01/06/2010
“CHRONIQUES D’UN MILLENAIRE DE CATASTROPHES VÉCUES DANS LES ALPES MARITIMES"
Cataclysmes naturels, épidémies, calamités diverses s’échelonnent tout au long de l’Histoire des Alpes-Maritimes.
Il nous est apparu intéressant de les recenser pour donner un reflet réel de la ténacité et de la patiente obstination des générations successives qui occupèrent la région.
Après le passage de ces catastrophes dévastatrices, les survivants recommençaient inlassablement avec courage à rebâtir leur cadre de vie. Face à des forces aveugles qu’ils ne pouvaient maîtriser, les hommes ne savaient opposer que leur simple volonté de vivre et leurs prières.
Cruel destin des humbles que l’Histoire marginalise parfois au profit de héros et de faits jugés plus glorieux.
Pendant ce millénaire, l’homme des Alpes-Maritimes, occupé avant tout par des activités en relation avec la nature, a souvent éprouvé le besoin d’interroger le ciel pour en deviner les caprices.
Parmi les événements remarquables qui ont bouleversé l’ordre des saisons, détruisant le sol, les récoltes et parfois même les habitations, nous avons retenu au fil des siècles les plus sévères, ceux qui ont marqué la mémoire collective de nos aïeux, laissant une trace écrite dans les annales. Le froid, la grêle, les pluies diluviennes, la sécheresse, les ouragans comme les éboulements sont autant de calamités météorologiques cycliques auxquelles nous avons ajouté les attaques imprévues des insectes et du feu.
Aujourd’hui, au seuil d’un nouveau millénaire, cette rétrospective est riche d’enseignement sur la modestie dont doit faire preuve l’homme vis-à-vis de son milieu naturel. “ On ne commande à la nature qu’en lui obéissant ” (Bergson) ; cette règle, scrupuleusement observée par nos ancêtres, ne les a pas toujours mis hors d’atteinte d’imprévisibles agressions.
Bien souvent trompeur, le ciel d’azur de ce beau pays sera traversé au cours des siècles par les menaces de nuées destructrices. Rien ne peut nous assurer aujourd’hui encore que le même climat ne reproduise les mêmes effets.
Saisons précoces et tardives :
Au XIXème siècle, la précocité comme le retard des saisons ont été observés et notés dans le Pays niçois.
Voici relevés quelques écarts intéressants :
1822 La chaleur est si précoce qu’on débute les vendanges le 10 Août (pour la
St Laurent) de Châteauneuf à Contes, et de Tourrette à Peille. A la St Michel, les feuilles avaient déjà disparu sur les vignes et les figuiers.
1825 Même phénomène avec de plus un hiver très doux.
1829 Cette année reste mémorable par la belle apparence de toutes les récoltes qui n’aboutirent pas en raison d’une saison tardive.
1830 Au milieu d’Octobre, il ne subsistait plus une seule figue sur les figuiers puisqu’elles avaient déjà mûri “ chose très rare et non vue depuis longtemps ”.
1882 Sera également une année de vendange précoce, les figues suivirent puisque mises au séchoir début Août.
1889 A l’inverse, cette année là, les vendanges se firent seulement à la fin Octobre et la récolte de figues ne débuta qu’à la fin Septembre. Le beau temps et la chaleur seront ensuite présents, facilitant le séchage des figues jusqu’en Décembre. On en cueillait encore sur les arbres à la Noël.
1924 Plus près de nous en Décembre 1924 dans le canton de Contes, plusieurs amandiers étaient en fleurs et la vigne bourgeonnait déjà. Les paysans se méfiaient de cette floraison hâtive. De fait, l’été fut très frais et les vendanges tardives ne purent parvenir à maturité.
Le froid, la neige et la grêle :
Le froid, la neige, la grêle plus spectaculaires dans leurs effets destructeurs sont notés très tôt dans les chroniques.
765 Des froids exceptionnels sont signalés dans le Midi du Comté de Nice et en Provence. Les rivières gelèrent.
1239 Papon indique des chutes de neige continuelles suivi d’un froid intense dans toute la région “ occasionnant des gelées dommageables pour la campagne ”. Le vin gela dans les tonneaux et d’énormes glaçons s’amoncelèrent sur le bord des cours d’eau. Le Var charriait des glaçons. Jourdan Badat, gentilhomme niçois, consacra sa fortune au soulagement des malheureux.
1364 L’hiver fut des plus rigoureux. Les fleuves et les rivières gelèrent.
1494 Un froid très vif brûla les oliviers.
1623 Cette année là, le 5 Janvier, le Paillon fut gelé d’une rive à l’autre et l’eau ne coulait que sous la glace.
1709 La rigueur de l’hiver fut telle que les 6, 7 et 8 Janvier le froid détruisit toutes les campagnes. On eut jusqu’à 9° sous zéro. “ Il neigeait le jour, et la nuit le ciel était serein. A Lucéram, à Contes et lieux voisins, tout périt ” (Bonifacy).
