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19/05/2006

AVEC LES BANDITS DE JADIS

Constituant un passage naturel au pied des Alpes, la côte et le moyen pays ont été parcourus à toute époque par des pillards: traînards de troupes en campagne, mercenaires débandés, sans oublier les pirates venus de la mer.
Cette menace permanente entraîna les habitants dès la préhistoire à se regrouper sur des promontoires pour mieux voir et se défendre. Retranché entre les murs des villages perchés, on n'en sortira que pour les nécessités agricoles et pastorales. De là, les petits cabanons, les modestes bastides et bergeries éparpillées dans la campagne offrant, à quelques heures du village, un abri temporaire. Point de grandes fermes isolées, propres aux hautes vallées alpines, mieux protégées parce qu'à l'écart des visiteurs indésirables.
Le souvenir de ces agressions n'a pas quitté la mémoire des anciens. Voici encore quelques dizaines d'années le chemin reliant Saint Laurent du Var à Saint Jeannet était baptisé «la route des brigands». Serpentant le long des collines à travers les solitudes forestières propices aux guets-apens, il ne devait pas faillir à sa réputation jusqu’en 1970. A cette époque et à trois reprises, les fourgons blindés transportant la paye du Centre d'Etudes et de Recherche d' l.B.M. furent attaqués en ces mêmes lieux. La malédiction s'est dissipée aujourd'hui le long de la corniche où les villas résidentielles se succèdent presque sans interruption.
                                                              

           LES BRIGANDS DE

            LA GARBASSE

              

            (1ère partie)
 

                           

                         
Lorsque Sylvaine déballa les vêtements du coffre ramené à la grotte du Mont Vinaigre, elle poussa des exclamations de joie. Présentant contre son corps juvénile une superbe robe à paniers et dos flottant, décorée de dentelles, elle lança:
«Avec ça Jeannot, tu ne pourras pas dire que tu n'as pas une dame !»
Faisant lestement sauter sa chemise qui cachait deux seins pointus, la jeune fille enfila l’habit puis ajusta soigneusement le corsage lacé à baleines. De gros rires saluèrent la métamorphose de Sylvaine Gastaud. Les hommes assis autour du feu n'en croyaient pas leurs yeux. Surpris par le spectacle, Gaspard de Besse le chef entrant dans la grotte s'écria: «Oh! Mais c'est la Du Barry en personne !»
Encouragée par le succès, Sylvaine souriante se para alors d'un collier et de boucles d'oreilles garnies de brillants... Tenant un miroir à main, elle rejeta en arrière sa chevelure blonde avant d'éclater d'un rire sonore. Son ami Jean Bouis observait la scène, à l’écart, de ses petits yeux noirs pétillants du reflet des flammes qui éclairaient la caverne.
 
Ce jour-là, la chasse avait été bonne. Lorsque la chaise roulante du Comte de Grimaldi avait quitté l’Auberge des Adrets pour s'engager dans la descente de l'Estérel en direction de Cannes, une trentaine d'hommes et une femme, visages masqués par des foulards, avaient surgi au détour du chemin, pistolets aux poings, immobilisant le convoi.
 Rapidement maîtrisés les quelques hommes d'escorte s'étaient rendus.
Le Comte et sa femme furent dépouillés de leur bourse et de leurs bagages au milieu des plaisanteries.
 Quelques minutes plus tard apparaissait la patache de Maître Pellegrin, négociant en vaisselle de Brignoles remontant de Vallauris.
Les brigands ayant disparu, désemparé il libéra les malheureux voyageurs bâillonnés et ficelés au tronc d'un pin.
Nous étions le 16 septembre 1780. Le rapport de police détaillant cette opération la mit au compte de Gaspard de Besse et de ses lieutenants Gaspard Augias de la Valette, Jean Bouis de Vidauban, aidés de leur bande de  malfaiteurs.
 
Alors que la blonde Sylvaine exprima le désir de conserver les atours de Madame de Grimaldi, les choses se gâtèrent. Un partage équitable du butin devait selon
l' évaluation de Gaspard de Besse ne laisser à la jeune femme que les boucles d'oreilles. Jean Bouis exigea davantage et en particulier la robe et le collier, se disant prêt à abandonner galamment sa part au profit de sa belle. Mais Gaspard ne voulut rien entendre.
«Puisque tu refuses, dit-il à Gaspard, et bien je te quitterai, j'en ai assez de dépendre de ta volonté.
- Tu veux en faire à ta tête ? Libre à toi mon gars, mais nous n'avons plus rien à faire ensemble».
La rupture était consommée.
 
