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22/06/2012

VILLENEUVE D’ENTRAUNES, UN VILLAGE SECRET A DÉCOUVRIR

56 VILLENEUVE D'ENTRAUNES, VUE GENERALE page 56.jpg

Niché sur les bords du Var, aux limites Nord-Ouest du département des Alpes-Maritimes, à une centaine de kilomètres de Nice, Villeneuve d’Entraunes, à 900m d’altitude, compte une centaine d’habitants dont trente résidents permanents.

En 1754, l’enquêteur du Roi de Piémont-Sardaigne, Gaspard Joanini, témoigne de son isolement en indiquant : “ Ce lieu se trouve en plaine, au milieu des montagnes, distant de la présente ville (Nice) de deux jours et demi en passant dans le domaine de la France par Cros (Ascros) ou Entrevaux et passant dans les Etats de sa Majesté (le Duc de Savoie) quatre jours, ce qui toutefois n’est pas possible en hiver. Il est composé de 46 feux et 200 personnes. Il touche aux territoires de St. Martin, Sauze, Châteauneuf et à celui de Guillaumes en France ”.

Le Var tranche le val alpin, opposant les ubacs boisés des montagnes d’Enaux aux adrets marneux où s’étale le village dominé par les écarts du Claous et de Bantes, le tout écrasé par la masse grise des falaises du Rocher de la Maïre à l’origine du terrible torrent du Bourdous. L’Histoire du village n’est qu’une longue lutte contre les débordements dévastateurs du Bourdous. Sorte d’oued le plus souvent asséché, capable d’enfler en quelques minutes à la suite d’un orage, pour se transformer alors en une coulée de boue noire précédée d’un souffle qui descend en grondant à la vitesse d’un cheval au galop, balayant tout sur son passage.

Le site, occupé depuis les origines de l’humanité, verra s’installer une petite communauté de pasteurs agriculteurs, contrainte vers 850 de reconstruire après une crue destructrice du Bourdous : ce sera Villanova. Vers l’an 1000, la christianisation s’opère grâce aux Bénédictins de St. Euzébe d’Apt. Subsiste le prieuré des Barres de St. Pierre en abri sous roche, dans l’épaisse forêt des Cordaillaoux (Cordeliers). Des religieux de St. Dalmas de Pédona (Piémont) fonderont à Bantes le prieuré de St. Genes. Au cœur de la montagne, vivant en totale autarcie durant des siècles, la petite communauté s’auto-administre dès 1289, après avoir obtenu une charte de franchises du Comte de Provence.

Les 400 habitants du XIVème siècle deviennent “ savoyards ” en 1388 et sont locataires des pâturages de Pascaïret au-delà des crêtes d'Enaux. Vaste et riche territoire dont le sous-sol recèle de l'or et de l'argent, d'où les noms significatifs d'Aurent et d'Argenton plus bas dans cette même vallée.

Lorsqu'en 1760 on voudra, à la suite d'une rectification de frontière leur retirer cet Eldorado, les Villeneuvois engageront un gros procès international avec 20 notaires et avocats, procès qu'ils gagneront. En 1445, des compagnies d'aventuriers pillent la région, leur chef Archimbald d'Abzac installe son quartier général sur la colline dominant le village. Son trésor de guerre, perdu après sa capture, se cacherait toujours dans les fondations de l'ancienne tour ruinée du château.

Une crue avec débordement du Bourdous anéantit en 1610 des quartiers d'habitations. La chapelle de N.D. des Grâces avec son grand tableau ex-voto de 1638 représentant Ste Marguerite et Ste Marthe maîtrisant dragon et tarasque serait consécutive à ce sinistre. En 1640, la même Ste Marguerite aura sa chapelle : "pour éloigner les vents désastreux qui couchent les épis". Une pierre gravée dans une pinède, au fond du vallon du Bourdous, à une heure du village, nous apprend qu'en 1665 un Villeneuvois y planta la vigne dans ce qui deviendra le quartier du "Vigna".

 

La communauté n'aura de cesse de se libérer de toute tutelle : en 1621, elle rachète les droits féodaux de son seigneur Badat et en 1733 le titre comtal. Au XVIIIème siècle, 300 personnes sont recensées, de cette époque daterait l'épisode légendaire de la "Pierre du Loup" où un habitant de Bantes attaqué par l'animal n'eut la vie sauve qu'en grimpant sur un gros rocher en bordure de chemin conduisant au village. La "Pierre du Loup" est toujours visible au sortir des marnes grises dans le dernier tournant, sur le bord de la route avant Bantes.

