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13/03/2006

DIABLE

QUAND LE DIABLE S’EN MÊLE (1ère partie)
 
 
Dans les Alpes Maritimes, comme ailleurs, les anciens avaient l’obsession du Diable et de ses séides. L’Eglise leur prodiguait ses mises en gardes contre les intrigues du Démon avec tout un arsenal de prières spéciales, de bénédictions d’exorcismes et de sacrements encore valables de nos jours. Les prédicateurs,  tout spécialement les Franciscains, attisaient cette peur du Diable.
Le peuple, en qui survivait le souvenir inconscient des divinités païennes du foyer et de la nature, associait au Diable de nombreux êtres mystérieux personnifiant des forces occultes. Ces mauvais esprits, les «cousses », les «mascas » et leurs auxiliaires humains, les sorciers, infestaient les hauts lieux solitaires et les passages dangereux de la montagne.
Le Diable, éternel tourmenteur, élaborait la grêle et les ouragans qu’il  déversait ensuite sur la campagne. Ses aventures les plus effarantes, ses exploits les plus troublants trouvaient échos dans les récits racontés le soir à la veillée.
On croyait aux possessions démoniaques où le Diable, après s’être insinué dans le corps des gens, leur faisait accomplir des prouesses extraordinaires, parler des langues inconnues, deviner des secrets ou déployer une force exceptionnelle.
 
Dans les hautes vallées, la confusion s’installa très tôt, dès le XII ème siècle, entre l’hérésie et la sorcellerie, provoquée par l’installation de réfugiés Vaudois dans la Tinée, la Bévéra et le Haut Var. Des groupes d’Albigeois suivront au XII ème siècle, à Péone et Sospel où en 1471 s’allumèrent les bûchers purificateurs. Dans ce contexte favorable, naîtront des pratiques de sorcellerie qui survivront vigoureuses jusqu’au XIX ème siècle.
Il faut dire que le relief accidenté des Alpes Maritimes se prête admirablement à l’évolution des êtres surnaturels. Ainsi, ça et là, les esprits infernaux vont laisser l’empreinte de leur passage. Trous de rocher, sillons creusés dans l’écorce des arbres, «pierres à foudre » noires et rondes, pierres puantes (pyrite de fer), capables de dégager au frottement une satanique odeur de soufre, sont autant de vestiges évidents.
On interdira aux enfants de ramasser ces étranges pierres noires boursouflées, car elles communiquent la lèpre. Les manifestations infernales telles que le vent,  le tonnerre, l’ombre noire des clues ou des forêts menaceront les malheureux qui s’y exposent.
Que dire des tremblements de terre ou de ces montagnes qui s’entrouvrent pour laisser échapper flammes et brasiers, comme le 1er août 1564, dans le Val de Blore ou sur la montagne de Vasson près de Guillaumes ? Ces caprices du sol seront mis sans hésitation au compte du Diable.
Les marques de ses intentions apparaissent également dans les étranges fantaisies de l’érosion, comme la tête de sphinx à l’entrée des gorges de Daluis, les monstres cornus sculptés au-dessus de Péone ou dans ces «demoiselles », ces sveltes colonnes surmontées d’un rocher à Guillaumes et dans la Gordolasque. Mais c’est là-haut près de la cime qui porte son nom, dans la fantastique Vallée des Merveilles que  le Diable règne sur un domaine réservé, chargé de maléfices : Lac Fourcat (fourchu), Val d’Enfer, lac de Trem (le frisson de la peur), Valmasque (vallée des sorcières), autant de noms qui attestent de son emprise sans partage sur ces lieux.
Durant des siècles, les milliers de signes cornus gravés sur les rochers témoigneront de son autorité sur ces terres maudites. S’il vous arrive par un après-midi d’été d’être surpris par l’orage dans la Vallée des Merveilles vous vérifierez alors l’évidence de ces sortilèges.
Ce Parnasse des mauvais esprits n’a pas épuisé les charmes qui firent trembler nos ancêtres.

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