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20/08/2008

ROQUEBRUNE:DU CHANT DES SIRENES AUX MYSTERES DE LA PASSION

Il y a bien longtemps, les jeunes hommes de Roquebrune se laissaient attirer par le chant des sirènes montant de la mer. Sensibles aux appels charmeurs de ces créatures de rêve, les malheureux captivés les suivaient jusque dans l’écume avant de disparaître, engloutis par les flots. Se sentant impuissante face à ce sortilège, une jeune fille du lieu décida d’aller implorer la Vierge pour lui demander d’épargner son fiancé. Chemin faisant, elle rencontra une vieille femme qui lui donna trois brins de genêts. Il en poussa trois genêts qui se multiplièrent en dix, puis cent genêts formant une haie piquante aux fleurs jaunes parfumées, barrant irrémédiablement l’accès vers la mer.

Les sirènes dépitées, voyant leur pouvoir annihilé par cet artifice, décidèrent d’utiliser un suprême maléfice. Cette fois, elles attirèrent le village entier vers la côte en le faisant glisser sur la pente.

Roquebrune et ses habitants furent miraculeusement arrêtés par les buissons de genêts au grand dam des ensorceleuses naïades.

Depuis cet épisode, sérieux et fidèles les hommes de Roquebrune évitent la plage où s’exposent aujourd’hui encore les belles étrangères.

Roquebrune se souvient de cette lointaine année 1467 où la peste décimait le Midi. L’épidémie était aux portes du village, lorsque les habitants décidèrent de faire une neuvaine à la Madone. Pieds nus, ils processionnèrent le 28 Juillet jusqu’à la chapelle de Notre-Dame-de la Pausa, à l’extérieur du village. Le neuvième jour, le 5 Août, le fléau s’arrêta brusquement.

En signe de reconnaissance, la population fit le vœu de se rendre à cette date, chaque année, en procession jusqu’à la chapelle de la Pausa. Le cortège débute à l’église paroissiale Sainte Marguerite et parcourt les ruelles de Roquebrune en célébrant pour cette occasion les mystères de la Passion en autant de tableaux vivants. « Dans le pittoresque d’une fidèle reconstitution historique, dans le chatoiement, le clinquant, les couleurs vives des costumes et des uniformes d’époque, dans un grand concours d’affluence, où le curieux, le profane et le religieux, l’indigène et l’étranger se pressent, s’agglomèrent, s’agrippent aux parois des ruelles étranglées.

Pour interpréter ce drame, ils sont 150 acteurs amateurs qui, depuis 1467, se transmettent les rôles de père en fils ou en cousins. Du parvis de l’église Sainte Marguerite, ils sortent le masque empreint de gravité, solennels, les uns farouches, les autres dolents, les uns cyniques, les autres éplorés.

Ces hommes et ces femmes transfigurés n’appartiennent plus à notre temps, mais à l’imagerie ; ils animent des tableaux de maître. Ainsi, ils vont jusqu’à la chapelle de la Pausa, mimant tous les cinquante pas le tableau dont ils sont les protagonistes.

La procession de Roquebrune n’a pas l’éclat grandiose des processions Sévillanes ; elle a mieux : le cachet des bas reliefs. » (D’après Mario Brun, Nice Matin).

Figurent dans ces scènes Sainte Marguerite, des jeunes gens en costume médiéval, des légionnaires romains, tous les habitants du village. De place en place, le cortège s’arrête et des scènes de la Passion du Christ sont mimées par ces Roquebrunois qui, fréquemment, ont hérité d’un rôle précis, transmis de génération en génération : le Jardin des Oliviers, le Jugement du Christ, la Flagellation, la Présentation au peuple, la Montée au calvaire, la Crucifixion et la Mise au tombeau. Dans ces deux dernières saynètes, le Christ est représenté par une statue processionnelle portée par des assistants.

Sous le soleil éprouvant du mois d’Août, tous les ans ainsi depuis cinq siècles, cent cinquante Roquebrunois sont acteurs de cette célébration. Qu’ils soient croyants ou libres penseurs, ils restent profondément attachés à cette ancestrale coutume, témoignant d’une ferveur grandiose et émouvante.

D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.

Avec les "Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes", Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur le passé de son pays, nous offre un recueil d'une centaine de relations confondant la vérité historique et l'imaginaire de la légende.

Pour tous ceux qui désirent connaître non plus une Côte d'Azur artificielle mais une terre de culture et de mémoire, ce recueil constitue une promenade originale puisée aux meilleures sources.

Les Alpes Maritimes possèdent un particularisme né d'un isolement géographique, terre de contraste. Elles offrent une tradition enracinée dans un passé fertile en anecdotes souvent ignorées.

Merveilleux voyage que ces récits qui vont des légendes des origines aux chroniques d'un millénaire de défis naturels, se poursuivant vers des villages du bout du monde pour y traverser un passé où se croisent les silhouettes d'illustres personnages et l'ombre inquiétante des sorcières.

Laissons nous conduire dans les coulisses secrètes de ce théâtre factice qu'est la Côte, vers l'intérieur de ce pays d'Azur, à quelques pas du littoral, pour en découvrir et en pénétrer l'âme.

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

 

08:04 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

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