Selon Durante : “ Sur toute l’étendue des campagnes de Nice, il ne resta que deux jeunes plantes d’oliviers, à Châteauneuf de Contes, dans un enclos abrité ”.
Sur les souches des arbres coupés repoussèrent de nouveaux rejetons. Ce fléau mit la population dans le désespoir et la faim qui s’en suivit fit de nombreuses victimes. La mortalité doubla dans certains villages.
1762 Les oliviers gelèrent à nouveau.
1763 Cette année, les orangers gèleront également.
1767 Le 7 Janvier, les oliviers, les orangers, les citronniers gèlent à nouveau.
1789 L’hiver sera très rigoureux, à Bendejun, un vent glacial brûla les bourgeons des arbres, fendit l’écorce entraînant le gel de la sève qui pendait aux branches. Durante signale que le 11 Janvier tous les arbres périrent jusqu’aux racines. Le poids de la neige renversa les arbres les plus robustes. Le vin gela dans les caves.
1825 Le froid tardif survint après un hiver très doux. En Janvier, on avait envoyé de St Etienne de Tinée une branche de poirier fleuri ainsi que des fraises et des violettes cueillies à St Martin Vésubie. En Avril, le froid brûla les feuilles de mûriers, ainsi que les roseaux et les vignes dans la vallée du Paillon.
1846 Du 12 Décembre au 31 Janvier, le sol gela à deux pieds de profondeur, dans toute la vallée du Paillon. Ce froid détruisit heureusement la morphéa, une maladie de l’olivier.
1789 1815 - 1840 et 1883 sont des années marquées par d’abondantes chutes de neige dont le poids endommagea gravement les arbres.
1909 Du 10 au 11 Février, en une nuit, les oliveraies seront ravagées par la force de la pluie conjuguée au poids de la neige qui abattra une bonne partie des arbres. L’Etat dut indemniser les propriétaires oléicoles.
1782-87 La grêle a souvent ravagé le Pays niçois, ainsi durant cette période elle causa d’énormes dégâts dans tout le Comté.
1791-92 La grêle détruisit les récoltes des vignes et des oliviers.
1822 Le 16 Septembre, un violent orage met à mal les territoires des communes de Contes, Bendejun et surtout Coaraze.
1825 En Juillet, deux orages destructeurs anéantissent les moissons. Le blé sera perdu.
1827 Année terrible: “ Le 6 Juillet une grande tempête s’abattit sur St Jeannet, Aspremont, Tourrette et Contes. Les dommages se firent sentir pendant deux à trois ans et peut-être même davantage ... ”
Le 18 de ce même mois, une tempête horrible se déchaîna sur Roure, Roubion, St Sauveur et Marie. Elle détruisit tout, et l’on ramassa des grêlons d’une livre.
Le 27 Août suivant, un orage épouvantable éclate à Tourrette et Contes, les vieillards disaient n’en avoir jamais vu de semblable : “ non mai piu véduta a mémoria d’uomini ”. Mais tout avait déjà été dévasté le 6 Juillet. A Tourrette, l’orage détruisit le tiers de la récolte et le festin le 8 Septembre d’Aspremont fut annulé à cause de la misère régnant au village.
1828 Gros orage à Levens et Coaraze, Bonifacy dit qu’il tomba “ un bon palme de grêle ”.
1839 Durante et Toselli rapportent que le 14 Septembre fut un jour néfaste pour Nice et ses environs. Vers deux heures de l’après-midi, pendant dix minutes, la plaine et les collines sur un rayon de 8 kilomètres furent couverts de grêlons d’une grosseur prodigieuse : le spectacle était affreux. Les légumes, fruits et olives furent anéantis et les arbres saccagés.
1926 Le 31 Octobre, dans la nuit précédent la Toussaint, un orage d’une violence inouïe, accompagné des sourds grondements du tonnerre, éclata sur toute la région niçoise. D’énormes grêlons tombèrent en abondance à deux reprises, hachant tout dans la campagne. En particulier, une belle et prometteuse récolte d’olives fut anéantie.
D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes Maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage dédicacé de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55.
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Pour tous ceux qui désirent connaître non plus une Côte d'Azur artificielle mais une terre de culture et de mémoire, ce recueil constitue une promenade originale puisée aux meilleures sources.
Les Alpes Maritimes possèdent un particularisme né d'un isolement géographique, terre de contraste. Elles offrent une tradition enracinée dans un passé fertile en anecdotes souvent ignorées.
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Laissons nous conduire dans les coulisses secrètes de ce théâtre factice qu'est la Côte, vers l'intérieur de ce pays d'Azur, à quelques pas du littoral, pour en découvrir et en pénétrer l'âme.
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