14/04/2014
GOURDON, BALCON D'AZUR
Perché à l’extrémité d’un éperon rocheux dominant la sortie des gorges du Loup, à 740m d’altitude, le village de Gourdon et son château constituent un véritable nid d’aigle. De là, un panorama splendide se développe de Nice à l’Estérel.
Sa position géographique en fait un lieu fortifié depuis la plus haute Antiquité qui résista, tout au long de l’Histoire, aux invasions et aux guerres qui ensanglantèrent la Provence. Cité dès 1035, Gourdon et sa forteresse furent jusqu’en 1235 possessions des comtes de Provence, avant de passer à la famille de Grasse-Bar, puis par mariage aux Villeneuve-Flayosc, pour aboutir en 1550 aux Borriglione d’Aspremont qui vendront la seigneurie le 24 mars 1597 à Louis de Lombard, un opulent avocat de Grasse. Les Lombard héritent du titre de Marquis de Montauroux, suite à un mariage en 1672. Le château reste aux Lombard jusqu’en 1820 où le dernier descendant le lègue à son neveu le marquis de Villeneuve Bargemon. Les héritiers de celui-ci vendront la demeure en 1918 à une américaine, Miss Noris qui ouvre un musée en 1938. Cédé à la Comtesse Zalewska, le manoir appartient aujourd’hui à un homme d’affaire. Du temps des Sarrasins à celui de la Reine Jeanne et des bandes de Raymond de Turenne, les habitants de Gourdon, à chaque épreuve, résisteront et dompteront les assauts de leurs adversaires : Sardes, armées de Charles Quint viendront buter sur leur résistance opiniâtre.
Aux IX ème et X èmee siècles, une première forteresse est édifiée pour se protéger des Sarrasins, sur ses soubassements un autre château est construit au XIIIème siècle, puis remanié au siècle suivant dans « l’esprit toscan ». C’est cette bâtisse qu’acquiert le Comte de Provence, Raymond Bérenger, avant de la céder à son neveu.
L’édifice actuel, élevé en 1610 par Louis Lombard après qu’il eut démoli la demeure médiévale, a traversé sans encombre la Révolution, ses propriétaires n’ayant pas émigré ni déplu. Endommagé en 1815 par les Autrichiens, la bâtisse va ensuite tomber à l’abandon, avant que Miss Noris ne s’attache à la restaurer dans son intégrité première.
Le château, inclus dans le système défensif qui cernait le village, complète les épais et solides remparts encore visibles.
De plan carré, flanqué d’une tour cylindrique à chaque angle (deux d’entre elles ont été reconstruites), ce château provençal type comporte un corps de logis à deux étages surmontés d’une génoise. Les quatre façades sont construites en pierre de taille. La principale donne sur la place du village, elle est percée d’une porte classique donnant accès à une cour pavée. Noter la croisée à meneaux dominant la porte.
Au sud, s’étend une vaste terrasse, plantée de tilleuls centenaires, ombrageant une pelouse ornée de massifs taillés en motifs circulaires. Le tout est bordé d’un parapet dont les angles forment deux balcons et une échauguette surplombant le Riou coulant 100m au-dessous.
Cette terrasse s’appuie sur une immense cave voûtée, soutenue par de massifs piliers, elle abrite une profonde citerne. Un escalier à double révolution conduit à une terrasse inférieure, maintenue par des arcs soutenus par de puissants contreforts.
Il ne reste que deux tours datables de l’ancien système défensif, l’une carrée à l’angle est de la terrasse supérieure, l’autre avec sa barbacane.
A l’ouest, le jardin dessiné par Lenôtre est prolongé par un parc entouré de murs par endroits encore crénelés.
Le rez-de-chaussée et la chapelle accueillent un musée historique avec armures anciennes, mobilier des XVIème et XVIIème siècles, des œuvres d’art d’un grand intérêt artistique.
