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10/05/2015

GUILLAUMES : AMEN, LE VILLAGE DES CHERCHEURS D’OR

VAL D'ENTRAUNES AMEN.JPG

Amen (prononcer Amé) est un de ces hameaux perdus où se confondent l’histoire et la légende. Il faut dire que le site est propice. Ce village aujourd’hui désert est accroché sur le bord d’un val creusé par un torrent, qui s’engouffre dans une clue impressionnante, pour plonger dans les fantastiques gorges rouges de Daluis.

De nos jours, pour atteindre ce lieu isolé il faut grimper à pied pendant plus d’une heure, depuis le pont des Roberts, qui enjambe le Var au sud de Guillaumes. C’est en suivant cet étroit sentier muletier, qui contourne depuis toujours les « chalanches », ces versants chaotiques à pic sur le fleuve, que le voyageur parvenait à Nice. Ce chemin est resté l’unique débouché de la haute vallée du Var, avant que ne soit creusée la route carrossable tranchée à travers les gorges.

Parvenu au village, bien exposé au midi, sur un coteau abrité, vous découvrirez quelques masures groupées autour d’une modeste église, seule construction encore épargnée par la destruction avide des « récupérateurs » de matériaux les plus divers. Les toits ont été démontés et emportés, laissant apparaître le squelette des poutres faîtières, offrant l’intérieur des bâtisses aux outrages du temps qui y favorisent les orties et les ronces. L’école est encore identifiable, proche d’une solide demeure de deux étages.

Le dernier habitant a fait ses bagages pour rejoindre le chef-lieu (Guillaumes) au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Jusque là, un curé et un instituteur veillaient sur le destin d’une population voisine d’une centaine d’âmes.

Placé à l’écart du passage traditionnel des caravanes muletières depuis la fin du siècle, Amen, jadis florissant, va progressivement se vider avec un temps fort lors de la saignée de la grande guerre.

Aujourd’hui et à la belle saison, un berger et quelques brebis peuplent encore les ruelles séparant les maisons abandonnées. S’y ajoutent parfois des amateurs de canyoning, sport à la mode, venus là pour « descendre » la clue voisine. Mais derrière ce décor classique, d’un hameau victime de l’oubli des hommes attirés par les fascinantes lumières de la ville, se cache la mythique période de la recherche de l’or, à laquelle furent mêlés ses habitants.

L’or a toujours fasciné les hommes et les traces de sa recherche sont encore visibles ça et là dans le sol des Alpes-Maritimes.

Mais un lieu particulier a toujours attiré et retenu les prospecteurs, il s’agit du vallon d’Amen qui rejoint les gorges de Daluis par une effroyable clue. Entaille tranchée dans le schiste rouge du permien, sur la zone de contact des couches du sol primaire et secondaire (permowerfenien), cette zone offre toutes les garanties géologiques de succès.

Si vous parcourez ce vallon, vous apercevrez parfois au détour d’une piste, dans une falaise abrupte, une cavité béante, obscure, que l’on pourrait prendre pour une grotte naturelle. Mais l’œil averti distingue la marque de l’homme dans le paysage : cabanes en ruines, grands éboulis de déblais qui dévalent la pente et dont la couleur plus vive ne s’est pas encore confondue avec celle de l’environnement.

Des hommes ont donc creusé là, dans des souterrains qui nous inspirent aujourd’hui méfiance et répulsion, mais vers quels objectifs ?

Pour connaître les belles histoires du riche passé des Alpes Maritimes consultez la colonne de gauche deP cette page où sont présentés les livres de l’auteur Edmond ROSSI.

Sous l’image de la couverture, le titre du livre, il suffit de cliquer sur celui-ci pour lire sa présentation.

