27/04/2010
QUEL PACTE POUR LES LOUPS ?
C'est le 5 novembre 1992 dans le vallon des Mollières situé sur la commune de Valdeblore au cœur de la zone centrale du Parc national du Mercantour que deux loups ont été vus pour la première fois en France, après la disparition totale de l'espèce.
Depuis, l'origine de ces prédateurs fait toujours l'objet de vives controverses: selon le ministère de l'Environnement, les loups sont arrivés naturellement d'Italie. Selon d'autres sources, proches des éleveurs, il s'agirait au contraire d'un « retour organisé », donc d'une réintroduction volontaire. S'il n'existe pas de certitude en ce domaine, les analyses génétiques réalisées par les professeurs Taberlet, Gielly et Bouvet à l'université de Grenoble en 1996, semblaient attester que les loups morts dans le Mercantour provenaient bien de la population italienne.
Italiens ou Azuréens, ces loups - espèce naturelle protégée- ont en tout cas causé de lourds dégâts dans les alpages. Ceux-ci peuvent être comptabilisés à partir des indemnisations dont bénéficient les éleveurs. Depuis 1993, plus de 8000 animaux auraient été tués et indemnisés dans les Alpes;.Maritimes, les Alpes-de-Haute-Provence, les Hautes-Alpes, le Var, l'Isère, la Drome et la Savoie. Selon un rapport de l'Assemblée nationale, les 208 attaques recensées en 1999 dans les Alpes-Maritimes avaient été systématiquement l'objet d'indemnisations: les éleveurs des A.-M. avaient alors perçu 140000 euros.
Le 26 mars 2004 aux portes du village d’Utelle, dans la vallées de la Vésubie à moins de 25 kilomètres de la Côte, bravant la peur des hommes pour mieux se nourrir un couple de loups égorgera quatre brebis et autant d’agnelets engloutis. L’explication de cette attaque audacieuse se trouverait dans les conclusions de l’enquête parlementaire rendue quelques mois auparavant : « La faune sauvage, mouflons, bouquetins, chamois, cerfs et chevreuils risque de disparaître à moyen terme. La population de mouflons est ainsi passée de plus de 1200 à environ 200 individus en quelques années du fait de la prédation du loup. »
De plus la sécheresse de l’été 2003 a accentué la diminution de la faune sauvage sans altérer la reproduction des loups.
En juillet 2004, la polémique atteint son paroxysme lorsque le Ministre de l’écologie et du développement durable autorise « à titre expérimental », « le prélèvement » de quatre loups dans l’arc alpin formé par les Alpes Maritimes, les Alpes de Haute Provence et les Hautes Alpes. Les gardes départementaux de l’Office national de la chasse préparent depuis leur mission d’élimination du loup.
Rappelons le long chemin de l’indemnisation des éleveurs ovins suite à expertises en cas de doute, mais écartée lorsque les cadavres ne sont pas retrouvés. Le barème s’échelonne de 83 à 304 € par tête, d’un agneau à un bélier . En 2003, 225 attaques ont été indemnisées pour 967 victimes (342 attaques et 1574 victimes en 2002), début juillet 2004, 168 attaques étaient déclarées…
En guise de conclusion, nous présenterons l’opinion pleine de bon sens d’un ami des bêtes dont la pratique et les connaissances ne peuvent être mises en doute.
Voici ce qu’il répondait à une lectrice, à l’occasion d’une de ses nombreuses chroniques sur la vie animale.
Il y a déjà quelques années, lorsque le loup réapparut en France, la polémique se déchaîna entre bergers aux troupeaux menacés et militants écologistes. De nombreuses solutions ont été proposées, aucune apparemment encore adoptée. Qu'en pensez-vous ?
Mme T.M., Saint-Martin-Vésubie
Mon opinion n'a pas changé depuis le retour du canidé sauvage dans des contrées d'où nos aïeux avaient mis des siècles à le faire disparaître.
J'avais d'ailleurs dans cette rubrique répondu à des lectrices partageant mon émotion sur le sujet, m'attirant du coup les foudres de spécialistes autoproclamés émérites. Et votre lettre chère lectrice tombe bien, parce que j'ai récemment vu une séquence télévisée où un écolo érudit et barbu, jeune mais bourré de convictions discutait avec un vieux berger dont quelques dizaines de brebis avaient disparu. Il lui expliquait, au milieu d'un troupeau sur le qui-vive, la beauté de ce spectacle exaltant qu'est celui du loup évoluant dans son espace naturel. C'est-à-dire dans celui des moutons.
Le vieux berger, sans doute pas diplômé mais héritier du savoir de plusieurs générations de bergers comme lui, et qui n'avait pas lu le manuel du parfait écologiste, écoutait avec une stupéfiante patience les élucubrations du théoricien de la nature.
La scène, Madame, m'a vraiment frappé, tant elle illustrait l'inconséquence de pseudo-scientifiques prétendant refaire le monde en oubliant qu'il est aussi habité par l'homme. Lequel a pourtant de nombreux millénaires de vie commune avec notre terre, dont il sait que l'équilibre naturel ne passe pas nécessairement par la loi de la jungle.
