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10/09/2008

LA COMMANDERIE DE RIGAUD DANS LE HAUT PAYS (2éme partie)

Rigaud est donc au départ une place militaire, située en bordure de la baronnie de Beuil.

Elle jouera un rôle actif en 1275, lorsque Charles d’Anjou devra mater la révolte des seigneurs de Beuil et s’emparer de leur fief.

Si l’Ordre prospère ensuite, les membres de la commanderie de Rigaud, comme les autres, restent pauvres en apparence, les frères ne possédaient à la saisie de 1308 que quelques objets et instruments de première nécessité.

Au moment de la suppression de l’Ordre, la commanderie  possédait à Rigaud une part de la seigneurie, une maison assez importante, 1/30éme du droit de fournage et ¼ des droits de ban, il y détenait 101 tenures et y recueillait 93 services.

L’inventaire de la saisie des biens templiers du bailliage de Puget-Théniers permet ici, une meilleure connaissance des possessions réelles, dépendantes de cette commanderie du Haut Pays.

Le 13 avril 1269, le commandeur de la maison du Temple de Rigaud Jean Olier, dénonce comme « nouvel œuvre » la construction à Biot, par ordre de l’évêque de Grasse Dominique, d’un four à pain.

L’acte établi à Biot est le seul à faire référence à la commanderie de Rigaud, avant celui dressé à  l’occasion de la saisie de 1308. Cette carence d’archives, sur plus d’un siècle de présence de l’Ordre dans la région, explique les supputations souvent établies à partir des seules données aléatoires de l’archéologie.

A Rigaud les tenanciers étaient divisés en deux groupes, les tenanciers inférieurs et ceux libres, 80 services sur 101 étaient assurés par des tenanciers inférieurs.

Il en était de même pour la moitié des tenures relevant de cette commanderie.

Les tenanciers inférieurs devaient leurs services pour des biens de caractère servile. Ces « hommes du Temple » donnaient généralement trois fois plus d’argent à l’Ordre, qu’un tenancier libre de condition supérieure (seigneur, chevalier, notaire, prélat). Le caractère servile des « hommes du Temple » apparaît plus évident lorsqu’on apprend que leurs services sont personnalisés et leurs biens repris par le commandeur en l’absence d’enfants «  procréés par eux » (tenures mainmortables).

Les 473 cens et services en argent perçus dans le bailliage de Puget-Théniers, s’élevaient à 21 livres.

Rigaud rentrait dans cette somme pour 8 livres, Touët pour 2, comme Les Mujouls, Annot pour 1, La Penne pour 1 livre, Méailles, Cuébris et Collongues pour 10 sous chacun etc…Les redevances en nature consistaient en blé (23 setiers), avoine (8 setiers ½). Il est admis que les collecteurs percevaient les droits dans chaque localité au moment du terme.

La commanderie de Rigaud cultivait l’olivier dont  l’huile était conservée dans des gourdes. S’y récoltait également des figues, séchées dans des « souléaïres », ces vastes greniers séchoirs ouverts sous les combles qui accueillent encore les récoltes à Touët et Rigaud.

Peu d’armes ont été saisies en 1308 dans la maison de Rigaud : 1 baliste, 1 casque et 1 bouclier, ce modeste inventaire révèle la vocation essentiellement agricole du Temple à une époque pacifiée.

Le procès verbal des officiers de la cour de Puget-Théniers signale le siège de la commanderie à Rigaud, comme une modeste bâtisse recouverte d’un toit de bardeaux, avec deux pièces en rez-de- chaussée (cuisine et chambre), deux au sous-sol (l’étable et le cellier) et une cour dite  « aula ».

J.A. Durbec indique que cette construction médiévale, aux murailles épaisses, subsiste encore avec un rez-de-chaussée et un sous-sol (écurie, cave, citerne) ainsi qu’une cour. La tradition populaire attribue respectueusement ces vestiges aux seigneurs du lieu, sinon aux Templiers. A remarquer derrière l’église, deux belles maisons de style gothique avec au rez-de-chaussée de larges voûtes en arcades, ces nobles demeures semblent postérieures  à la présence du Temple.

C’est le 24 et 25 janvier 1308 que Bertrand Agnani, baile, Rostand Giraud, juge, Pierre Colombier, sous-clavaire, Hugues Raimond et 4 sergents de la Cour de Puget-Théniers se transportèrent à la maison de Rigaud.

Ils la trouvèrent abandonnée, les frères, sans doute alertés, avaient quitté les lieux pour éviter l’arrestation.

Le neveu du Templier étant absent, ils désignèrent Guillaume Michel de la Rochette pour assister comme témoin à l’inventaire de la maison.

Les enquêteurs inventorièrent :

Dans la cuisine : une table, deux bancs, un pétrin, un placard pour écuelles, trois chaises, trois candélabres de bois, une paire de chenets, une crémaillère, une hache pour fendre le bois, une dame- jeanne, un pot à eau, deux petits pots en étain, une poêle, un chaudron en cuivre, une écuelle de bois, sept pots en bois, un mors en fer, sept instruments de bois, deux cuillères en bois, huit petites cuillères, un mortier en pierre et trois pilons en bois.

