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27/08/2006

AVEC LE DIABLE A NICE

AU CHATEAU DE NICE : LE PUITS DU DIABLE 

En 1950, la municipalité de Nice décida la construction d’un ascenseur reliant les Ponchettes à la plate-forme méridionale du Château, en utilisant un ancien puits. Il s’agissait du fameux Puits du Diable, chargé d’Histoire et de Légende, considéré alors par les Niçois comme «la huitième merveille du monde », selon l’historien et chroniqueur Paul Canestrier qui en étudia le passé.

Cet auteur rapporte qu’en 1517, Charles III duc de Savoie, prolongea l’enceinte fortifiée du Château et de la Citadelle de Nice jusqu’au  bord de la falaise sud allant de la pointe de Rauba-Capeù jusqu’à celle des Ponchettes. On bâtit alors, au-dessus des Ponchettes, une grosse tour ronde, «la Tour Bellanda » dont la partie basse sert aujourd’hui de belvédère privé. Pour parer à l’insuffisance d’eau de la Citadelle, le gouverneur de Nice Ludovic de Malingre, résolut de creuser dans le roc un puits large et très profond, plongeant au-dessous du niveau de la mer. En 1518, c’était une entreprise d’une audace inouïe.

Un paysan de l’Ariane, le sourcier Millo, sa baguette de coudrier en main, interrogea les entrailles de la colline du Château et ne tarda pas à repérer un point d’eau souterrain.

Il affirma au gouverneur qu’en forant profondément à l’endroit qu’il marquait, au-dessus des Ponchettes, on trouverait une source suffisante, sans cependant descendre au-dessous du niveau de la mer. Le gouverneur donna des ordres en conséquence. L’ingénieur Bergante dirigea les travaux.

Les premiers sondages révélèrent une couche d’argile, ce qui donna confiance. Puis on ne trouva que roc. On avait déjà perçait jusqu’à 50 mètres de profondeur.

Les moines du couvent de Saint-François voyaient ces travaux d’un mauvais œil. Tous les matins, plusieurs d’entre eux montaient dans la Ville Haute, conduisant de petits ânes chargés de tonnelets pour vendre, de porte en porte, l’eau si appréciée de leur puits de « San Francès ». Cela rappelle encore le «bon padre » de Cimiez qui vers 1900, descendait le matin, à Carabacel, avec son bourricot aux banastres pleines d’appétissantes salades de «mesclun ». Le nouveau puits menaçait les moines de « San Francès » dans leur clientèle.

Ils présentèrent Millo à l’évêque, comme un sorcier, un messager du Diable, ajoutant que le puits creusé ne donnerait jamais de l’eau et servirait de repaire aux diablotins cornus, au méchant démon  Gorgon à l’affreuse tête de bouc. L’évêque insista auprès du gouverneur pour arrêter les travaux.

Le gouverneur résistait. Et voilà qu’un ouvrier remonta du puits épouvanté !

Il tremblait de tous ses membres. Il avait vu, au fond du puits, le démon Gorgon, sa tête hideuse de bouc dégouttante de sang, les yeux exorbités, avec des cornes immenses.

Aussitôt, la population  assiégea la maison de l’évêque, le supplia de faire combler ce maudit Puits du Diable, de poursuivre Millo, coupable du crime de sorcellerie. Harcelé par la populace et les moines, l’évêque dut se résigner à aller, en compagnie du vénérable chapitre de la cathédrale Sainte-Marie, sommer le gouverneur de combler le puits et de lui livrer Millo.

Il dut exorciser le puits d’où l’on remonta, en effet, la tête hideuse de Gorgon, ce qui excita encore la fureur de la foule et déchaîna le plus épouvantable des charivaris.

Pour calmer l’effervescence populaire, le gouverneur suspendit les travaux, fit arrêter Millo, sa femme et sa fille. Au moment précis où la jeune fille franchissait la porte de la Citadelle, une eau limpide, fraîche, d’un débit considérable jaillit du fond du puits. La population exulta. Millo, sa femme et sa fille furent portés en triomphe.

Le puits conserva néanmoins, dans le langage populaire, le nom de Puits du Diable, «lou pous daù diaou ».

On sut plus tard qu’un franciscain avait jeté dans le puits la tête d’un vieux bélier à peine abattu, pour faire croire à la présence du démon Gorgon.

Ce récit est consigné dans d’anciennes chroniques niçoises.

Le Puits du Diable fut comblé de décombres en 1706 lorsque le duc de Berwick fit raser le Château de Nice. Le Génie le fit déblayer sous la Révolution. Puis on y trouva les preuves matérielles de tant d’infanticides qu’on fit boucher l’ouverture par une voûte en 1830.

Négrin rapporte qu’en 1860, du chemin des Ponchettes, on voyait, dans le rocher, au niveau du fond de ce puits, une excavation toujours pleine d’une eau réputée «la meilleure de Nice ». Il paraît même que  plusieurs filets de cette source sourdent à quelques brasses de la grève des Ponchettes et qu’au milieu de l’onde amère, là où des globules d’air indiquent des bouillonnements, on peut puiser une eau potable.

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