira le « poum flourit » à la jeune fille de son choix.

Sur la place Saint Roch, on chante, on danse et on fait circuler des paniers d’oranges fleuries. Ce n’est plus forcément de leurs fleurs naturelles car on pique à l’endroit du pédoncule aujourd’hui, souvent, un bouquet des fleurs de saison : giroflées et les traditionnels œillets ou buis. On enveloppe chaque orange selon le rite, d’une feuille de bibassier (ou néflier du Japon).

Au cours du bal, lorsque les couples sont saisis par le démon de la danse, tout à coup, un commandement est lancé qui les arrête net : « Grand rond ... grand rond ...! » et c’est alors « lou rodou » qui se forme. Filles et garçons font cercle autour de la place en se tenant par la main, et les corbeilles d’oranges fleuries leur sont alors présentées à la grande joie de tous.

D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : contacter edmondrossi@wanadoo.fr

Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore.

La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.

Cet environnement propice ne devait pas manquer de pro­duire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité.

Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.

Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.

Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».

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25/01/2013

CONTES DU PAYS D'AZUR: L'ETRANGE FEMME DE L'AGNELLIERE

SAINT MARTIN VESUBIE, LE SANCTUAIRE DE LA MADONE DE FENESTRE1900 m.jpg

« Lorsque tu es parvenu au sommet de la montagne grimpe encore.»

Pensée bouddhiste 

Il est certain que la montagne n'a pas toujours été ce milieu hostile et désert que nous connaissons aujourd'hui. Au gré des variations climatiques elle s'est tour à tour enrichie et appauvrie en eau, couverte puis dégarnie de végétation, ces changements brutaux entraînant l'érosion des roches. Nous savons d'après les chroniques que l'on pratiquait la culture de la vigne et de l'olivier sur les versants élevés des Alpes-Maritimes, à la période chaude et sèche située entre le XIIe et le XVIe siècle. Aussi n'est-il pas surprenant d'envisager en des temps reculés, où les mythes remplacent l'Histoire, que des zones bordant les cimes de l’Agnellière et du Gélas au-dessus de Saint-Martin-Vésubie fussent alors habitées.

Ainsi donc, vivaient à cette époque sur les pentes de l’Agnellière une jeune femme et son bébé. Ils demeuraient dans une modeste cabane de pierre arrondie, semblable à celles que construisent les bergers sur les plateaux de la Provence. Elle lavait et étendait son linge qui séchait sous le chaud soleil au milieu des rochers. Qui était-elle ? De quoi vivait-elle ? Et pourquoi là-haut dans ces solitudes écartées ? Autant de questions que se posaient les gens d'alentour. Leur curiosité devint telle que ceux de Saint-Martin-de-Lantosque décidèrent un jour de monter interroger cette étrange créature. Cernant le lieu comme des chasseurs qui couvrent leur proie, ils approchèrent. Mais la femme devinant leurs intentions, laissa son linge, prit son enfant dans ses bras et fila prestement jusqu'à une paroi rocheuse qui l'engloutit inexplicablement. Quand les hommes parvinrent devant la roche, ils ne remarquèrent qu'une mince faille. Levant la tête, ils aperçurent la fugitive grimpée plus haut sur une étroite vire. Par quel miracle ou maléfice était-elle parvenue jusque-là ? Ils coururent vers la roche, l'escaladèrent tant bien que mal et sur le point de l'atteindre ils virent l'image de la femme et de son enfant se diluer pour réapparaître plus loin.

C'est alors qu'ils comprirent qu'ils avaient à faire à la Madone; tombant à genoux ils s'exclamèrent: « Ô ! Sainte Mère, laisse-nous une marque de ton pardon à nous qui avons été si méchants. » Une ultime apparition consolatrice se produisit encore sur le Caire, irradiant la roche. Lorsqu'elle disparut il ne subsista qu'une brèche en forme de fenêtre, témoignant du passage de la Vierge.

En face du Caire de la Madone de Fenêtre, sur un tertre fut alors construit le sanctuaire.

 

D’après «Les Contes et Légendes du Pays d’Azur» (Editions Sutton),

En vente sur Internet http://www.editions-sutton.com

ou dédicacé, au prix de 23 euros, plus frais d’envoi, en contactant edmondrossi@wanadoo.fr

Les « Contes du Pays d’azur » ont pour cadre l’extraordinaire décor qui s’étend des Alpes du massif du Mercantour aux rivages de la Côte d’Azur.

Dans cet univers tout est possible, puisque les outrances de la nature dépassent souvent les excès de l’imaginaire.

Les contes, histoires orales nées de la tradition populaire, attestent au travers du merveilleux de réalités historiques authentiques.

Reflets du passé, ces récits constituent les fondements de la mémoire collective d’un terroir au particularisme évident.

Edmond Rossi, écrivain niçois, auteur de différents ouvrages traitant de la riche histoire de sa région, témoigne à nouveau ici, en présentant une anthologie des contes les plus passionnants du Pays d’Azur.

Ce fabuleux florilège s’étend des mythes des origines aux relations insolites précédant l’apparition de la télévision, fatale à l’expression orale des veillées.

Les « Contes du Pays d’Azur » nous ouvrent la porte d’un  univers où l’émotion se mêle souvent à la magie du mystère.

Pour un temps, laissons-nous entraîner vers ce monde troublant pour y retrouver la chaude et naïve simplicité des récits de nos ancêtres.

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