04/10/2010
LES TEMPLIERS A NICE
Les documents qui nous sont parvenus de la Commanderie du Temple de Nice et de Grasse sont peu nombreux; sept articles d'inventaire ont suffi pour en donner l'analyse. Mais un catalogue de leurs archives, dressé par les Hospitaliers au XVIIIe siècle, nous a permis de reconstituer à peu près le fonds des Templiers pour Nice, Grasse et Biot, où ils avaient des propriétés.
En 1211, Bertrand, évêque d'Antibes, lui donne dans la ville de Grasse, l'église Saint-Jacques et un cimetière ; il achète ou reçoit en don des terres sises aux quartiers de Placassier, de Saint-Laurent, de l'Etang, etc... Le droit d'asile, dont jouissait l'église Saint-Jacques, fut l'occasion d'un procès qui ne dura pas moins de douze ans. Le 12 mars 1294, un criminel, qui s'y était réfugié, est enlevé par les officiers de l'évêque. Au nom des privilèges de l'Ordre, le Commandeur fait sommer ledit évêque de lui rendre son prisonnier. Le 17 du même mois, d'abord, puis le 8 avril, la sommation est répétée sans succès.
Les chevaliers du Temple possédaient également des biens dans les arrondissements actuels de Grasse et de Puget-Théniers, à Rigaud, Touët, Tournefort, Villars, la Penne, Cuébris, Collongues, Saint-Etienne, Saint-Dalmas-le-Selvage, Saint-Sauveur, Puget-Théniers ; cependant nous n'avons trouvé aucune trace de papiers provenant de ces Commanderies.
Dès l'année 1129, la commanderie de Nice se constituait. En 1135, l'évêque de Nice céda des biens considérables à l'Ordre du Temple et le chevalier Arnald fut envoyé de Rome pour prendre possession de la nouvelle commanderie; Pierre de Nice lui abandonna en 1144, les revenus de l'église de Gastes ou Gattières.
La pièce la plus ancienne remonte à 1193. C'est un acte de vente de deux terres sises Aubessane, terroir de Nice, faite par Pierre Riquier au Commandeur, qui était propriétaire aux quartiers de l'Impeirat, de Fontgueirande, de Crémat de Champlong et sur les bords du Var.
Enfin, le 20 juin - 1306, des lettres du juge mage de Nice obligent les officiers à donner satisfaction aux chevaliers.
Le Commandeur de Nice et de Grasse était seigneur de Biot, par suite de la donation à lui faite, en mars 1209, par Alphonse II, comte de Provence, du château et de la ville en toute juridiction, sans aucune réserve.
Il reçoit, en 1242, d'Isnarde de la Pêne, la cinquième partie de la moitié de Clausonne ; en 1288, de Geoffroy de la Pène, la quatrième partie dudit terroir.
Maison du Temple de Nice
La plupart des historiens font remonter à l'année 1135 la fondation de la maison du Temple de Nice. Mais leur opinion ne repose sur aucun fondement. Ils ont pris pour un Templier cet Arnaud qui reçut, au nom de l'Hôpital, en 1135, une donation de l'évêque de Nice. Peut-être l'ont-ils confondu avec Arnaud de Bedos, maître régional de la milice, dont nous savons qu'il déploya une grande activité, à partir de 1136, dans la vallée du Rhône. Il n'est pas exclu cependant que ce soit vraiment un autre Arnaud, évêque de Nice à partir de 1151, qui ait appelé le Temple dans cette ville pendant la durée de son épiscopat. Ledit Arnaud avait déjà favorisé, en effet, l'installation de l'Ordre à Richerenches alors qu'il n'était encore que sacristain d'Orange. Son zèle en faveur de l'Ordre, qui fut déterminant sur la rive gauche du Rhône ne put se démentir à Nice, où tout était encore à faire en faveur de celui-ci. Malheureusement il ne se trouve aucun texte pour appuyer une telle hypothèse.