Au second étage, sept salles sont occupées par un musée de peintures naïves contemporaines. Après avoir parcouru ces véritables jardins suspendus ornés de buis centenaires, ne pas manquer le panorama exceptionnel offert par la terrasse supérieure.
Autre témoin du passé de Gourdon, son église d’origine (XIIème siècle) remaniée au XVIIème siècle (porche). Classé Monument Historique, elle renferme un beau bénitier à têtes d’anges.
L’ancien chemin de Cipières part du quartier de La Colle (D. 12) pour atteindre Cipières après avoir traversé le plateau de Cavillore. C’est sur ce plateau en face de Courmes qu’un sentier part à droite pour s’engager le long de la barre rocheuse et atteindre « La Forteresse ».
Accrochée au rocher, cette construction en pierres de taille domine 300 mètres de vide et les gorges du Loup. Par endroit, le chemin vertigineux qui y mène n’est large que de 30 centimètres !
Cette bâtisse refuge défendue par un accès difficile possède un grand mur percé de deux meurtrières et un four à pain qui rappelle sa fonction d’abri permanent.
Probablement, ce repaire datable du Xe siècle devait accueillir les habitants du « castrum de Gordono » lors des attaques incessantes des Sarrasins à cette époque troublée.
Avec une source située à l’arrière, « la Forteresse » pouvait abriter une vingtaine de personnes avec leurs vivres.
Anecdote :
A Gandon près du camp Romain se dresse la curieuse chapelle Saint Vincent. Avec sa porte romane, ses fenêtres taillées en meurtrières et ses vestiges de fresques, cet édifice religieux a toujours intrigué ses visiteurs.
Les fouilles effectuées ont révélé des objets d’époques très différentes parmi lesquels une stèle gallo-romaine décorée d’un symbole astral, formé d’un croissant fermé dans une triple moulure. Ce signe représenterait les espoirs d’une vie meilleure dans l’au-delà, selon les spécialistes des antiquités romaines.
La légende prétend que ce message indiquerait la proximité d’un trésor enfoui non loin de la chapelle.
Les fouilles entreprises pour le retrouver se sont jusqu’à ce jour avérées vaines.
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04/04/2014
LES TEMPLIERS À NICE ET SA RÉGION
Maison du Temple de Nice
Les documents qui nous sont parvenus de la Commanderie du Temple de Nice et de Grasse sont peu nombreux ; sept articles d'inventaire ont suffi pour en donner l'analyse. Mais un catalogue de leurs archives, dressé par les Hospitaliers au XVIIIe siècle, nous a permis de reconstituer à peu près le fonds des Templiers pour Nice, Grasse et Biot, où ils avaient des propriétés.
Les chevaliers du Temple possédaient également des biens dans les arrondissements actuels de Grasse et de Puget-Théniers, à Rigaud, Touët, Tournefort, Villars, la Penne, Guébris, Collongues, Saint-Etienne, Saint-Dalmas-le-Selvage, Saint-Sauveur, Puget-Théniers ; cependant nous n'avons trouvé aucune trace de papiers provenant de ces Commanderies.
Dès l'année 1129, la commanderie de Nice se constituait. En 1135, l'évêque de Nice céda des biens considérables à l'Ordre du Temple et le chevalier Arnald fut envoyé de Rome pour prendre possession de la nouvelle commanderie; Pierre de Nice lui abandonna en 1144, les revenus de l'église de Gastes ou Gattières.
La pièce la plus ancienne remonte à 1193. C'est un acte de vente de deux terres sises Aubessane, terroir de Nice, faite par Pierre Riquier (1) au Commandeur, qui était propriétaire aux quartiers de l'Impeirat, de Fontgueirande, de Crémat de Champlong et sur les bords du Var (2).
