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10/08/2012

"LES VALLÉES DU SOLEIL", DE BRIANÇON À LA MER

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Qui dit montagne dit pays de l'étrange: partout, les dieux se sont réfugiés au cœur des régions montagneuses; en Europe comme ailleurs et depuis l'origine des hommes. Les Alpes sont un de ces massifs riches de traditions et de mystères. Le lieu central où s'est jouée cette rencontre entre une nature grandiose et hostile et des peuples fascinés et terrorisés par elle, ce sont les vallées. Celles qui permettaient le passage entre la mer et le cœur secret des massifs ont joué un rôle capital. Placé entre la lumière vive et la pierre chaude, cet ensemble méridional cloisonné forme une entité culturelle marginale méconnue.

Oratoires isolés à la croisée des chemins, chapelles abandonnées aux murs couverts de dessins naïfs, fontaines rustiques jaillissant dans le creux d'un tronc de mélèze, anciennes bâtisses aux larges balcons sur­montés de curieux cadrans solaires, vastes constructions énigmatiques ... autant de messages qui parlent à notre esprit et à notre cœur, dans le langage simple des choses d'autrefois.

Aujourd'hui, Edmond Rossi fait revivre la mémoire et la passionnante aventure des hommes de ces vallées perdues.

Pour commander « Les Vallées du Soleil » 322 pages illustrées, réédité au prix de 15 € 

 contacter edmondrossi@wanadoo.fr

03/08/2012

LE LOUP DANS LES ALPES DU SUD : "HISTOIRES DE LOUPS EN PAYS D'AZUR", UN LIVRE À LIRE

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Le loup est de retour en France et plus exactement près de nous, dans le Parc du Mercantour.

Ce « grand méchant loup », cauchemar de nos nuits d’enfant, traînant dans la mémoire collective des générations de « mères-grands » et de « chaperons » dévorés tout cru, revient cette fois sur notre territoire nanti du statut intouchable d’espèce protégée par le Conseil National de la protection de la nature et la Convention de Berne.

Réhabilité et qualifié de « prédateur indispensable à la chaîne alimentaire et aux rétablissements des équilibres naturels », le voici blanchi de tous ses crimes passés et à venir et toléré aux portes de nos villages.

Pourtant, les souvenirs laissés dans la mémoire de nos aïeux ne sont pas tendres et méritent qu’on s’y arrête.

Les Alpes Maritimes ou « Pays d’Azur », nées de la rencontre des Alpes et de la Provence, offrent un cadre exceptionnel fait de vallées aux forêts sauvages et de villages perchés aux traditions vivaces.

Notre propos sera de recueillir et présenter une anthologie d’une trentaine des récits illustrés les plus remarquables, relatifs aux diverses péripéties prêtées au loup, dans ce vaste territoire.

Issus d’une tradition orale qui se perpétuait jadis aux veillées, ces contes portaient le plus souvent sur des faits réels, auxquels nos anciens se trouvaient mêlés.

Partons vers les quatre coins du département, sur la piste mystérieuse de ce grand perturbateur que  l’imagination populaire a toujours travesti familièrement de nos propres fantasmes.

De nos jours, si la présence du loup ravit les écologistes urbains tournés vers la nature et les défenseurs des animaux, elle inquiète les éleveurs de moutons et les chasseurs.

Sujet brûlant, au centre d’une controverse passionnée divisant même les familles, au sein desquelles s’opposent parfois les générations séparées entre partisans inconditionnels du retour du loup et les farouches défenseurs des bergers, victimes des attaques du prédateur, protégé par loi.

Dans ce débat où le premier intéressé n’a pas choisi le sort qui lui est dévolu, tous les coups bas sont permis.

L’homme encore une fois a décidé du destin de la bête  avec sa propre logique.

Optant pour une approche éclairée des différents acteurs de cette impitoyable mêlée nous avons regroupé des éléments permettant au lecteur de forger son propre jugement.

Au premier plan de cette connaissance nous situons bien évidemment le loup, présenté à travers les chroniques historiques de la Provence orientale et du Comté de Nice.

Témoignages authentifiés, relations, anecdotes groupés dans une vingtaine de récits  attrayants rappellent le difficile face à face auxquels furent confrontés nos ancêtres.