Si l'on s'en tient aux seuls documents contrôlables, les Templiers n'apparurent à Nice qu'en mai 1193 comme acquéreurs de certains biens appartenant à Pierre Riquier et contigus à la « maison du Var » (aux environs de Saint-Laurent-du-Var), tenue par les Hospitaliers. Il n'est pas encore question alors de la maison du Temple, et les biens de Pierre Riquier furent vendus à un simple frère de la milice. La « maison du Temple » de Nice et son premier précepteur connu, Guillaume Geoffroi « del Muoil », ne sont mentionnés qu'au début du XIIIe siècle, dans un acte du 10 juillet 1202 passé « ad Cavalariam. » Mais cet acte nous révèle que l'Ordre possédait aux abords de Nice, à Saint-Pons et à Lympia, des biens que nous ne voyons pas tomber en son pouvoir dans l'intervalle (entre 1193 et 1202) et dont l'acquisition, par conséquent, peut fort bien se situer avant 1193. Un historien de Nice parle à ce sujet d'une charte de 1154 d'après laquelle les templiers auraient eu une maison dans la ville même. Encore que la chose soit possible, étant donné que la date coïncide avec la présence de l'évêque Arnaud à Nice, nous ne pouvons en faire mention que sous réserve car l'auteur, souvent douteux, ne cite aucune référence. Le fait que le grand maître de l'Ordre, Hugues Geoffroi, ait été témoin, en 1176, au traité conclu par les consuls de Nice avec les comtes de Provence, à Nice même, ne signifie pas, non plus, que l'Ordre fut alors établi à demeure dans ce pays.
De Nice, terme de leur marche vers l'Est, les Templiers se répandirent largement de chaque côté du Var. Ils se fixèrent notamment à Grasse, Biot et Rigaud et y établirent de nouvelles commanderies. Ces commanderies jouirent d'une large autonomie bien que la maison de Nice restât leur préceptorale et qu'elles eussent souvent un administrateur commun appelé « commandeur de Nice-Grasse-Biot ».
On ne possède que fort peu de renseignements sur les acquisitions effectuées directement par la commanderie de Nice. Nous avons par contre des détails assez précis sur le développement des maisons de Grasse, Biot et Rigaud.
Un hôpital peut également avoir été attaché à la maison de Nice à la fin du XIIIe siècle. Certes, la situation provençale paraît loin de celle de l'Italie, où les Templiers gérèrent de nombreux hôpitaux, ou bien de celle de Provins par exemple, où deux maisons de charité furent encore sous la direction de l'ordre. Mais ces rares mentions ne peuvent être négligées, d'autant plus que les Templiers, accusés d'avarice et d'inaction, purent remettre l'assistance à l'honneur sous la maîtrise de Jacques de Molay. Dès 1274, le mémoire rédigé en Provence à l'attention de la délégation du 2 ème concile de Lyon, insiste clairement sur les mérites de l'ordre en faisant valoir que les pèlerins, les pauvres, les orphelins, et même les femmes enceintes bénéficiaient d'aumônes et de soins spécialisés dans les maisons de l'ordre. Au total, il semble bien que l'Hôpital comme le Temple aient rempli - bien que sans zèle excessif - la mission qui leur était confiée, dans la mesure où la défense des populations comme l'assistance ne faisaient pas partie de leurs fonctions premières en Occident.
Profitant de la minorité de Raymond Bérenger IV qui commença à régner sous la tutelle de sa mère, Gersende, Nice se déclara indépendante, et fut amenée à un nouveau traité (22 août 1210) avec le comte de Provence en présence du commandeur du Var, Raimond, de Laugier et de Blacas de Carros, de Pons Fabri, commandeur des Templiers, de François de Pontevez, etc. Le parti indépendant ayant à sa tête Miron Badat repoussa la flotte génoise avec tant d'énergie, qu'il lui fit prendre le large.
En 1238, Raymond Bérenger, chez les Cordeliers de Sisteron, nommera Romée gadiateur de son testament. Celui-ci fera confirmer en 1239 Arnaud de Villeneuve, son neveu, dans la possession de Traus et des Ares, fera rentrer Arles dans le devoir, dictera des lois aux ambassadeurs de Gênes (1239), aplanira en 1242 certaines discussions entre le prévôt d'Antibes et le chapitre, et choisira Vence pour y vider un différend juridictionnel, entre un commandeur des Templiers et l'archevêque d'Embrun. - Les évêques de Vence, de Glandèves et de Sénez seront les arbitres.
