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03/12/2013

LES VOLCANS DE LA COTE D’AZUR PEUVENT-ILS SE RÉVEILLER ?

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Rares sont ceux qui, en observant la réalité peu connue des volcans de la Côte d’Azur, ne se sont pas posés au moins une fois la question. Que peut-on attendre de ces volcans avec les moyens existants pour surveiller leur sommeil.?

Aujourd'hui, la Côte d’Azur avec plus d’un million  d’habitants ne peut ignorer la présence de ces structures géologiques, postées à ses portes.

En demandant si les volcans de la Côte d’Azur peuvent se réveiller on a peut-être tort. Il serait plus juste de se poser une question plus générale : "les volcans métropolitains peuvent-ils se réveiller ?". En effet, dans l'Hexagone le volcanisme est loin de se résumer à ceux de la Côte d’Azur et de l’Auvergne. Si cette dernière est prise en exemple avant toute autre province volcanique, c'est notamment pour la fraîcheur de ses formes et la richesse pédagogique qu'elle représente : elle expose une fantastique diversité de dynamismes éruptifs à travers les édifices qui la composent.
A priori, les volcans de la Côte d’Azur, comme ceux de la chaîne des Puys en Auvergne ne se réveilleront pas car ils sont monogéniques ! Cela signifie qu'ils se sont créés au cours d'une seule éruption et qu'ils ne rentreront plus en activité. En revanche, de nouveaux volcans au voisinage verront sans doute le jour : la dernière éruption remonte pour certains à moins de 10 000 ans et pour cette raison la région est considérée comme potentiellement active.

Si l'on devait vivre aujourd'hui un épisode volcanique sur la Côte d’Azur, Mandelieu, Cannes, Antibes, Biot, Villeneuve-Loubet et Cagnes seraient sans nul doute des sites à haut risque. Mais, à l'heure qu'il est, la science est incapable de dire précisément où et quand cela se produira. Dans ces conditions, il est difficile de savoir où placer un système de surveillance.

Lorsque le magma se fraye un passage pour remonter en surface, la roche encaissante est fracturée sous la contrainte exercée. Le magma provoque des séismes de faible puissance sur son parcours ascendant. Ce sont ces signes que les scientifiques sont en mesure de détecter et qui permettraient de donner l'alerte. Mais combien de temps à l'avance ? En outre, si cela se produisait au sein de ces agglomérations, l'activité humaine pourrait masquer les signaux précurseurs.
La complexité géologique de la région n'est pas encore totalement comprise. Certaines réponses sont encore inaccessibles aux techniques et au matériel de recherche actuels. Aussi est-il essentiel de poursuivre les études et de comprendre le passé de la région pour se préparer à un réveil futur de l'activité volcanique.
Sans faire de sensationnalisme, on peut dire que la France métropolitaine est potentiellement soumise au risque volcanique toutes proportions gardées face à des régions menacées aujourd'hui par des volcans actifs.

CONNAISSANCE DU PASSE VOLCANIQUE DE LA CÔTE D’AZUR

Les volcans de la Côte d’Azur vont-ils se réveiller un jour ? Où, quand et comment cela pourrait-il se produire ? Serions-nous prévenus à temps ? Des questions pas aussi grotesques que cela et qui, à l'heure actuelle, restent sans réponse... ou presque.
Les scientifiques tentent encore aujourd'hui de lever le voile sur le thème de l'activité volcanique en France métropolitaine.

Si l'on veut parler de risque, tout volcanologue vous dira qu'il faut d'abord définir ce terme afin d'éviter des confusions regrettables. En effet, on nomme trop souvent "risque" ce que l'on devrait qualifier d’aléa. L'aléa désigne le phénomène (coulée de lave, retombée de cendre, coulée pyroclastique, mélange de cendre, blocs de tailles diverses et de gaz à haute température...) tandis que l'évaluation du risque tient compte des populations et des infrastructures potentiellement menacées par ces aléas. Avant de s'intéresser aux risques encourus par les habitants de la Côte d’Azur il est donc nécessaire de s'interroger sur le type d'activité auquel on peut s'attendre.
Mais comment savoir ? Qui peut dire où, quand et comment l'activité volcanique se manifestera ? L'enquête revient aux scientifiques et leur meilleure arme est l'étude du passé volcanique de la région car c'est en connaissant l'activité passée que l'on peut recueillir des informations sur ce qui pourrait se produire à l'avenir. Si l'on sait comment a évolué le volcanisme sur la Côte d’Azur depuis ses débuts jusqu'à nos jours, peut-on prévoir à coup sûr ce qu'il sera dans le futur ? Malheureusement les choses ne sont pas aussi simples. En revanche, les informations recueillies permettent de retracer une évolution du volcanisme, dans le temps et dans l'espace. Ces éléments permettent ensuite de spéculer sur les différents scénarios concernant la reprise potentielle d'une activité volcanique dans la zone considérée.

La Côte d’Azur a connu des phases d'activité dont on a peine à imaginer la violence, en particulier dans le massif de l’Estérel.

Remontons le temps jusqu’à l’ère Primaire au Permien (-299 à -252 Ma) période caractérisée par l’explosion du Volcanisme.

A cette époque les distensions au sein de la croûte continentale se manifestent en Provence par un jeu de grandes failles orientées Est-Ouest qui forment des fossés d’effondrement. Ces grandes failles laissent échapper des coulées de laves et des nuées ardentes.
Une intense activité volcanique règne donc dans l'Estérel. D'importants édifices volcaniques rejettent de gigantesques coulées de laves, parmi lesquelles des productions émanant d'appareils volcaniques de type explosif, telles que les rhyolites.

Le plus important de ces volcans que l’on peut observer près de Mandelieu reste la caldeira de Maure Vieil.