Aujourd’hui encore, et plus que jamais, l’ouverture d’un « Parc à Loups » à Saint Martin Vésubie, aux portes du Mercantour, atteste de l’engouement et de l’éternelle fascination suscités par ce mythique animal.

Récemment, un spécialiste canadien du loup, Bernard Ayotte, de passage dans notre pays s’interrogeait ainsi : « il y a six cent loups en Italie et tout va bien ; il y a deux mille loups en Espagne et l’élevage ovin y est florissant ; rien qu’au Québec on recense huit mille loups et personne n’en parle ; que se passe-t-il en France avec vingt loups ? »

Les centaines moutons morts à la suite des attaques du loup dans les Alpes du sud expliquent peut-être  l’âpreté du débat ?

 

Les "Histoires de Loups en Pays d'Azur" 202 pages illustrées (18€) peuvent être commandées et dédicacées en s'adressant à  edmondrossi@wanadoo.fr

27/07/2012

HISTOIRE DE LOUP DANS LE MERCANTOUR

 HISTOIRE

 LA LOUVE NOIRE

C’est au milieu de la nuit que s’acheva la veillée. Mon grand-père s’était encore surpassé en nous racontant pour l’énième fois ses souvenirs de la Grande Guerre, alors que militaire du XV éme corps, sa bravoure et celle de ses compagnons avaient été mises en doute par un officier vindicatif. 

Sorti de la douce moiteur de l’étable où nous étions réunis, je regagnais la ferme de mes parents sans avoir allumé le « lanternin » tant la clarté de la lune était vive.

Le froid m’avait très vite saisi et j’avançais à petits pas prudents sur le chemin  gelé encadré d’un ourlet de neige.

Alors que j’approchais du hameau du Mounard, une lueur soudaine attira mon attention. Entrouverte et aussitôt refermée, la porte de la maison d’Augusta laissa échapper une ombre qui se dissipa dans la nuit. Intrigué, je m’approchais pour n’apercevoir sur la neige que les traces de pattes d’un animal, sans doute un chien, que je décidais de suivre avant de les perdre à la sortie du village.

Augusta, veuve solitaire n’avait pourtant pas de chien mais plutôt la compagnie de chats, noirs de préférence ! Cette étrange femme connue sous le sobriquet de « la masca » ( la sorcière) à cause de ses dons de guérisseuse et de voyante qui avait fait sa renommée dans tout le canton.

Estimée et crainte à la fois, elle savait enlever le mal, mais aussi le donner si on le lui demandait. Femme sans âge, toujours vêtue de noir, elle sortait rarement chacun lui livrant en rétribution de ses services le nécessaire et le superflu.

Le lendemain, j’avisais mon grand-père de cette curieuse vision nocturne. Celui-ci hocha la tête avant d’ajouter : « Ceci ne m’étonne guère, nous étions le vendredi soir et de plus tu nous as quitté un peu avant minuit. Si tu veux en savoir plus, il te faudra patienter une semaine et guetter de nouveau à la même heure aux abords de chez Augusta.»

Nous étions début février, après la saint Agathe, mais si les jours rallongeaient les rituelles veillées se poursuivaient comme au cœur de l’hiver. Dans ce monde clos bloqué par la neige, la veillée offrait un agréable lieu de rencontre. Si les hommes s’affairaient à fabriquer des outils, des instruments nécessaire à la vie courante comme les paniers, les femmes filaient la laine et le chanvre. Les enfants ne restaient pas inactifs, munis d’un maillet et d’une planche trouée ils cassaient les noyaux des abrignons (petites prunes sauvages) pour en recueillir les amandes destinées à fournir une huile fine très appréciée. Si les mains étaient occupées, les contes, avec leur inévitable cortège de  sorcières, de loups et de revenants pimentaient également ces soirées.

Plus tard l’assemblée chantait avant de déguster pommes, poires, nèfles ou sorbes cuites au four, fruits offerts par les hôtes.

Durant cet hiver rigoureux, les histoires de loups captivaient d’autant plus, depuis leur insistante menace.

En particulier, une louve noire, apparemment familière des lieux, semblait conduire la meute non seulement vers les étables mais aussi en direction des enfants jouant aux alentours.