En 1176, Alphonse Ier, roi d'Aragon, devenu comte de Provence, marcha à son tour contre Nice ; mais, éclairé par la catastrophe de son prédécesseur, il se contenta de bloquer la place, qui, réduite par la famine, finit par capituler. Alphonse lui accorda paix, pardon, protection et confirmation à perpétuité du consulat, promettant, avec serment, de maintenir le municipe dans toute son intégrité. Les consuls, à leur tour et au nom des habitants, s'obligèrent à payer au roi 25,000 sols melgoriens pour frais de guerre, et un tribut annuel de 2,000 sols de la même monnaie, pour droit d'albergue. Plus tard, ce monarque permit aux consuls de renouveler avec la république de Pise leur alliance, qui datait déjà de soixante ans, et qui avait été jusque-là autant politique que commerciale. Ces concessions prouvent l'étendue des privilèges dont jouissaient les Niçards.
Dans ce dernier siège s'étaient distingués les frères Hospitaliers et les Templiers établis à Nice depuis 1135. Ces derniers occupaient, dans l'intérieur de la ville, un grand monastère voisin d'une rue appelée alors d'un nom grec, Seleya, aujourd'hui la Grand-rue. Ils possédaient en outre dans le territoire de Nice deux autres établissements : le premier, dont on reconnaît encore les ruines sur la colline « dei Serroi Soubranoi », au bord du Var, était destiné à secourir les voyageurs obligés de traverser ce dangereux torrent, qui coulait alors à travers de sombres forêts ; le second, situé au lieu qui porte toujours le nom du Temple, entouré de jardins délicieux, servait de maison de plaisance aux prélats, barons et seigneurs. Près de cet emplacement, au milieu de vertes prairies et de superbes ombrages, coule encore une fontaine à laquelle les Templiers ont laissé leur nom. On croit communément que ces eaux, qui fertilisent la campagne environnante, sont celles qui arrivaient à Cimiez par son aqueduc romain.
Un troubadour du IIIe siècle, qui a chanté la source du Temple, nous apprend, avec Tacite, que Julie Procille, mère d'Agricole, s'y était retirée au temps des guerres civiles, et qu'elle y fut faite prisonnière par les troupes d'Othon. La villa des Templiers existe encore en partie dans la propriété des héritiers Massiglia. On y retrouve l'oratoire, une portion des murs de cage et de vastes souterrains.
Ce dernier siège avait mis en relief le courage des Templiers, établis à Nice depuis 1135. Ils occupaient dans la ville un vaste monastère voisin de la rue Seleya, et dans la campagne deux maisons, l'une hospitalière, l'autre toute de plaisance. La première, dont on reconnaît encore les ruines sur la colline « dei Lerroi Soubranoi », au bord du Var, était destinée à aider et secourir les voyageurs au passage de ce dangereux torrent, qui traversait alors d'épaisses forêts. La villa, située au lieu qui continue à porter le nom de « Temple », entourée de jardins délicieux, servait aux plaisirs des prélats, barons et seigneurs. Près de là, au milieu de vastes prairies et de superbes ombrages, coule encore une fontaine à laquelle les Templiers ont laissé leur nom.
La villa des Templiers étale encore ses ruines dans l'héritage des Massiglia.
Les Templiers étaient à l'apogée de leur gloire. Ils se trouvaient seigneurs souverains dans les pays qu'ils avaient créés, et pour y attirer des habitants, ils leur accordaient de larges libertés, comme le prouve la charte par laquelle ils donnent aux habitants de Saint-Martin-d'Entraunes, en 1187, le droit d'élire leurs consuls et de s'administrer par eux-mêmes, moyennant le paiement des redevances féodales. Toutes les communes soumises aux abbayes ou aux évêchés eurent une large part à cet élan de liberté qu'imprima le traité de Nice.
Alphonse-le-Jeune étant venu à Nice, le 7 novembre 1188, pour renouveler le traité de 1176, avait pris son logement dans la magnifique commanderie des Templiers.
Raimond de Villeneuve, dominicain, qui avait souvent prêché à Grasse, fut promu au siége de cette ville. - Il inaugura son épiscopat par une transaction avec Geoffroy de Grasse, commandeur des Templiers de Nice, Grasse et Biot (district d'Aix). L'évêque de Vence, Guillaume, et Rostang de Rostang de Scopis, grand commandeur de la province d'Aix, sont choisis pour arbitres (3 janvier 1246). L'acte se passe à Antibes, dans le palais curial de l'église Ste-Marie, sous le portique.