En 1211, Bertrand, évêque d'Antibes, lui donne dans la ville de Grasse, l'église Saint-Jacques et un cimetière ; il achète ou reçoit en don des terres sises aux quartiers de Placassier, de Saint-Laurent, de l'Etang, etc... (3)
Le droit d'asile, dont jouissait l'église Saint-Jacques, fut l'occasion d'un procès qui ne dura pas moins de douze ans. Le 12 mars 1294, un criminel, qui s'y était réfugié, est enlevé par les officiers de l'évêque. Au nom des privilèges de l'Ordre, le Commandeur fait sommer ledit évêque de lui rendre son prisonnier. Le 17 du même mois, d'abord, puis le 8 avril, la sommation est répétée sans succès.
Enfin, le 20 juin - 1306, des lettres du juge mage de Nice obligent les officiers à donner satisfaction aux chevaliers (4).
Le Commandeur de Nice et de Grasse était seigneur de Biot, par suite de la donation à lui faite, en mars 1209, par Alphonse II, comte de Provence, du château et de la ville en toute juridiction, sans aucune réserve.
Il reçoit, en 1242, d'Isnarde de la Pêne, la cinquième partie de la moitié de Clausonne ; en 1288, de Geoffroy de la Pène, la quatrième partie dudit terroir.
1. Archives des Alpes-Maritimes H. 1516.
2. Archives des Alpes-Maritimes H. 1407-1412, 1416.
3. Archives des Alpes-Maritimes H. 1407-1412, 1416.
2. Archives des Alpes-Maritimes H. 1508.
Sources : Inventaire Sommaire des Archives Départementales antérieures à 1792 Rédigé par M. Henri Moris, Archiviste. Alpes-Maritimes - Archives Ecclésiastiques - Série H. - Nice, 1893
La plupart des historiens font remonter à l'année 1135 la fondation de la maison du Temple de Nice. Mais leur opinion ne repose sur aucun fondement. Ils ont pris pour un Templier cet Arnaud qui reçut, au nom de l'Hôpital, en 1135, une donation de l'évêque de Nice. Peut-être l'ont-ils confondu avec Arnaud de Bedos, maître régional de la milice, dont nous savons qu'il déploya une grande activité, à partir de 1136, dans la vallée du Rhône. Il n'est pas exclu cependant que ce soit vraiment un autre Arnaud, évêque de Nice à partir de 1151, qui ait appelé le Temple dans cette ville pendant la durée de son épiscopat. Ledit Arnaud avait déjà favorisé, en effet, l'installation de l'Ordre à Richerenches alors qu'il n'était encore que sacristain d'Orange. Son zèle en faveur de l'Ordre, qui fut déterminant sur la rive gauche du Rhône ne put se démentir à Nice, où tout était encore à faire en faveur de celui-ci. Malheureusement il ne se trouve aucun texte pour appuyer une telle hypothèse.
Si l'on s'en tient aux seuls documents contrôlables, les Templiers n'apparurent à Nice qu'en mai 1193 comme acquéreurs de certains biens appartenant à Pierre Riquier et contigus à la « maison du Var » (aux environs de Saint-Laurent-du Var), tenue par les Hospitaliers. Il n'est pas encore question alors de la maison du Temple, et les biens de Pierre Riquier furent vendus à un simple frère de la milice. La « maison du Temple » de Nice et son premier précepteur connu, Guillaume Geoffroi « del Muoil », ne sont mentionnés qu'au début du XIIIe siècle, dans un acte du 10 juillet 1202 passé « ad Cavalariam. » Mais cet acte nous révèle que l'Ordre possédait aux abords de Nice, à Saint-Pons et à Lympia, des biens que nous ne voyons pas tomber en son pouvoir dans l'intervalle (entre 1193 et 1202) et dont l'acquisition, par conséquent, peut fort bien se situer avant 1193. Un historien de Nice parle à ce sujet d'une charte de 1154 d'après laquelle les templiers auraient eu une maison dans la ville même. Encore que la chose soit possible, étant donné que la date coïncide avec la présence de l'évêque Arnaud à Nice, nous ne pouvons en faire mention que sous réserve car l'auteur, souvent douteux, ne cite aucune référence. Le fait que le grand maître de l'Ordre, Hugues Geoffroi, ait été témoin, en 1176, au traité conclu par les consuls de Nice avec les comtes de Provence, à Nice même, ne signifie pas, non plus, que l'Ordre fut alors établi à demeure dans ce pays.
