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07/03/2006

HISTOIRE TRAGIQUE

                    VENDETTA

 
Au Moyen Age les hasards des partages des terres entre familles seigneuriales déclenchèrent parfois de féroces querelles. Les mœurs frustes des feudataires du Pays d’Azur devaient entraîner ces démêlés dans le sang et la mort. Ainsi en 1437, les terres de Carros situées sur la rive droite du Var furent attribuées en partie à Urbain Giraud, seigneur du Broc, et à Urbain et Jean de Ronciglione de Viterbe, installés par le roi René de Provence. Très vite, pour des causes dont l'origine est inconnue, les deux familles vont se vouer une haine sans merci.
 

Pour régler le conflit, une réconciliation est alors tentée par l'entremise de parents, nobles provençaux d'Astruge, de Berre et de Soliès. Les tractations doivent aboutir au mariage de François Giraud fils du seigneur du Broc et de Barthélémie fille d'Urbain Ronciglione. Rendez-vous est pris entre Carros et le Broc sur les rives du Var. Au dernier moment, François Giraud, ne trouvant pas la promise à son goût, refuse sans détour de prendre pour épouse la fille de l'Italien, lequel se voyant insulté dégaina son épée et la planta dans la poitrine du jeune homme!

Le seigneur du Broc ne fut pas pris au dépourvu, par vengeance il s'empara alors de la fiancée qu'il trucida sur place sous les yeux de son père. Urbain Giraud prit aussitôt la fuite. Condamné par contumace, ses biens sont alors mis sous séquestre par le fisc royal en août 1470. Ces mesures n'apaisent en rien les esprits. Les rixes se poursuivent entre les deux familles, tempérées seulement par une nouvelle épidémie de peste. Ce n'est qu'en 1479 qu'un compromis est enfin établi entre les deux seigneurs.

 
 L'affaire des meurtriers avait été portée à la Cour d'Aix en Provence et l'interdit étant jeté sur les deux pères par l'évêque de Vence, la réconciliation eut lieu à Aix en Provence pour le civil et à l'église des Franciscains de Nice pour le religieux.
 
C'est ainsi que le 23 juin 1479 Dominique de Ronciglione, neveu du meurtrier, rencontra Urbain Giraud. Les deux ennemis firent la paix et signèrent le compromis suivant: Dominique cède toute la coseigneu­rie de Carros. En retour le seigneur du Broc (déjà dessaisi d'une partie de ses biens au profit de la commune du Broc en 1469) doit s'engager à faire une dot de 355 florins aux deux filles de Jean Ronciglione, sœurs de Dominique, et à les colloquer au monastère de Saint Jean à Aix en Provence. A cela s'ajoutent le paiement des dettes dudit Jean Ronciglione et l'acquittement des legs faits par le seigneur à ses deux autres fils Pierre et Barthélémy. Enfin le seigneur du Broc s'engageait à nourrir jusqu'à sa mort dame Linode veuve de Jean.
A cette réconciliation assistaient en tant que témoins le seigneur de Beuil, Honoré Grimaldi, dont la sœur Anne était mariée avec Urbain Giraud.
 
Après ces tractations laborieuses s'éteignit la terrible vendetta qui opposa pendant près d'un demi-siècle les seigneurs du Broc et de Carros.
 

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