Les Génois aident le roi d'Aragon. Les Pisans sont battus par l'amiral génois, Ogier de Vinto, à la hauteur d'Antibes (1170), pendant que le roi Alphonse, avec une courageuse persévérance, et habitué à cette guerre de montagnes, conquiert, l'un après l'autre, les forts et les châteaux, et se fait reconnaître dans l'Assemblée des Etats, à Aix. Seuls le comte de Forcalquier et le dauphin de Viennois ne déposèrent pas les armes. Nice toujours serrée de près par les Guelfes génois postés à Villefranche et à Monaco, surveillait dans ses propres murs la faction opposée soutenue par l'évêque, qui demandait même au Saint-Siége (H 74) à ce que son évêché, distrait d'Embrun, fut rattaché à la métropole de Gênes nouvellement créée. Les Grimaldi, tout puissants à Gênes, avaient deux des leurs cardinaux. Grimaldi, leur frère, était amiral de Gênes et seigneur de Monaco et de Grimaud. Les autres Grimaldi avaient les évêchés de Fréjus, d'Antibes et l'abbaye de Lérins.
Les Grimaldi, tout puissants à Gène, avaient deux de leurs cardinaux. Grimaldi, leur frère, était amiral de Gène et seigneur de Monaco et de Grimaud. Les autres Grimaldi avaient les évêchés de Fréjus, d'Antibes et l'abbaye de Lerins.
Les Génois, qui régnaient en souverains jusqu'aux portes de Nice, venaient d'élever aussi à Mont-Olive, près de l'église Saint-Jean, une commanderie de Templiers. Ils se croyaient si solidement établis dans le comté de Vintimille, qu'ils avaient enfin donné à ce siège un évêque dont il était privé depuis 1160. Il se nommait Etienne.
Les Gibelins de Nice avaient donc tout sujet de trembler. En effet, au mois de juin de l'année 1176, le roi d'Aragon, aidé des Grimaldi, parut sur les bords du Var. Il menait avec lui ses frères, Sanche et Raimond Bérenger ; Arnaud de Villeneuve, réconcilié avec son parti ; le sieur Blacas d'Alluis, Arnaud de Palara, Guillaume d'Alcara, Boniface de Castellane, autre Blacas de Sisteron et Pierre son frère, Porcelet d'Arles, Raimond de Cambord, Bérenger de Sainte-Eugénie, Guillaume d'Ese, Rodrigue de Callian et Raimond de Grasse. Les consuls Pierre Riquier et Bertrand Badat s'étaient retranchés fortement en attendant les secours de Pise. - Parmi les braves défenseurs de la cité, on voyait les Raimbaud, Fouque Astingue, P. Raibaudi, Guillemite, G. Ricardi, Pierre Badat, G. Milon, P. Niger, F. Raibaud, Alde Brandis, G. Adalguer, Bérenger Assalite, B. Doriac, G. Raginaud, Gantelme de Cambas-Longa. - L'armée aragonaise suivit l'ancienne voie romaine de Carras et de Saint-Augustin, et cerna bientôt la ville du côté du Paillon, tandis que la flotte tenait éloignés les navires de Pise. La résistance parut bientôt impossible, le peuple murmurait, les vivres manquaient. Il fallut se livrer à la merci du vainqueur, et lui envoyer des députés. Le roi d'Aragon, en homme habile, comprenant qu'on subjugue par la clémence, oublia son ressentiment pour faire, contre toute espérance, les concessions les plus larges aux Niçois. Le 8 juin, tous ceux que nous avons nommés plus haut, et de plus Roger, prieur des Hospitaliers de Saint-Jean ; Pierre du Broc, Raimond de Malaussène, Elie et Amic frères, hospitaliers; Hugues Gioffredi, commandeur des Templiers, se rendirent au camp du Var, et signèrent le traité suivant :