De Nice, terme de leur marche vers l'Est, les Templiers se répandirent largement de chaque côté du Var. Ils se fixèrent notamment à Grasse, Biot et Rigaud et y établirent de nouvelles commanderies. Ces commanderies jouirent d'une large autonomie bien que la maison de Nice restât leur préceptorale et qu'elles eussent souvent un administrateur commun appelé « commandeur de Nice-Grasse-Biot ».
On ne possède que fort peu de renseignements sur les acquisitions effectuées directement par la commanderie de Nice. Nous avons par contre des détails assez précis sur le développement des maisons de Grasse, Biot et Rigaud.
Sources : Joseph Antoine Dubec - Les Templiers et les Hospitaliers en Provence et dans les Alpes-Maritimes - Mercure Dauphinois - 2001
Un hôpital peut également avoir été attaché à la maison de Nice à la fin du XIIIe siècle (1). Certes, la situation provençale paraît loin de celle de l'Italie, où les Templiers gérèrent de nombreux hôpitaux, ou bien de celle de Provins par exemple, où deux maisons de charité furent encore sous la direction de l'ordre (2). Mais ces rares mentions ne peuvent être négligées, d'autant plus que les Templiers, accusés d'avarice et d'inaction, purent remettre l'assistance à l'honneur sous la maîtrise de Jacques de Molay (3). Dès 1274, le mémoire rédigé en Provence à l'attention de la délégation du IIe concile de Lyon, insiste clairement sur les mérites de l'ordre en faisant valoir que les pèlerins, les pauvres, les orphelins, et même les femmes enceintes bénéficiaient d'aumônes et de soins spécialisés dans les maisons de l'ordre (4). Au total, il semble bien que l'Hôpital comme le Temple aient rempli - bien que sans zèle excessif - la mission qui leur était confiée, dans la mesure où la défense des populations comme l'assistance ne faisaient pas partie de leurs fonctions premières en Occident.
1. En 1274, un acte est passé « in domo ospitalis Templi », J.-A. Durbec, « Les Templiers dans les Alpes-Maritimes », p. 38. En avril 1300, les Hospitaliers obtiennent également de Boniface VIII, un hôpital, situé en bordure du Var, dans le diocèse de Nice, et destiné à accueillir les voyageurs utilisant le cours d'eau, G. Digard et alii, Les registres de Boniface VIII, n° 3587.
2. F. Bramato, Storia, p. 156, donne une liste d'une dizaine de villes d'Italie centro-septen-trionale dans lesquelles les Templiers possédèrent un hôpital. A Provins, l'un des deux hôpitaux était dédié à Marie-Madeleine, F. Bourquelot, « Notice sur le cartulaire des Templiers de Provins », BEC, t. 19, 1858, p. 175.
3. Les témoignages fournis par les frères lors du procès s'accordent notamment sur le maintien de cette vocation, A. Demurger, Jacques de Molay, p. 132-133.
4. P. Amargier, « La défense », p. 498.
Sources : Damien Carraz - l'Ordre du Temple dans la Basse Vallée du Rhône - 2005. Lyon
Profitant de la minorité de Raymond Bérenger IV qui commença à régner sous la tutelle de sa mère, Garsende, Nice se déclara indépendante, et fut amenée à un nouveau traité (22 août 1210) avec le comte de Provence en présence du commandeur du Var, Raimond, de Laugier et de Rlacas de Carros, de Pons Fabri, commandeur des Templiers, de François de Pontevez, etc. Le parti indépendant ayant à sa tête Miron Badat repoussa la flotte génoise avec tant d'énergie, qu'il lui fit prendre le large.