D'autres échos nous parviennent provenant des troubles de la Révolution Française. En 1793, un prêtre anticonstitutionnel se cache dans un abri sous roche à quelques minutes au-dessus de la "Pierre écrite" du Vigna, il y aurait même célébré la messe ! Quatre ans plus tard, une bande de 200 "Barbets" (partisans de la royauté, déserteurs et brigands) s'abrite dans les grottes du Rocher d'Enaux, face au village, ils attaquent fermes et voyageurs. On n'en viendra à bout qu'en 1801.

Comme d'autres villages de la montagne environnante, Villeneuve a servi de réserve humaine aux régions plus riches. Au XIXème siècle, des migrations saisonnières entraînent l'hiver les hommes du village à labourer les vignobles du Var et de la Drôme près de Nyons. Au début de ce siècle, l'émigration devient définitive et des familles entières s'installent dans la région de Lorgues dans le Var.

Les gens de Villeneuve (lu Villanouvenc) portent le curieux surnom de "Chats". Ce totem souligne leurs particularités héréditaires tant morales que physiques : esprit d'indépendance, comme le prouve leur Histoire, méfiance, douceur et réserve, esprit secret comme leur terroir.

Le “ Val d'Entraunes ”, bien que terre "savoyarde" pendant près de 450 ans, a été qualifié de "France rustique" au XVIIème siècle, parce que resté attaché à l'usage parlé et écrit de la langue française et ce, en dépit de l'édit du Duc de Savoie de 1560 qui imposait l'écriture des actes en italien. Mais la langue courante  a toujours été "lou Gavouot" apparenté au Provençal.

Parmi les curiosités, signalons l'étrange bénitier de l'église romane dont le support porte un emblème sculpté, attribué par certains aux mystérieux Templiers : à la base, quatre énigmatiques têtes humaines décorent le croisillon.

Villeneuve d'Entraunes, originale petite "république des Chats" acceptera de vous livrer une autre part de ses secrets pour peu que vous lui rendiez visite.

 

A VILLENEUVE D’ENTRAUNES,

NOTRE-DAME DES GRÂCES ET SON CURIEUX EX-VOTO

Villeneuve d’Entraunes fut plusieurs fois ravagé dans le passé par les débordements du vallon du Bourdous, dont l’étymologie dérive du bas latin bodrium signifiant vase, bourbe.

En provençal bourdous veut dire vaseux, crotté, crasseux, boueux, comme les eaux chargées de limons noirs arrachés aux pentes marneuses par le torrent en crue.

Le nom du village rappelle d’ailleurs sa reconstruction avant le XIe siècle.

Au bout du village, se dresse la chapelle de Notre-Dame des Grâces avec un bien curieux tableau décorant l’autel. Il s’agit d’un ex-voto consécutif à un sinistre analogue survenu en 1610. Il a été offert comme l’indique le texte du cartouche par Jean Ludovic Arnaud et peint en 1638 par Jacques Viani, petit peintre itinérant de Vence.

A gauche, Sainte-Marthe, sainte exorciseuse, invoquée contre les esprits malfaisants, tient d’une main la Tarasque en laisse et de l’autre le bénitier, l’aspersoir.

Selon la légende, Sainte-Marthe, sœur de Lazare et de Madeleine, sur la prière du peuple d’Arles, alla vers le dragon noir, monstre aquatique, occupé à dévorer les hommes, et l’aspergea d’eau bénite. Aussitôt, le monstre vaincu se rangea comme un mouton près de la Sainte qui lui passa sa ceinture autour du cou, le conduisit au village voisin où les gens le tuèrent à coup de pierres et de lances.

Comme le monstre était connu sous le nom de Tarasque, ce lieu en souvenir de lui prit le nom de Tarascon. Ici, la symbolique de l’eau et de la couleur noire s’identifie aux flots ravageurs de laves noires charriées par le Bourdous. Sainte-Marthe a su là encore tenir en laisse le monstre dévastateur.

A droite, se tient Sainte-Marguerite d’Antioche, honorée jadis tous les 20 Juillet à l’occasion d’une procession à travers la campagne villeneuvoise jusqu’à la chapelle qui lui est dédiée.

Cet édifice ruiné fut élevé au sommet du mamelon dominant le village en exécution d’un autre vœu fait en 1640 par les consuls du lieu « afin d’éloigner les vents désastreux qui, en Juillet, couchent les blés ».