« Au nom de Dieu, faisons connaître à tous, que nous Alphonse, roi d'Aragon, par la grâce de Dieu, comte de Barcelone et marquis de Provence, avec nos frères Raimond Bérenger et Sanche, d'après l'avis de notre cour, de bonne foi et sans fraude, nous accordons et rendons la paix et notre bon vouloir plein et entier, avec rémission de toute peine civile et criminelle aux consuls et à tous les citoyens de Nice présents et à venir; nous leur accordons et confirmons le consulat avec toutes ses justices et sentences, tant des causes criminelles, que pécuniaires et civiles; le pouvoir perpétuel d'élire leurs consuls et magistrats ; nous leur confirmons les coutumes, us, privilèges qu'ils ont eus et qu'ils auront; en même temps ceux que possède ou peut posséder ladite université ou quelqu'un des citoyens de ladite ville de Nice. Pour ce, nous acceptons d'eux vingt-cinq mille sous melgoliens; ils donneront deux mille sous de la même monnaie à nous et à nos successeurs pour droit d'albergue. Ils donneront cent hommes tout équipés quand nous ferons des cavalcades depuis le Var jusqu'à la Siagne, et cinquante seulement de la Siagne au Rhône. Mais pendant les dix années qui suivent, jusqu'à ce que la paix soit bien établie, ils ne seront tenus de donner des hommes ni ici, ni là, et ils ne devront que les cavalcades ordinaires de l'évêque de Nice. Nous leur accordons ces privilèges sauf notre droit et celui de nos successeurs. En foi de quoi, le seigneur roi baisa sur la bouche les deux consuls de Nice, Pierre Riquier et Bertrand Badat, ce qui était la plus haute marque de considération et d'amitié. Suivent tous les noms des signataires. »
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18/09/2010
VILLENEUVE LOUBET: LE CHÂTEAU MÉDIÉVAL...
Propriété du marquis de Panisse-Passis, la forteresse construite au Xllle siècle n'avait jamais été ouverte au public. Depuis l'été dernier, des visites guidées proposées par l'office de tourisme racontent son histoire et dévoilent un riche patrimoine architectural.
Visible de la mer jusqu'aux nombreuses collines de la vallée du Loup, le château de Villeneuve-Loubet fait partie du paysage. Pourtant, rares sont ceux qui, un jour, ont eu la chance de pénétrer la citadelle, y compris parmi les Villeneuvois de souche.
Appartenant à la famille PanissePassis depuis 1742, la forteresse privée a souvent intrigué la population autochtone et frustré les touristes. C'est pourquoi l'initiative du marquis de Villeneuve et de l'office de tourisme est apparue comme une aubaine pour tous ceux qui, depuis longtemps, cherchaient à découvrir ce qui se cachait derrière les longs murs d'enceinte et les hautes portes constamment fermées.
Le château médiéval ne renferme pourtant pas de trésors mobiliers qui auraient survécu aux époques. Pas plus d’œuvres d'art exceptionnelles ou d'appartements somptueux. D'ailleurs, son intérieur n'est pas inscrit au programme des visites.
Ses richesses sont tout autre, essentiellement issues de son architecture et de la vocation défensive qui a été la sienne au fil du temps. Car l'ouvrage a été conçu pour préserver les villageois des guerres et des invasions. Du pont-levis aux tours en passant par le chemin de guet, la promenade d'une heure et demie, en compagnie d'un guide conférencier, permet de le constater.
L'architecture du château a souhaité allier efficacité défensive et esthétique, comme en témoignent les pierres contrastées choisies pour son édification.
Situé en position dominante, le château villeneuvois a ses particularités, toutes dignes d'intérêt. Il se distingue notamment par un donjon pentagonal de 33 m, une hauteur impressionnante au regard des constructions du même âge qui, le plus souvent, ne dépassaient guère 20 m autorisant la surveillance de 20 km à la ronde, il est entouré de deux rangées de remparts dont certaines tours, abritant des citernes de récupération d'eau de pluie, sont élargies à la base pour faciliter Ic lutte contre les assaillants.
La visite comprend également la cour intérieure de l'édifice, caractérisée par une mosaïque de galets récupérés dans les cours d'eau des alentours, mais aussi le parc arboré de 10 ha qui, depuis le XIXesiècle, abrite des essences méditerranéennes et exotiques.