Le lendemain, Jean Bouis et Sylvaine en compagnie d'une douzaine de malandrins s'estimant eux aussi lésés prirent la route de Grasse vers d'autres horizons.
La petite troupe mit cap à l'est. Jean Bouis avait son idée: opérer à proximité de la frontière du Var, pour fuir sur les rives du Royaume de Sardaigne si les choses tournaient mal.
Trottinant du pas de leurs montures comme de paisibles voyageurs, traversant les villages et la campagne provençale brûlée par le soleil de l'été, la bande parvint à la nuit tombante au-delà de la Gaude.
Rencontrant un groupe de vendangeurs, Jean Bouis les interpella :
 «Eh! Les amis pourriez-vous nous indiquer un gîte pour nous refaire, nous et nos bêtes ?» Abusés par la tenue élégante des malandrins, les paysans leur offrirent d'occuper la bergerie de la Garbasse, abandonnée en cette saison:
«Messieurs, Mademoiselle, vous avez dépassé le bourg et vous ne trouverez plus rien avant la Baronne, la dernière auberge avant le passage du Var. Montez donc vous installer à la bergerie, elle est vaste et pourvue de paille et de foin qui vous feront bonne litière! »
 

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16/05/2006

LES RAZZIAS MUSULMANES AU MOYEN AGE

LA MENACE DES SARRASINS AU MOYEN AGE
 
Pour resituer la menace des Sarrasins dans les Alpes Maritimes, rappelons qu’après avoir été battus par Charles Martel, les Maures se replient en Provence où ils brûlent Cimiez et Lérins en 734.
Les raids se poursuivent ensuite, avec une attaque sur Nice en 813.
A la suite de sa prise de pouvoir en 822, le comte Hugues d’Arles détruit l’armée sarrasine, avant de céder ses droits au duc de Bourgogne Rodolphe II. Les Sarrasins se regroupent alors dans la Basse Provence.
Commence à ce moment-là, une période sombre pour la Provence orientale qui durera presque un siècle de, 883 à 972.
Installés au Fraxinet (La Garde-Freinet) au- dessus  du Golfe de Saint Tropez, au Cap Ferrat et à Eze,  les Sarrasins opèrent dans toute la région, ravageant  successivement Grassse, Nice, Cimiez, La Turbie et Vence.
Le comte d’Arles Guillaumes et son frère le marquis  de  Turin Arduin fédèrent  les seigneurs locaux dans  une sorte de croisade qui aboutit en 972-974, à l’expulsion définitive  des Maures de leur repaire du Fraxinet.
Après cette glorieuse épopée, Guillaume dit «le libérateur » assoit son autorité sur une Provence indépendante en prenant le titre de marquis.
Mais la menace  insidieuse des corsaires musulmans catalans ou andalous, va se poursuivre par des raids surprises  sur les côtes des Alpes Maritimes. En 1047, l’île de Lérins est de nouveau dévastée et  les jeunes moines sont emmenés en Espagne musulmane.
L’incendie criminel de la cathédrale épiscopale d’Antibes en 1125, par les princes opposés à l’évêque, sera mis ensuite au compte des Sarrasins qui, donc, sévissaient encore dans la région.   
Qui étaient ces  pirates enturbannés venus  de  la mer ? Selon les historiens, des  muwallads espagnols convertis à l’Islam ou des mozarabes chrétiens sous domination musulmane du calife de Cordoue.
S’y ajoutaient parfois des apports du  Maghreb, comme en  934, quand  une  flotte arabe, venue d’Afrique et de Sicile, saccage la ville de Gênes.
En Espagne, le  roi d’Aragon Jacques le conquérant (1213-1276 ) atténuera le péril par la conquête de Valence et des Baléares. Il en sera de même lors de la reconquête de Murcie en 1243. 
Mais il faudra attendre 1492, pour voir les musulmans, chassés de leur royaume de Grenade, quitter définitivement l’Espagne.
Durant tout le Moyen-Age, les inquiétantes felouques des flottilles sarrasines viendront depuis leurs  bases espagnoles razzier  sans vergogne  le littoral des Alpes Maritimes.
L’apport odieux d’esclaves, femmes et enfants, enlevés sur la côte de Nice à Cannes, va constituer tout au long  de ces siècles, un commerce florissant, propre à encourager la  répétition d’attaques audacieuses dont il faudra se protéger.