01/05/2015

FALICON : L’ÉNIGME DE LA PYRAMIDE

 LA MYSTÉRIEUSE  PYRAMIDE DE FALICON.JPG

L'ouverture de la grotte ainsi qu'une face de la pyramide qui la surmonte sont sensiblement orientées au sud. De ce fait, au début de l'été (solstice), les rayons du soleil éclairent l'intérieur.

La grotte des «Ratapignata» (chauves-souris en niçois) se compose de plusieurs salles. La première, accessible par une échelle de corde, est une vaste rotonde de 22 m sur 15 au centre de laquelle s'élève une énorme stalagmite semblable à une statue.

A l'ouest, une autre gigantesque concrétion est soudée au plafond comme une colonne. Au sud, un escalier de sept marches descend vers une plateforme recouverte de pierrailles. Au nord, une petite ouverture en fente permet d'accéder à l'étage inférieur où dans une seconde salle une rigole recueille un filet d'eau. Près de l'escalier, au pied d'une paroi verticale de forme triangulaire, s'ouvre une étroite fissure qui débouche sur une vaste salle, basse de plafond.

La première mention historique de la grotte et de sa pyramide remonte à 1804. Un certain Domenico Rossetti, avocat siennois, amateur d'antiquités, venu à Cimiez, décrit dans un poème en trois chants d'une centaine de vers, la grotte ouverte sur les flancs du «Monte Calvo» (le Mont Chauve) par où s'échappent le soir des nuées de «ratapignata»: la renommée des lieux est faite.

Au XIXème siècle, les monographies et les guides qui suivent citent désormais la «Grotte des Ratapignata» en ignorant souvent la pyramide et l'escalier à sept marches. Un piton de fer et des arceaux sont scellés pour faciliter la descente.

Avant la dernière guerre, des articles commencent à émettre l'hypothèse d'un lieu de culte (Pythonisse) de l'époque romaine ou, plus obscur, remontant «très haut dans la nuit des temps».

En 1970, une importante étude de Maurice Guinguand «Falicon, pyramide templière, la Ratapignata» lance la question sur le terrain des théories douteuses rejetées par le monde scientifique. S'y mêlent l'astrologie, l'occultisme et des notions historiques discutables.

Six ans plus tard, Henri Broch récidive dans «la mystérieuse pyramide de Falicon». Examinant tour à tour les différentes hypothèses d'un lieu de culte celtique ou romain, il penche lui aussi en faveur d'une fréquentation des lieux par les Templiers. Son raisonnement se base sur la découverte, à proximité de la grotte, d'un tunnel souterrain relié à un puits comblé. Bien que de tels captages de sources soient communs dans la région depuis l'époque romaine, il n 'hésite pas à y pressentir le passage des Templiers. Son opinion s'appuie sur une légende véhiculée dans le quartier selon laquelle: «les Templiers qui ont occupé la Bastide (voisine) connaissaient l'existence d'un souterrain menant à une salle du gouffre et y ont enfoui un butin».

Face à ces suppositions laissant la part belle à l'imaginaire, quelles sont les réalités archéologiques tangibles de la grotte et de sa pyramide? Pierre Bodard, scrupuleux interprète du très sérieux «Institut de préhistoire et d'archéologie des Alpes Maritimes», en dresse le bilan en 1970.

Il cite la découverte de quelques ossements fossiles d'ours des cavernes recueillis en 1851 par le Dr Naudot. Puis, il s'intéresse aux deux monuments: la pyramide et l'escalier intérieur, posant la question capitale de leurs origines. Malheureusement, l'analyse des mortiers des deux constructions n'a pas permis de conclure qu'ils soient contemporains; par contre les matériaux de la pyramide et des marches (grès) sont semblables. Reprenant ensuite les vestiges découverts alentour: stèles funéraires, tuiles, point de départ de l'aqueduc alimentant l'antique Cemenelum (Cimiez), P. Bodard y inclut la Pyramide de Falicon dans un vaste ensemble d'origine gallo-romaine. Il écarte ensuite l'hypothèse templière, cet ordre n'ayant pas eu de possessions répertoriées en ces lieux par les spécialistes.