Le retour sur les dates importantes de la mémoire des lieux comme le séjour de François 1er en 1538- n'es pas oublié, de même que le récit de quelques anecdotes qui s'apparentent autant à la légende qu'à l'Histoire.
C'est ainsi que les visiteurs apprendront qu'à en croire les Villeneuvois, un réseau de galeries souterraines relierait la forteresse à d'autres sites moyenâgeux. Si cette hypothèse a été infirmée par les historiens, une cavité naturelle a néanmoins été localisée sous le donjon voici quelques mois, sans avoir pu être explorée.
La preuve que, bien qu'ouvert au public, le château de Villeneuve n'a pas encore révélé tous ses mystères.
Le château de Villeneuve a été érigé entre 1231 et 1234, vraisemblablement sur les ruines d'un castrum datant de la seconde moitié du XI" siècle. C'est Romée de Villanova, un catalan fidèle du comte de Provence, qui a ordonné son édification sur les terres qui lui ont été données en récompense de ses bons et loyaux services. De la forteresse originelle, seul subsiste le majestueux donjon, penché mais à la hauteur de la puissance de Romée. Les autres bâtiments ont été remaniés dans le style Renaissance, au XVI siècle, qui a vu la construction des remparts situés à proximité immédiate du château.
Entre ces deux époques, la forteresse a été gardée par les Grimaldi avant de devenir possession de la seigneurie des Lascaris.
Le séjour du François 1er et de sa cour en 1538 est sans conteste l'événement le plus prestigieux de l'histoire du château. Le roi, présent dans la région pour signer la trêve de Nice avec l'empereur Charles Quint, y a séjourné pendant plus d'un mois.
Beaucoup plus tard, les lieux, appartenant désormais aux Panisse-Passis, serviront de base à l'occupant allemand lors de la deuxième guerre mondiale. Le donjon porte encore les traces des bombardements alliés qui ont libéré Villeneuve en 1944.
Visites durant toute l'année les mercredi et vendredi, à 14 h. En juillet et en août, visite en matinée tous les jours, du lundi au samedi. Tarifs: 5 euros (adultes); 3 euros (10-16 ans); gratuit pour les moins de 10 ans. Renseignements et inscriptions au 04 92 02 66 16.
D’après « Les Châteaux du Moyen-âge en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 20 € : téléphoner au
04 93 24 86 55
Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité ! Aussi, les différences l’emportent largement sur les points communs.
Quel rapport entre la Provence romaine, soumise aux déferlements des hordes barbares et celle annexée au Royaume de France de Louis XI ?
Terre de passage et de partage, les Alpes Maritimes – ou Provence orientale – sans ignorer ces disparités, conservent les facteurs d’une unité enracinée dans le sol et dans les mentalités.
Qu’il s’agisse de la langue latine, de la religion chrétienne, de la construction des états modernes aux œuvres de l’intelligence, cette époque fournit en ce lieu tous les éléments nécessaires pour appréhender dix siècles de cataclysme et de grandeur.
La découverte des châteaux et des forteresses médiévales du « Pays d’Azur » (Alpes Maritimes), témoins authentiques des bouleversements de cette période clé n’est pas aisée ; elle constitue pourtant le meilleur moyen de retrouver ces temps disparus.
Les plus anciennes constructions datent d’un millénaire ; en parties détruites ou restaurées, elles offrent rarement leur visage primitif, laissant le plus souvent à l’imagination le pouvoir de les faire renaître.
L’archéologie de l’âme peut nous aider à retrouver l’image vivante de la chevalerie et des nobles hantant ces demeures oubliées.
Elle nous sera restituée grâce à de nombreuses anecdotes émaillant l’austère description des sites. Puisées dans les chroniques et les légendes, elles restituent une vision de valeurs fondées sur l’honneur et la foi.
Confronté à l’hostilité et à la violence d’un monde obscur, l’homme médiéval exprimera une part de ses ambitions et de ses craintes par des ouvrages défensifs. Ces orgueilleux édifices inscrivent dans le paysage les premières empreintes de l’histoire mouvementée des Alpes Maritimes.
Laissons-nous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision par Edmond Rossi, un niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît bien. Il nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres.
Rappelons qu’Edmond Rossi est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l’Histoire des Alpes Maritimes et de la mémoire de ses habitants.