Dans la cour ils notèrent : une tonnelle, une corbeille, un banc, un escabeau, une pelle.

Dans la chambre ils trouvèrent : deux paillasses dont  une remplie de paille, trois couvertures, un édredon, trois coussins de plume, trois draps de lit.

Raymond Brun et Guillaume Constantin sont nommés gestionnaires provisoires des 93 services de Rigaud.

La chronologie des dates fournit ensuite l’itinéraire suivi par la Cour de Puget-Théniers, pour aller recueillir les dépositions de tous les tenanciers du Temple, dispersés dans des localités isolées des diocèses de Glandèves et Nice.

Compte tenu des difficultés de circulation sur les sentiers enneigés en cette saison, certaines déclarations de censitaires, comme à Saint-Dalmas-le-Selvage et Montblanc, ne seront enregistrées que le 25 février.

Dans chaque village des administrateurs provisoires sont choisis parmi les notables locaux.

On recense ainsi à :

- Touët sur Var, visité le 26 janvier, 38 services et une maison dépendance, confiés à Pierre Michel et Jacques Griffon ;

- Tournefort, les 27 et 28 janvier, avec 15 services, confiés à Jausserand Gaudin et Lions Grégoire ;

- Villars, le 28 janvier, avec 3 services, à Pierre Aufan et Rostang Marquet ;

- La Penne, le 28 janvier, avec 29 services, à Raimond Quarente et maître Pierre ;

- Ascros, le 28 janvier, avec 11 services, à Pierre Ason et Rostang Cabrier ;

- Cuébris, le 31 janvier, avec 17 services et une maison à Guillaume Maurin ;

- Les Mujouls, le 1er février, avec 24 services, à Etienne Beaud et Raymond Beysse ;

- Collongues, le 1er février, avec 17 services, à Salvagnus Audebert et Raimond Geoffroi ;

- La Rochette, le 1er février, avec 2 services, à Jean Blancard ;

- Saint Pierre de Puy Figette, le 3 février, avec 15 services, à Guillaume Autrand ;

- Villevieille, le 3 février, avec 30 services, à Raimond Dalmas et Geoffroi Melossus ;

- La Cez (Glandèves), le 4 février, avec 3 services, à Jean Rolland ;

- Entrevaux, le 4 février, avec 23 services et une maison ;

- Le Fugeret, le 5 février avec 2 services, l’ensemble à Raimond Senechier et Guillaume Vincent ;

- Méailles, le 5 février, avec 14 services, à Boniface Salvagnus et Jacques Bonnet ;

- Saint Benoit, le 6 février, avec 25 services, à Guillaume Gibelin et Isnard Guarat ;

- Braux, le 6 février, avec 10 services et une maison, à Bertrand Dosol et Pierre Picheri ;

- Guillaumes, le 7 février avec 21 services et une maison, à Franc Abelluani et Michel Guigoni ;

- Saint Sauveur, le 8 février, avec 1 service, à Raimond ;

- Saint Etienne, le 8 février, avec 1 service, à Olivier ;

- Puget-Théniers, le 8 février, avec 3 services et une maison, à Innocent ;

- Saint-Dalmas-le-Selvage, le 26 février, avec 23 services, à Jean ;

- Montblanc, le 26 février, avec 3 services à Raimond.

De nombreuses localités de la vaste commanderie de Rigaud sont encore porteuses de monuments, de vestiges ou de légendes attribués aux Templiers par la tradition. Aucune information ne sera négligée et pour démêler le vrai du faux, nous allons parcourir chaque vallée de ce territoire intérieur riche de sites encore hantés par la mémoire des chevaliers au blanc manteau à la croix pattée.

D’après «Les Templiers en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Reconnu comme le département de France le plus pourvu en possessions templières, les Alpes Maritimes conservent encore de multiples et intéressantes traces de la présence au Moyen-Age de ces fiers chevaliers.

Quel fut le rôle des Templiers, très tôt installés dans cette région entre mer et montagne ?

Que connaît-on des chroniques oubliées et des règles secrètes de l’Ordre du Temple ?

Par ailleurs, quel crédit accorder aux légendes relatives à leurs trésors cachés ?

Enfin, quels monuments et vestiges portent encore l’empreinte des chevaliers « de la croix et des roses » ?

Les Templiers inspirent d’abord l’image glorieuse de moines soldats se jetant la lance ou l’épée au poing, pour défendre ardemment les lieux saints, à l’époque des croisades.

Par la suite, ce tableau avantageux se nuance, avec l’évocation de leurs richesses, pour s’obscurcir enfin dans l’épaisseur du mystère, avant de n’être plus éclairé que par les sinistres lueurs des bûchers où s’achève l’épopée des frères du Temple, accusés d’hérésie.

Auteur de divers ouvrages traitant de l‘Histoire des Alpes Maritimes, Edmond Rossi, niçois passionné par le passé et la mémoire d’une région qu’il connaît bien, nous entraîne dans une attentive et fascinante découverte des annales et des sites toujours hantés par l’ombre des chevaliers au blanc manteau à la croix rouge.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

 

08:57 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

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