Sainte Marguerite, sainte protectrice joint ici son pouvoir à celui de Sainte-Marthe en tenant elle aussi en laisse un monstre dont les abondantes mamelles sont prêtes à sécréter l’eau boueuse du Bourdous. Victorieuses des forces du Mal, les deux saintes rendent grâce à la Vierge de les avoir aidées à épargner les innocents habitants du village, figurés ici par des enfants. D’où l’intitulé du tableau et de la chapelle, « Notre-Dame des Grâces », bâtie à l’entrée du village, face à la menace proche et permanente du Bourdous.

 

Extrait des « Histoires et Légendes de Villeneuve d’Entraunes »

Ouvrage illustré, disponible en CD en contactant: edmondrossi€wanadoo.fr
prix 15€

Consulter, du même auteur, le livre « Du Mistral sur le Mercantour » inspiré par le passé de Villeneuve d’Entraunes.

Les dieux se sont réfugiés au cœur des régions montagneuses, prédisposant les sommets à devenir de fascinants hauts lieux de l’étrange. A l’extrémité des Alpes du Sud, le « Parc naturel du Mercantour » confirme avec éclat cette vocation établie depuis les origines de l’humanité.

Accrochés à la caillasse au-dessus de gorges étroites et impénétrables, les villages perchés, maintenus à l’écart des bouleversements, ont su résister au temps et garder d’admirables témoignages du passé. Parmi ceux-ci, des récits originaux véhiculés jusqu’à nous par les bourrasques du mistral comme autant de feuilles d’automne. Edmond Rossi, originaire du val d’Entraunes, nous invite à pénétrer l’âme de ces vallées, grâce à la découverte de documents manuscrits inédits, retrouvés dans un grenier du village de Villeneuve.

Si les « récits d’antan » présentent des histoires colportées aux veillées depuis la nuit des temps, les « faits divers » reflètent une réalité contemporaine d’une troublante vérité. Edmond Rossi est depuis son plus jeune âge passionné par l’histoire de sa région. Il signe ici son troisième ouvrage aux Editions Alan Sutton.

«Du Mistral sur le Mercantour» (Editions Sutton),

En vente sur Internet http://www.editions-sutton.com

ou dédicacé, au prix de 21 euros, plus frais d’envoi, en contactant edmondrossi@wanadoo.fr

Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com

15/06/2012

L'EXPULSION DES SARRASINS DE PROVENCE

BATAILLE DE TOURTOUR.jpg

 

APRÈS LA BATAILLE DE TOURTOUR EN 973, LES SARRASINS VAINCUS SONT EXPULSÉS DE PROVENCE

La bataille de Tourtour vit en 973 la victoire du comteGuillaume de Provence sur les Sarrasins : elle marque leur expulsion définitive de la Provence.

Depuis plusieurs décennies, les Sarrasins s'étaient implantés en Provence grâce à des forteresses, d'où ils effectuaient de temps en temps des raids de pillage. Leur place forte la plus importante était le Fraxinet, à l'actuelle Garde-Freinet. Au début, les seigneurs provençaux restèrent passifs.

Cependant, au début de l'année 973, les Sarrasins commirent une erreur. Né à Valensole, Maïeul, l'abbé de Cluny, était vénéré par les Provençaux. Les Sarrasins pensèrent qu'en l'enlevant, ils pourraient en obtenir une importante rançon. Ils réussirent à le capturer au pont du Châtelard (le Châtelard, Valais) près d'Orsières, en juillet 972. Depuis 921, des bandes sarrasines, provenant de Provence, s'étaient rendues maîtresses de nombreux passages d'importance dans les Alpes occidentales dont le col du Mont-Joux que le vénérable abbé venait de franchir avant d'être reconnu et pris. Refusant de laisser l'abbé de Cluny aux mains des Sarrasins, les moines de Provence réussirent à réunir la rançon demandée. Tenant parole, les Sarrasins libérèrent leur otage.

Les moines se chargèrent alors de soulever chez les Provençaux une véritable furie guerrière contre les Sarrasins. Ils donnèrent à l'enlèvement de Maïeul de Cluny la plus grande publicité possible, réussissant à fédérer l'ensemble de la population autour du comte Guillaume, pour mener une offensive destinée à chasser définitivement les Sarrasins. Le comte Guillaume de Provence, appelé par la suite le Libérateur, répondit à l'appel de ses sujets et leva l'ost. De nombreux guerriers de Provence, mais aussi du Bas-Dauphiné et de Nice formèrent son armée.

Guillaume décida d'attaquer les Sarrasins au Fraxinet même, au cœur de leur dispositif, avec toutes ses forces. Si son offensive réussissait, le reste des forces musulmanes de Provence, beaucoup moins fourni, n'aurait aucune chance de résister à une offensive menée par toute l'armée provençale.