En 1238, Raymond Bérenger, chez les Cordeliers de Sisteron, nommera Romée gadiateur de son testament. Celui-ci fera confirmer en 1239 Arnaud de Villeneuve, son neveu, dans la possession de Traus et des Ares, fera rentrer Arles dans le devoir, dictera des lois aux ambassadeurs de Gênes (1239), aplanira en 1242 certaines discussions entre le prévôt d'Antibes et le chapitre, et choisira Vence pour y vider un différend juridictionnel, entre un commandeur des Templiers et l'archevêque d'Embrun. - Les évêques de Vence, de Glandèves et de Sénez seront les arbitres.
Sources : L'Abbé Eugène Tisserand - Histoire civile et religieuse de la Citée de Nice et du Département des Alpes-Maritimes. Nice 1862
Maison du Temple de Nice
En 1176, Alphonse Ier, roi d'Aragon, devenu comte de Provence, marcha à son tour contre Nice ; mais, éclairé par la catastrophe de son prédécesseur, il se contenta de bloquer la place, qui, réduite par la famine, finit par capituler. Alphonse lui accorda paix, pardon, protection et confirmation à perpétuité du consulat, promettant, avec serment, de maintenir le municipe dans toute son intégrité. Les consuls, à leur tour et au nom des habitants, s'obligèrent à payer au roi 25,000 sols melgoriens pour frais de guerre, et un tribut annuel de 2,000 sols de la même monnaie, pour droit d'albergue. Plus tard, ce monarque permit aux consuls de renouveler avec la république de Pise leur alliance, qui datait déjà de soixante ans, et qui avait été jusque-là autant politique que commerciale. Ces concessions prouvent l'étendue des privilèges dont jouissaient les Niçards.
Dans ce dernier siège s'étaient distingués les frères Hospitaliers et les Templiers établis à Nice depuis 1135. Ces derniers occupaient, dans l'intérieur de la ville, un grand monastère voisin d'une rue appelée alors d'un nom grec, Seleya, aujourd'hui la Grand-rue. Ils possédaient en outre dans le territoire de Nice deux autres établissements : le premier, dont on reconnaît encore les ruines sur la colline « dei Serroi Soubranoi », au bord du Var, était destiné à secourir les voyageurs obligés de traverser ce dangereux torrent, qui coulait alors à travers de sombres forêts ; le second, situé au lieu qui porte toujours le nom du Temple, entouré de jardins délicieux, servait de maison de plaisance aux prélats, barons et seigneurs. Près de cet emplacement, au milieu de vertes prairies et de superbes ombrages, coule encore une fontaine à laquelle les Templiers ont laissé leur nom. On croit communément que ces eaux, qui fertilisent la campagne environnante, sont celles qui arrivaient à Cimiez par son aqueduc romain.
Un troubadour du IIIe siècle, qui a chanté la source du Temple, nous apprend, avec Tacite, que Julie Procille, mère d'Agricole, s'y était retirée au temps des guerres civiles, et qu'elle y fut faite prisonnière par les troupes d'Othon. La villa des Templiers existe encore en partie dans la propriété des héritiers Massiglia. On y retrouve l'oratoire, une portion des murs de cage et de vastes souterrains.
Sources : Revue Contoporaine Neuvième année - 2e série - Tome Quizième - Paris 1860.
Ce dernier siège avait mis en relief le courage des Templiers, établis à Nice depuis 1135. Ils occupaient dans la ville un vaste monastère voisin de la rue Seleya, et dans la campagne deux maisons, l'une hospitalière, l'autre toute de plaisance. La première, dont on reconnaît encore les ruines sur la colline « dei Lerroi Soubranoi », au bord du Var, était destinée à aider et secourir les voyageurs au passage de ce dangereux torrent, qui traversait alors d'épaisses forêts. La villa, située au lieu qui continue à porter le nom de « Temple », entourée de jardins délicieux, servait aux plaisirs des prélats, barons et seigneurs. Près de là, au milieu de vastes prairies et de superbes ombrages, coule encore une fontaine à laquelle les Templiers ont laissé leur nom.