Les fameux signes gravés vus par certains, se limitent à un A visible sur le revêtement de la face sud de la pyramide. P. Bodard écarte le reste: figure humaine de la grande stalagmite (Baphomet pour d'autres !), les croix et autres svastikas qui ne seraient que des concrétions adventives ou des fissures naturelles. Puis faisant la part des hypothèses fondées sur des éléments connus et acquis et, des suppositions de l'archéologie-fiction, P. Bodard adopte l'idée que l'ensemble pyramide-escalier constituerait les restes d'un temple dédié à Mithra. Il développe ensuite son idée en précisant ce grand culte rival du christianisme qui s'étendit dans l'Empire romain dès l'aube du IIème siècle après J.C.

Fondé sur le sacrifice du taureau (taurobole), ce culte s'exerçait de préférence dans une cavité naturelle ou dans un temple obscur (mithreum) près desquels devait couler une source. L'ouvrage «Mithra, ce dieu mystérieux» du Dr M. Vermaseren spécialiste de la question précise encore: «En Iran déjà, Mithra était belliqueux de caractère, toujours paré au combat et prêt à assister ses compagnons dans la lutte pour le Bien et à les mener à la Victoire. Dans ses mystères, l'un des grades est «miles»: soldat; son culte est un service militaire et la vie, ici-bas, une campagne au service d'un dieu victorieux. Que des légionnaires romains de tous grades, souvent aussi en provenance du Levant, se soient sentis attirés par Mithra n'est donc pas étonnant. A tous ceux qui s'engageaient sous les aigles romains, le dieu pouvait prêter son puissant appui. Cette assistance sur le champ de bataille ainsi que la discipline militaire qu'il exigeait furent des facteurs importants dans la propagation du culte de Mithra et sa reconnaissance officielle. Il suffisait que les aigles romains soient plantés dans un «castrum» pour que le culte de Mithra s'y installa aussitôt; ce fut indubitablement ce qui se passa à partir du IIème siècle après LC.».

Puis s'intéressant au lieu du culte, il ajoute: «La grotte symbolise la voûte céleste ...

L'idée dominante est toujours de représenter le dieu Mithra tauricide dans une grotte ... Le chiffre sept reçut, dans le culte de Mithra, une signification dominante. Certains reliefs des régions danubiennes représentent sept cyprès (arbres solaires) alternant avec sept poignards, coiffés d'un bonnet Phrygien. A Doura sept marches donnent accès à la niche rituelle ... Souvent le temple était orienté vers le Levant pour permettre aux premiers rayons du soleil d'y pénétrer par une fenêtre ou une ouverture pratiquée dans la voûte et de frapper directement l'effigie du dieu».

Toutes ces données caractéristiques se retrouvent à Falicon: les sept marches correspondant aux sept degrés de l'initiation mithraïque accédant à la plateforme sur laquelle le prêtre pouvait officier, le filet d'eau de la source de la salle voisine, L'ouverture méridionale de la grotte vers le soleil, reste la pyramide?

Bien que compatible avec ce culte oriental véhiculé par les légionnaires séjournant tout près de là, à Cemenelum, rien ne prouve qu'elle soit contemporaine de l'escalier intérieur, ni nécessaire à la destination religieuse de la grotte.

La réponse nous est donnée avec preuves à l'appui par un autre membre éminent de l'Institut de Préhistoire et d'Archéologie des Alpes Maritimes. Dans le tome XIII des Mémoires de cette société, le Dr C.R. Cheveneau rapporte que le long du chemin conduisant de Cimiez à Falicon des tombes romaines décorées de gravures de comus (têtes de bœufs avec cornes, ou cornes seules comme au Bégo) et des sarcophages avec glaives et croix (emblèmes du culte de Mithra) ont été mis au jour voici quelques années. Plus loin, il précise qu'au IVème siècle, une légion provenant d'Alexandrie vint tenir garnison à Cimiez, dès lors tout s'éclaire ! Mithra était particulièrement à l'honneur en basse Egypte, il n'est donc pas étonnant que ces légionnaires aient aménagé un lieu pour pratiquer leur culte selon les rites et même qu'ils aient édifié une pyramide comme chez eux pour rehausser le temple.