Renseignés sur les mouvements des Provençaux, les Sarrasins descendirent de Fraxinet pour engager le combat en rase campagne. Cinq premières batailles eurent lieu dans les Alpes provençales, à Embrun, Gap, Riez, Ampus et Cabasse. Battus dans tous ces affrontements par les Provençaux, les forces des Sarrasins se regroupèrent à Tourtour. Guillaume ne tarda pas à les rejoindre et y engagea la sixième et la plus importante bataille. Écrasés par les Provençaux, les Sarrasins regroupèrent leurs dernières forces, remontèrent à la Garde-Freinet et s'y retranchèrent solidement.

Après avoir donné un peu de repos à ses troupes, Guillaume fit donner l'assaut au Fraxinet. Les guerriers provençaux des seigneurs de Levens, d'Aspremont, de Gilette, de Beuil et de la ville de Sospel furent désignés pour l'attaque (toutes ces villes se trouvent actuellement dans le département des Alpes-Maritimes). Après avoir atteint le sommet de la Garde-Freinet, les Provençaux attaquèrent les retranchements du Fraxinet, en chassèrent les Sarrasins, et enfin s'emparèrent entièrement de la forteresse. Les Sarrasins trouvèrent un dernier refuge dans une forêt voisine, mais, vivement poursuivis, furent vite neutralisés : Ils furent soit tués soit faits prisonniers.

La forteresse de Fraxinet fut entièrement rasée, les Sarrasins survivants baptisés de force et réduits en esclavage. La plupart des dernières troupes musulmanes quittèrent la Provence sans attendre l'arrivée des troupes provençales.

Grâce à cette offensive décisive de 973 et des batailles qui suivirent, les Sarrasins sont définitivement expulsés de leurs bases fortifiées. Si une partie importante de la communauté sarrasine a sans doute périt au cours des combats, il est clair que des groupes de survivants demeurèrent dans la région y faisant souche et que certains se convertirent à la religion chrétienne. Le temps et d'innombrables mélanges de populations firent les reste: lentement, au fil des générations, le contingent sarrasin se dissout ainsi dans la population provençale[.

07/06/2012

LE LOUP DANS LES ALPES MARITIMES AU PRÉSENT ET AU PASSÉ

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Pour connaître la réalité de la présence du loup dans le passé des Alpes Maritimes, consultez le livre d’Edmond Rossi « Histoires de Loups en Pays d’Azur ».

Aujourd’hui, le loup est de retour en France et plus exactement près de nous, dans le Parc du Mercantour et les Alpes du Sud.

Ce « grand méchant loup », cauchemar de nos nuits d’enfant, traînant dans la mémoire collective des générations de « mères-grand » et de « chaperons » dévorés tout cru, revient cette fois sur notre territoire nanti du statut intouchable d’espèce protégée par le Conseil National de la protection de la nature et la Convention de Berne.

Réhabilité et qualifié de « prédateur indispensable à la chaîne alimentaire et aux rétablissements des équilibres naturels », le voici blanchi de tous ses crimes passés et à venir et toléré aux portes de nos villages.

L’homme encore une fois a décidé du destin de la bête  avec sa propre logique.

Pourtant, les souvenirs laissés dans la mémoire de nos aïeux ne sont pas tendres et méritent qu’on s’y arrête.

Les Alpes Maritimes ou « Pays d’Azur », nées de la rencontre des Alpes et de la Provence, offrent un cadre exceptionnel fait de vallées aux forêts sauvages et de villages perchés aux traditions vivaces.

Edmond Rossi, auteur niçois de différents ouvrages sur le passé et mémoire de sa région, présente ici une trentaine de récits recueillis dans les annales de la Provence orientale et du Comté de Nice.

Témoignages authentifiés touchants de vérité, ces textes évoquent les péripéties du loup, dans ce vaste territoire.

Parfois issus d’une tradition orale qui se perpétuait jadis aux veillées, ces contes portaient le plus souvent sur des faits réels, auxquels nos anciens se trouvaient mêlés.

Partons sur la piste mystérieuse de ce grand perturbateur que l’imagination populaire a toujours travesti familièrement de ses propres fantasmes.

A travers les « Histoires de loups au Pays d’Azur » retrouvez les contes de jadis, cette vieille magie des mots qui vous emmène au pays du rêve et de l’insolite.

Pour un temps, laissez-vous emporter vers un passé troublant celui où nos ancêtres vivaient en compagnie du loup avec des rencontres riches d’émotion.

Pour en savoir plus consultez «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 € : contacter edmondrossi@wanadoo.fr