Caractéristiques du stratovolcan de Maure Vieil

- Permien fin de l’ère Primaire) de 280 à 250 Ma

- phase de distension et mise en place d’un réseau dense de fissures Nord/Sud et Est/Ouest vers 280 Ma

- épisode volcanique de type rift continental Nord/Sud dans le Reyran pendant 50 Ma

– le massif de l’Esterel chevauche le socle hercynien entre Les Maures et le Tanneron

La fureur du volcan est apaisée et le calme est revenu sur la caldeira de Maure Vieil.

Devant un paysage aussi paisible, il est difficile d’imaginer le spectacle du volcan en activité.

Le Stromboli dans les Îles Éoliennes est une image actuelle de ce type de volcan : il explose et émet des laves pratiquement tous les jours. Les stratovolcans sont d’excellents témoins de l’activité magmatique. Ils cumulent en effet l’ensemble des phénomènes volcaniques: émissions de lave, explosions spectaculaires, projections pyroclastiques, déferlantes basales, nuées ardentes, périodes de repos, etc.

Maure Vieil a été un volcan hors norme : activité durant 50 Ma, émissions basiques et acides, projections pyroclastiques à grande distance (Plaine du Luc, Gorges de Pennafort), activités fluidale, explosive, pyromidale, pour terminer dans un final somptueux : explosion et effondrement pour créer la caldeira.

Maure Vieil est le témoin du grand volcanisme permien de l’Esterel. Différentes phases sont visibles sur le terrain :

- de la phase effusive il reste les coulées A5 au Col des 3 Termes et toutes les laves de la partie sud ouest;

- de la phase strombolienne il reste les gigantesques strates des déferlantes basales visibles dans la grande carrière, témoins de la violence des explosions, les brèches du Sommet Pellet;

- de la phase pyromidale calco-alcaline il reste la caldeira et des laves avec fluidalité.

La coulée A11 qui a formé le dôme est datée de 248 Ma La caldeira est le résultat de l’effondrement du toit de la chambre magmatique sous le poids du dôme.

La dernière manifestation est alcaline (A13 trachyte andésite) avec quelques necks au centre de la caldeira, des projections de cendres basiques et l’émergence de filons de fluorite. La coulée A13 est également présente à la Batterie des Lions à St Raphaël.

Dans les mers qui entourent les massifs volcaniques, se déposent des matériaux provenant de l'érosion du gneiss. Les sédiments de cet âge sont principalement rouges, ce sont des conglomérats, des grès et surtout des pélites, vases très fines mêlées à un faible taux de cendres (issues du volcanisme de l’époque). Ces pélites donneront les magnifiques formations rouges caractéristiques de cette époque dans les Alpes Maritimes comme le dôme de Barrot (gorges du Cians et de Daluis avec plus de 1000 m d’épaisseur), ainsi que la Vallée des Merveilles.

Dans l'Estérel, les grés sont colorés en rose ou en vert. L'altération de ces cendres volcaniques parfois mêlées de sable fin aurait donné les schistes rouges ou rouge violacé permiens. Ils affleurent dans une large bande qui apparait dans le massif des Maures, de Fréjus jusqu'à Toulon.

Plus près de nous, à la fin de l’ère Tertiaire à la période du Miocène (-23 à -5 Ma)

Un golfe marin s'étend encore dans la région au sud de Vence. La mollasse à pectens de Tourrettes sur Loup date de cette époque.

Pendant l’Oligocène-Miocène, se mettent en place des laves andésitiques. Au travers de tufs volcaniques et de brèches andésitiques, des témoins ont été retrouvés à Biot, Villeneuve Loubet, Antibes et au Cap d’Ail. Les andésites de Villeneuve Loubet ont été daté à 26 Ma.

Ces phénomènes volcaniques dits andésitiques (explosifs ou volcan gris) sont nés de la subduction d'une plaque sous une autre. Ils entraînent de nombreuses conséquences, comme des tremblements de terre et surtout la formation de plis et de failles.

Aujourd’hui, il semblerait que le village de Biot se situe sur un ancien volcan, ou qu’il se trouve près d'un volcan plus important immergé au large de la plage de la « Siesta ». Par ailleurs, on a retrouvé des roches volcaniques dans les terres avant la construction massive des habitats.

A l’est, le parc de Vaugrenier possède un sol composé en profondeur de tuf volcanique surmonté de marnes.

Signalons enfin des phénomènes récents à l’échelle géologique du Quaternaire, relevés par l’homme dans les annales historiques.

1612   « Ce qui ne fut ailleurs qu’une secousse sismique se traduisit en catastrophe dans le Val de Blore : une crevasse s’ouvrit dans le sol, des flammes jaillirent et brûlèrent le petit village de Saint Jacques, que l’on a reconstruit plus bas sous le nom de la Bolline avec St Jacques pour patron. Une dalle rustique marque l’emplacement du village disparu : “ Hic omnes disparuerunt recquiesant in pace - 1612 ” (P. Canastrier).

Un phénomène analogue, d’origine volcanique se produisit à la même époque sur le mont Raton, près de Beuil. Le savant Peyresc y fit prélever des fragments de lave vomie au cours de l’irruption.

Le passé éruptif de la zone est là pour témoigner de la nature de l'activité future si celle-ci devait reprendre sur la Côte d’Azur.

Une telle diversité ne renseigne pas sur le type précis de volcanisme susceptible de se reproduire dans la région (effusif, explosif ?...) mais réduit toutefois beaucoup les possibilités.

N’oublions pas que la région des Alpes du Sud est, de fait, une ancienne faille tectonique avec d’éventuelles conséquences sur l’activité volcanique. 

 

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