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05/07/2010
VILLENEUVE LOUBET EN 1830
LA VIE A VILLENEUVE LOUBET EN 1830
ViIleneuve faisait partie du 'canton de Vence et avait une population de 700 habitants répartis en 120 feux dont 100 réunis en ville et 20 isolés dans la campagne. Bien que non cadastrée encore, son étendue des terres occupait 632 hectares, 45 ares et 59 centiares, dont 151 hectares de terres labourables, 90 de vignes, 88 d'oliviers, 287 de bois, 16 de prairies et 5 de jardins. Les friches et chemins occupaient 93 hectares et les propriétés bâties 1 hectare 67ares.
On récoltait 600 hectos de blé, insuffisants pour la Consommation (le reste venait d'Antibes) et on importait 540 hectares de seigle. Les 74 hectos d'avoine ne constituaient que la moitié de ce qui était nécessaire et la production de vin atteignait 250 hectos. Presque tous les raisins étaient portés à Nice où on le vendait 0 F, 10 centimes le kilo. Les deux moulins à huile du Loup et un autre à recense donnaient 15.200 kilos d'huile qui excédaient nettement les besoins locaux et le surplus était vendu à Antibes et Cannes.
On recueillait 200.000 pieds de tabac et 960 kilos de chanvre vendus aux marchés voisins 1,50 F le kilo. Les figues sèches, 6.000 kilos, étaient en partie consommées sur place. On envoyait du bois à brûler à Marseille qu'on vendait 0,50 F les 48 kilos sur place. Cependant, les transports locaux ne disposaient que d'une voiture à cheval pouvant charger 600 kilos. Tous les transports se faisaient à dos de mulet et on disposait de 80 chevaux ou mulets à cet effet. 60 ânes étaient utilisés et; pour la culture des terres. 45 boeufs permettaient les labours. Outre les moulins à huile, le Loup faisait tourner deux moulins à un tournant qui pouvaient moudre 36 hectos de blé en une journée, et une scierie à eau à deux lames donnant en un jour 25 douzaines de planches de 2 mètres de long et 0,02 d'épaIsseur qui étaient portées à Marseille où elles servaient aux emballages.
La population, outre ses 300 cultivateurs, se décomposait en 4 commerçants, 6 artisans. I boulanger, 3 bouchers, 3 cabaretiers, 2 tailleurs, 3 cordonniers, 1 maréchal-ferrant. 2 tisserands, 3 maçons et I charpentier..
Le chemin de Villeneuve à Cagnes était en bon état, les voitures pouvaient y passer aisément, sa largeur était de cinq mètres. « De Villeneuve à la grande route (celle d’Antibes), il y a deux chemins. Celui qui est situé sur la rive droite du Loup est le plus fréquenté, mais il est humide et souvent boueux dans la partie basse. On va lui donner une nouvelle direction, A l'aide de ce détour, il sera praticable dans toutes les saisons. Sa largeur est de quatre mètres. L'autre chemin passe auprès du mur du parc du Château et suit jusqu'à la route le sommet de la hauteur ».
Enfin, l'impôt foncier de l commune se montait à 8.465 F.
D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.
Avec les "Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes", Edmond Rossi, auteur niçois de plusieurs ouvrages sur le passé de son pays, nous offre un recueil d'une centaine de relations confondant la vérité historique et l'imaginaire de la légende.
Pour tous ceux qui désirent connaître non plus une Côte d'Azur artificielle mais une terre de culture et de mémoire, ce recueil constitue une promenade originale puisée aux meilleures sources.
Les Alpes Maritimes possèdent un particularisme né d'un isolement géographique, terre de contraste. Elles offrent une tradition enracinée dans un passé fertile en anecdotes souvent ignorées.
Merveilleux voyage que ces récits qui vont des légendes des origines aux chroniques d'un millénaire de défis naturels, se poursuivant vers des villages du bout du monde pour y traverser un passé où se croisent les silhouettes d'illustres personnages et l'ombre inquiétante des sorcières.
Laissons nous conduire dans les coulisses secrètes de ce théâtre factice qu'est la Côte, vers l'intérieur de ce pays d'Azur, à quelques pas du littoral, pour en découvrir et en pénétrer l'âme.
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