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12/06/2011

SAINT BLAISE SON CHÂTEAU DU MOYEN AGE

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A une vingtaine de kilomètres au nord de Nice, près de Levens, sur les collines dominant la rive gauche du Var, Saint Blaise éparpille ses hameaux au pied des pentes du mont Cima où s’accrochent les restes du « Castel ». Ruines imposantes d’un château du XIIIme siècle dominées par un donjon carré, accessibles à pied depuis la route conduisant à Aspremont (500 mètres après l’église). Après un quart d’heure de marche à travers la pinède, on débouche face à la barbacane percée de meurtrières que l’on contourne pour accéder à une cour intérieure entourée de hautes murailles. Le château présente une arête à l’assaillant pour mieux résister à des tirs de boulets de catapulte.

Le donjon ( haut de 14m) renforcé d’un angle facile à protéger du côté d’une attaque possible, mesurant 4,65m de côté son mur épais de 1,20m se rétrécit à 0,85m vers la cour. Derrière lui, en enfilade, mais séparé, s’établissait un grand logis rectangulaire. Le choix du lieu surprend, sans doute guidé par la proximité d’une source.

L’Histoire témoigne des raisons de son édification. Le Comte de Provence dresse le Château de Saint Blaise vers 1230 sur les terres de l’Abbaye de Saint Pons. Ici comme ailleurs, le but est de centraliser le pouvoir, en plaçant un pion dans la stratégie militaire. Les raisons d’équilibre politique et social du temps visent à rassembler la population paysanne autour d’une petite mais puissante forteresse.

Restauré une première fois en 1235, puis en 1262 date à laquelle l’Abbé de Saint Pons récupère ce bien, le château de Saint Blaise connaîtra une seconde série de travaux au milieu du XIVme siècle. Cette ultime modernisation modifie sensiblement l’aspect du bâtiment. Le logis et l’enceinte cernant la cour sont reconstruites et une barbacane précède maintenant le donjon. En 1365, un inventaire dressé à l’occasion de l’élection du nouvel abbé, présente un château en cours d’abandon, peu armé et peu meublé. A la suite des crises qui troublent alors la région, ce terroir pauvre disposant de rares cultures se dépeuple. Le Château perd de son intérêt, ne parvient plus à survivre, déserté sans être détruit, il ne sera plus mentionné en 1388.

Gioffredo cite en 1208 « Donamus Revest qui nominatur Madalberti » et dit que ce château s’appelle aujourd’hui Saint Blaise, sans doute un castel antérieur ( ?).

Lorsque l’acte de cession du château est signé en 1262, Gioffredo indique que la scène s’est déroulée sur la terrasse du château situé au milieu de la forêt.

Le castrum de Saint Blaise(Sancto Blasio castrum) est cité en 1232-1244, également dans les Statuts de Fréjus de 1235, dans l’Enquête de Charles 1er d’Anjou de 1251-52 et dans la viguerie de Nice en 1325.

Anecdote :

L’Abbaye de Saint Pons propriétaire du fief est fondée en 775 aux portes de Nice. L’initiative en reviendrait au grand empereur Charlemagne qui plaça à la tête du monastère son neveu Siagre, fils de Carloman et de Théodora, sœur de Didier, roi des Lombards soumis en 774. Placée sous de tels auspices, l’Abbaye jouit très tôt d’un grand prestige. Rappelons qu’à la mort de Carloman en décembre 771, sa veuve se réfugia en compagnie de ses deux enfants en bas âge, Pépin et Siagre, auprès du Roi Didier.

A la capitulation de ce dernier, Charlemagne mit la main sur la veuve et les neveux. Le destin de Siagre s’identifia alors à celui du nouveau monastère qu’il dirigeait et de Nice dont il devint l’évêque.

L’Abbaye de Saint Pons possédait un grand nombre de prieurés dans la région. Affiliée à l’abbaye de Saint Victor de Marseille, elle était placée sous la tutelle de l’évêque de Nice.

Il est intéressant de noter que l’Abbé de Saint Pons concède le fief au début du XIIIme siècle à une riche famille noble de Nice les Chabaud, seigneurs d’Aspremont. La concession prendra fin en 1262. L’époque glorieuse du château s’identifie à la domination de ce turbulent seigneur qui ne rétrocèdera Saint Blaise à ces premiers propriétaires, qu’au prix de démêlés juridiques. Arguant des grosses dépenses engagées dans les réparations de la cour, Raymond Chabaud réclamera 120 livres de Gênes à l’Abbé, somme considérable à l’époque. Il faudra l’arbitrage de la noblesse niçoise pour que les abbés de Saint Pons puissent enfin recouvrer leurs biens.

Autour des ruines imposantes du manoir de Saint Blaise plane encore l’ombre des farouches Chabaud, seigneurs du lieu aux temps lointains de sa splendeur.

  

D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs.

Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ?

Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.

Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.

La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.

Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.

L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.

Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.

Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.

Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.

Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.

 

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

 http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com