Donc une pyramide construite par d'authentiques Egyptiens bien loin de leur pays, on ne peut que rêver sur cette antique témoin égaré, menacé aujourd'hui par de multiples dégradations.

Pour connaître les belles histoires du riche passé des Alpes Maritimes consultez la colonne de gauche de cette page où sont présentés les livres de l’auteur Edmond ROSSI.

 Sous l’image de la couverture, le titre du livre, il suffit de cliquer sur celui-ci pour lire sa présentation.

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 Edmond ROSSI, invité d’honneur de la 18ème « journée du livre » qui se tiendra le 9 mai 2015 place de l’église, dans le « Vieux Village » de Saint Laurent du Var, dédicacera ses livres de 9h à 18h.

11/04/2015

CANNES: LE FANTOME DE LA TOUR DU SUQUET

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Les Romains établirent déjà un poste fortifié sur le piton rocheux du Suquet, offrant une vision directe vers les îles de Lérins et l’arrière-pays grassois.

Plus tard, après le départ des Sarrasins, les comtes de Provence donneront la seigneurie de Cannes aux puissants abbés de Lérins. En 1070, l’Abbé Aldebert II entreprit la fortification du Suquet dont il subsiste une tour austère et d’une pure beauté, classée monument historique. Cette tour-donjon sera achevée en 1385 par l’abbé de Thornafort qui ajoute une enceinte dont quelques restes sont encore visibles.

Le donjon carré, haut de 22 mètres, avec ses étages voûtés en berceau, est accessible grâce à une porte située au premier étage à la suite d’un escalier extérieur. Un escalier intérieur conduit à une terrasse entourée d’une balustrade offrant une vue remarquable sur la  cité, la rade et les îles. L’ensemble contigu forme l’ancien château ; le bâtiment sud a été remanié, celui situé à l’ouest a été reconstruit, seules les bases des tours carrées datent du XIIIe.

Signalons enfin que le bâtiment de l’ancien château du Suquet est un musée ouvert au public avec de belles collections ethnographiques et archéologiques.

La tour d’angle du château, dite “ Tour du Masque ”, demeure privée du comte Michel de Lacour, est entourée d’une part de mystère rejoignant la légende. Selon Michel de Lacour, le frère jumeau de Louis XIV, caché sous le fameux “ masque de fer ”, se serait réfugié dans la tour après s’être évadé de l’île Sainte Marguerite, avant son transfert à la Bastille. Mieux, il y serait mort ... à preuve les restes d’un crâne, d’un squelette et d’une cagoule découverts voici une quinzaine d’années dans une oubliette. Le crâne serait l’homologue scientifiquement prouvé de celui du Roi Soleil et le masque de velours celui peint par un artiste de la cour sur un tableau d’époque.

A ces troublantes révélations s’ajoutent des apparitions (lumières clignotantes, têtes cagoulées) constatées par les habitants du quartier, associées à des bruits étranges (chuintements, râles, fracas de porte de cave qui s’ouvre sans raison) contribuant à faire de cette tour hantée un lieu de souffrance pour une âme oubliée.

La venue d’un prêtre exorciste n’a apparemment pas apaisé les phénomènes. Précisons que le propriétaire de la tour a respecté le repos du défunt en laissant les restes dans l’oubliette. La poursuite des travaux, après sondage des murs, pourrait fort bien révéler d’autres mystères tout aussi troublants.

Pour connaître le passé de la Côte d'Azur, consultez les ouvrages présentés dans la colonne de gauche de cette page...