Docteur Beck, Vétérinaire
*Extrait de la chronique « ANIMAUX » de « Version Femina Nice Matin » du 16 novembre 2003, à nouveau, le 22 mai 2005, Extrait de la chronique « ANIMAUX » de Nice Matin :
Les loups qui ont fait pousser de hauts cris. lors de leur apparition dans 1e Mercantour et ailleurs semblent aujourd'hui bien acceptés. N'est-ce pas un remarquable retour à l'équilibre naturel ? Qu'en pensez--vous?
M. G.C., Nice.
Je me garderai, Monsieur, d'intervenir encore dans une polémique apparemment stérile. Mais votre lettre, par ailleurs fort aimable, n'est pas dénuée d'un certain triomphalisme quant à cette présence. Lorsque le sujet fut naguère abordé dans ce courrier en réponse à une lectrice inquiète, vous fûtes de ceux qui blâmèrent mon
pessimisme. Aujourd'hui les années ont passé mais le constat reste le même. Remarquable retour, dites-vous, à l'équilibre naturel ? De quel équilibre s'agit-il ?
La paysannerIe française, qui a représenté dans notre histoire la richesse essentielle de la nation, a mis plusieurs siècles pour bouter le loup hors de nos frontières; non pour le plaisir de le massacrer, mais pour que les exploitations souvent modestes puissent survivre. Bien sûr ne parlait-on pas encore d'écologie, n'agitait-on pas de calicots, et certains malins n'utilisaient ce combat quotidien que comme tremplin à des ambitions personnelles. Le bon sens du paysan qui connaît mieux que personne la. nature et l'environnement voyait dans le loup, au quotidien, un ennemi implacable qu'il était vital d'éloigner.
Et voilà notre loup miraculeusement présent dans notre magnifique arrière-pays.
Ouf ! Enfin l'équilibre est rétabli ! Certes, quelques centaines de brebis sont égorgées alentour, mais qu'importe ! Leurs propriétaires, au cœur présumé sec, sont indemnisés. Par l’état, c'est-à-dire par vous et nous. Alors, qu'ils soient des Abruzzes ou d'ailleurs, vive 1es loups ! Mais malgré mon humeur, on ne me fera hurler avec eux, ni avec leurs, contempteurs.
Docteur Beck, Vétérinaire
Sans vouloir faire à tout prix le procès du loup, ni faire citer à la barre ses nombreuses victimes posthumes comme la célèbre blanche « Chèvre de Monsieur Seguin », malheureuse éprise de liberté, dévorée selon Alphonse Daudet, après une farouche résistance, avouons que la cohabitation a de tout temps était impossible entre le loup et les ongulés domestiques et sauvages.
.Notre ultime propos sera de souhaiter et d’espérer une issue sereine à ce difficile débat, mais comme l’a dit Schopenhauer « la vérité est fille du temps».
D’après «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
Le loup est de retour en France et plus exactement près de nous, dans le Parc du Mercantour et les Alpes du Sud.
Ce « grand méchant loup », cauchemar de nos nuits d’enfant, traînant dans la mémoire collective des générations de « mères-grand » et de « chaperons » dévorés tout cru, revient cette fois sur notre territoire nanti du statut intouchable d’espèce protégée par le Conseil National de la protection de la nature et la Convention de Berne.
Réhabilité et qualifié de « prédateur indispensable à la chaîne alimentaire et aux rétablissements des équilibres naturels », le voici blanchi de tous ses crimes passés et à venir et toléré aux portes de nos villages.
L’homme encore une fois a décidé du destin de la bête avec sa propre logique.
Pourtant, les souvenirs laissés dans la mémoire de nos aïeux ne sont pas tendres et méritent qu’on s’y arrête.
Les Alpes Maritimes ou « Pays d’Azur », nées de la rencontre des Alpes et de la Provence, offrent un cadre exceptionnel fait de vallées aux forêts sauvages et de villages perchés aux traditions vivaces.
Edmond Rossi, auteur niçois de différents ouvrages sur le passé et mémoire de sa région, présente ici une trentaine de récits recueillis dans les annales de la Provence orientale et du Comté de Nice.
Témoignages authentifiés touchants de vérité, ces textes évoquent les péripéties du loup, dans ce vaste territoire.
Parfois issus d’une tradition orale qui se perpétuait jadis aux veillées, ces contes portaient le plus souvent sur des faits réels, auxquels nos anciens se trouvaient mêlés.
Partons sur la piste mystérieuse de ce grand perturbateur que l’imagination populaire a toujours travesti familièrement de ses propres fantasmes.
A travers les « Histoires de loups au Pays d’Azur » retrouvez les contes de jadis, cette vieille magie des mots qui vous emmène au pays du rêve et de l’insolite.
Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur
http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com
15:58 Publié dans TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
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