La villa des Templiers étale encore ses ruines dans l'héritage des Massiglia.
Sources : Joseph Napoléon Fervel - Histoire de Nice et des Alpes Maritimes - Paris 1802
Les Templiers étaient à l'apogée de leur gloire. Ils se trouvaient seigneurs souverains dans les pays qu'ils avaient créés, et pour y attirer des habitants, ils leur accordaient de larges libertés, comme le prouve la charte par laquelle ils donnent aux habitants de Saint Martin-d'Entraunes, en 1187, le droit d'élire leurs consuls et de s'administrer par eux-mêmes, moyennant le paiement des redevances féodales. Toutes les communes soumises aux abbayes ou aux évêchés eurent une large part à cet élan de liberté qu'imprima le traité de Nice.
Alphonse-le-Jeune étant venu à Nice, le 7 novembre 1188, pour renouveler le traité de 1176, avait pris son logement dans la magnifique commanderie des Templiers.
Sources : L'Abbé Eugène Tisserand - Histoire civile et religieuse de la Citée de Nice et du Département des Alpes-Maritimes. Nice 1862.
Raimond de Villeneuve, dominicain, qui avait souvent prêché à Grasse, fut promu au siége de cette ville. - Il inaugura son épiscopat par une transaction avec Geoffroy de Grasse, commandeur des Templiers de Nice, Grasse et Biot (district d'Aix). L'évêque de Vence, Guillaume, et Rostang de Rostang de Scopis, grand commandeur de la province d'Aix, sont choisis pour arbitres (3 janvier 1246). L'acte se passe à Antibes, dans le palais curial de l'église Ste-Marie, sous le portique.
Sources : L'Abbé Eugène Tisserand - Histoire civile et religieuse de la Citée de Nice et du Département des Alpes-Maritimes. Nice 1862.
Maison du Temple de Nice
Les Génois aident le roi d'Aragon. Les Pisans sont battus par l'amiral génois, Ogier de Vinto, à la hauteur d'Antibes (1170), pendant que le roi Alphonse, avec une courageuse persévérance, et habitué à cette guerre de montagnes, conquiert, l'un après l'autre, les forts et les châteaux, et se fait reconnaître dans l'Assemblée des Etats, à Aix. Seulslc comte de Forcalquier et le dauphin de Viennois ne déposèrent pas les armes. Nice toujours serrée de près par les Guelfes génois postés à Villefranche et à Monaco, surveillait dans ses propres murs la faction opposée soutenue par l'évêque, qui demandait même au Saint-Siége (H 74) à ce que son évêché, distrait d'Embrun, fut rattaché à la métropole de Gênes nouvellement créée. Les Grimaldi, tout puissants à Gênes, avaient deux des leurs cardinaux. Grimaldi, leur frère, était amiral de Gênes et seigneur de Monaco et de Grimaud. Les autres Grimaldi avaient les évêchés de Fréjus, d'Antibes et l'abbaye de Lérins.
Sources : L'Abbé Eugène Tisserand - Histoire civile et religieuse de la Citée de Nice et du Département des Alpes-Maritimes. Nice 1862.
Les Grimaldi, tout puissants à Gène, avaient deux de leurs cardinaux. Grimaldi, leur frère, était amiral de Gène et seigneur de Monaco et de Grimaud. Les autres Grimaldi avaient les évêchés de Fréjus, d'Antibes et l'abbaye de Lerins.
Les Génois, qui régnaient en souverains jusqu'aux portes de Nice, venaient d'élever aussi à Mont-Olive, près de l'église Saint-Jean, une commanderie de Templiers. Ils se croyaient si solidement établis dans le comté de Vintimille, qu'ils avaient enfin donné à ce siège un évêque dont il était privé depuis 1160. Il se nommait Etienne.