Un soir, naïf, j’avais questionné pour savoir comment reconnaître le masc ou la masca ? J’appris que certains détails ne trompent pas : ses yeux cernés, ses mains sèches, même quand elles sortent de l’eau, les nombreux chats qui l’accompagnent, sa façon de marmonner seraient autant d’indices révélateurs. Il fallait se rendre à l’évidence, Augusta, bien que jamais nommée,  correspondait bien à ce portrait.

J’appris encore que ces serviteurs du Diable rencontraient leur maître lors de sabbats où ils se livraient à des rondes infernales, avant de recevoir leur ordre de mission pour aller tourmenter les pauvres humains

Le vendredi suivant, prétextant une grosse fatigue, je quittais la veillée plus tôt qu’à l’habitude, pour venir me poster à proximité de la demeure d’Augusta.

Le volet de la cuisine entrebâillé laissait filtrer un trait de lumière découpant la blancheur de la neige. Je m’approchais, et ce que je vis me glaça le sang.

Debout devant sa cheminée, Augusta après s’être entièrement dévêtue, enduit son corps de suie de la tête aux pieds. Puis, aux douze coups de minuit égrenés par le clocher du village, elle s’accroupit et se plaça à quatre pattes, pour ensuite changer d’aspect et se transformer en ce qui semblait être un animal à poil noir que j’identifiais à une sorte de gros chien. Son corps élancé, aux flans rentrés, sa forte encolure portant une tête massive et triangulaire surmontée par des oreilles dressées, correspondaient aux caractéristiques d’un loup. Seule l’étrange nuance sombre de sa robe semblait exclure cette filiation. Je réalisais soudain qu’il s’agissait de la fameuse et tristement célèbre louve noire, venue troubler la quiétude hivernale de notre petit village.

Par quel pouvoir mystérieux Augusta était-elle parvenue à apparaître sous les traits d’un si féroce animal ? Mais je n’étais pas au bout de mes surprises !

La bête sortit furtivement par la porte qui s’entrouvrit, comme le vendredi précédent, avant de trottiner allégrement en direction du pré de David. Je ne lâchais pas la trace et je pus alors assister à un spectacle extraordinaire dont les scènes hanteront ma mémoire à tout jamais…

Autour du gros noyer du pré voletait une nuée obscure de chauves-souris alors que sautillaient au sol quelques gros crapauds en compagnie de loups tout aussi foncés, réunis là par je ne sais quel sortilège !

Une musique étrange venue de nulle part imposait bientôt un rythme syncopé entraînant ces êtres hideux dans une folle farandole. Bientôt un colosse cornu sortit du bois, interrompant la danse traditionnelle du sabbat. Avec des cris gutturaux, soulignés d’atroces grimaces, le monstre présenta son postérieur à l’assistance, puis levant son appendice caudal il invita chacun à venir baiser ses fesses comparables à un second visage. Puis bénissant l’assemblée de ses séides avec de la pisse, le Diable offrit un affreux banquet cannibale où circulaient les plats de tripailles de malheureux défunts dont chacun pouvait se repaître.

Le sinistre festin s’acheva aux premières lueurs de l’aube. Chacun reçut alors les consignes du Maître, avant de retourner dans le monde des humains pour y commettre ses méfaits.

Plus tard, sur le chemin du retour, la louve noire avec son sourire carnassier et ses yeux dorés en amande posa sur moi son fascinant regard. Je compris alors que ma dernière heure était arrivée.

L’écume aux lèvres, l’animal bondit sur moi en grondant, me renversant dans la neige. Déjà ses crocs s’enfonçaient dans mon bras replié pour protéger mon visage.

Si  elle parvenait à refermer sa mâchoire sur ma gorge, ma fin serait immédiate.

Saisissant mon couteau, je plongeais sa lame dans la chaude fourrure vers le cœur de l’animal qui soudain s’amollit avant de m’écraser sous son poids. 

Lorsque je revins sur les lieux de l’attaque, en compagnie de mon grand-père, seule la neige rougie attestait encore de la réalité du combat, curieusement, la dépouille de la bête avait disparu.

Dans la journée, nous apprîmes le décès d’Augusta, à la suite d’une malencontreuse chute sur un chenet. Le jour suivant, le glas sonna vainement pour accompagner le départ de l’âme de la louve noire, vers un au-delà qu’elle avait si souvent fréquenté.

D’après «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 18 €  contacter: edmondrossi@wanadoo.fr

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