Les Gibelins de Nice avaient donc tout sujet de trembler. En effet, au mois de juin de l'année 1176, le roi d'Aragon, aidé des Grimaldi, parut sur les bords du Var. Il menait avec lui ses frères, Sanche et Raimond Bérenger ; Arnaud de Villeneuve, réconcilié avec son parti ; le sieur Blacas d'Alluis, Arnaud de Palara, Guillaume d'Alcara, Boniface de Castellane, autre Blacas de Sisteron et Pierre son frère, Porcelet d'Arles, Raimond de Cambord, Bérenger de Sainte-Eugénie, Guillaume d'Ese, Rodrigue de Callian et Raimond de Grasse. Les consuls Pierre Riquier et Bertrand Badat s'étaient retranchés fortement en attendant les secours de Pise. - Parmi les braves défenseurs de la cité, on voyait les Raimbaud, Fouque Astingue, P. Raibaudi, Guillemite, G. Ricardi, Pierre Badat, G. Milon, P. Niger, F. Raibaud, Alde Brandis, G. Adalguer, Bérenger Assalite, B. Doriac, G. Raginaud, Gantelme de Cambas-Longa. - L'armée aragonaise suivit l'ancienne voie romaine de Carras et de Saint-Augustin, et cerna bientôt la ville du côté du Paillon, tandis que la flotte tenait éloignés les navires de Pise. La résistance parut bientôt impossible, le peuple murmurait, les vivres manquaient. Il fallut se livrer à la merci du vainqueur, et lui envoyer des députés. Le roi d'Aragon, en homme habile, comprenant qu'on subjugue par la clémence, oublia son ressentiment pour faire, contre toute espérance, les concessions les plus larges aux Niçois. Le 8 juin, tous ceux que nous avons nommés plus haut, et de plus Roger, prieur des Hospitaliers de Saint-Jean ; Pierre du Broc, Raimond de Malaussène, Elie et Amic frères, hospitaliers; Hugues Gioffredi, commandeur des Templiers, se rendirent au camp du Var, et signèrent le traité suivant :
« Au nom de Dieu, faisons connaître à tous, que nous Alphonse, roi d'Aragon, par la grâce de Dieu, comte de Barcelone et marquis de Provence, avec nos frères Raimond Bérenger et Sanche, d'après l'avis de notre cour, de bonne foi et sans fraude, nous accordons et rendons la paix et notre bon vouloir plein et entier, avec rémission de toute peine civile et criminelle aux consuls et à tous les citoyens de Nice présents et à venir; nous leur accordons et confirmons le consulat avec toutes ses justices et sentences, tant des causes criminelles, que pécuniaires et civiles; le pouvoir perpétuel d'élire leurs consuls et magistrats ; nous leur confirmons les coutumes, us, privilèges qu'ils ont eus et qu'ils auront; en même temps ceux que possède ou peut posséder ladite université ou quelqu'un des citoyens de ladite ville de Nice. Pour ce, nous acceptons d'eux vingt-cinq mille sous melgoliens; ils donneront deux mille sous de la même monnaie à nous et à nos successeurs pour droit d'albergue. Ils donneront cent hommes tout équipés quand nous ferons des cavalcades depuis le Var jusqu'à la Siagne, et cinquante seulement de la Siagne au Rhône. Mais pendant les dix années qui suivent, jusqu'à ce que la paix soit bien établie, ils ne seront tenus de donner des hommes ni ici, ni là, et ils ne devront que les cavalcades ordinaires de l'évêque de Nice. Nous leur accordons ces privilèges sauf notre droit et celui de nos successeurs. En foi de quoi, le seigneur roi baisa sur la bouche les deux consuls de Nice, Pierre Riquieret Bertrand Badat, ce qui était la plus haute marque de considération et d'amitié. Suivent tous les noms des signataires. »
Sources : L'Abbé Eugène Tisserand - Histoire civile et religieuse de la Citée de Nice et du Département des Alpes-Maritimes. Nice 1862.
Prochainement sortie en librairie des "Templiers en Provence orientale" d'Edmond ROSSI, pour être averti de cet événement inscrivez vous dès à présent en contactant: edmondrossi@wanadoo.fr
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