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12/05/2006

EVOCATION DU PASSE DU PAYS D'AZUR

LA VIE SIMPLE D’AUTREFOIS AU PAYS D’AZUR
 
Ici autour des leurs châteaux, les maisons vil­lageoises se sont assemblées, à flanc de rocher, serrées les unes contre les autres, formant enceintes percées de quelques portes donnant accès à un laby­rinthe de calades, pontis, ruelles et placettes.
Sublimes sur leur socle ou leur piton rocheux, ces vil­lages sont typiques de la région, comme de tous les pays méditerranéens, haut perchés pour échapper à la mer et à ses envahisseurs, les Barbaresques, les Maures, les Sarrasins, au début du XIXe siècle, ils venaient encore, dit-on, raz­zier les filles entre Nice et Antibes.
Pendant près de vingt siècles, entre les pillards de la mer au sud et les traînards des armées venues de l'Est ou de l'Ouest, l'une chassant l'autre, la Provence a été un pays périlleux, parcouru par des bandes. La tradition en était encore vive il y a cinquante ans, où l'on appelait la route de Saint-Jeannet à Saint-Laurent-du-Var la « route des brigands », en raison de sa solitude boisée, propice à l'agression. N'est-ce pas sur cette route que, par trois fois entre 1960 et 1970, fut attaqué le four­gon blindé transportant la paye du Centre de recherche I.B.M. de La Gaude ? Aujourd'hui, la cor­niche sur le Var est devenue une banlieue résidentielle où les villas se succèdent sans interruption.
Cette menace incessante fit qu'ici les paysans ne se bâtirent pas de grosses fermes isolées où vivre en per­manence, mais de simples abris agricoles, cabanons, bastidons, rentrant le soir s'enfermer dans le repaire de leur village où veillait à la porte, à la tour ou au clocher, le signadour. Il était bien le seul à la regar­der, la mer, dans sa méfiance. Ce sont les voyageurs des arts et des lettres, les touristes, les résidents, les retraités, les étrangers, qui en ont inventé l'obsession, tournant vers elles les terrasses et les façades de leurs villas. L'homme du pays, le paysan, ne l'a jamais recherchée ainsi, tourné qu'il était, lui, vers la mon­tagne où étaient échelonnées ses terres par planches ou terrasses aux murs et murettes de pierres sèches. Travaillées de main d'homme depuis des millénaires, elles ont donné au paysage du Pays d’Azur ses aspects d' im­menses escaliers à flanc de collines ou de baous, cam­pagnes plantées en oliviers et orangers. Orangeraies et oliveraies souvent retournées aujourd'hui à l'état sauvage dans un fouillis de hautes herbes et de basses branches chargées de fruits amers, la jusquiame blanche, la plante des maléfices, poussant vivement entre les pierres éboulées des murettes.
 
Pendant des siècles, l'usage du Pays d’Azur fut de se rendre le matin à sa campagne
- à moins que la pluie ne retienne au logis - et d' en repartir le soir pour souper et dormir au village. Cette manière de vivre déter­minant les dispositions de 1 'habitat. Chaque maison de bourg ou de village, haute et étroite, comportait : caves, à vin ou à huile en jarres; au rez-de-chaussée, écurie, remise, paneterie, puits            donnant sur  la
citerne approvisionnée en eau par les toits; à l' étage, cuisine et potager de deux à six foyers, évier, buga­dier, chambre à coucher; sous les combles, fruitier, poulailler, grenier à foin                        communiquant parfois directement avec le râtelier de l' écurie par le moyen d'un conduit, la trumba, prévue dans le mur d'arête.
Comme le raconte Marie une ancienne de Saint Laurent du Var qui a souhaité l’anonymat :
« Ici, tout le monde était cultivateur. Ils vivaient en ville et ils allaient tous les jours à leurs campagnes. Il y avait bien quelques maisons à la campagne, mais pas tellement. On cultivait des fruits, des légumes, des fleurs. Presque tout le monde faisait son vin, aussi on faisait son huile. Pour aller à notre campagne, quand on marchait bien, il fallait un quart d'heure...
Les trois quarts des paysans n'habitaient pas leurs campagnes, ils ont toujours habité la ville; on gardait les cochons à la cave, dans l'écurie il y avait l'âne ou le cheval, ou le mulet. Dans l'escalier, à chaque marche, il y avait un sac de blé, soit de légumes secs, et, au troi­sième étage, au-dessus des chambres, c'était le grenier à foin, et une petite pièce pour les provisions d'hiver : les pommes, les poires, les pommes de terre. Le matin, avant de partir pour la campagne, on mettait une chaise devant la porte, sur la chaise on mettait quatre ou cinq assiettes pleines de fruits, vous n'aviez pas besoin de mettre une étiquette, les gens savaient ce que cela voulait dire, c' était un sou l' assiette; eh bien, le soir, l' assiette était renversée et y avait le sou par­dessus...
Moi, quand je pense à Saint Laurent de ce temps-là, je pense toujours aux merveilleuses odeurs, les petites voitures qui traversaient la ville remplies de fleurs, roses de mai, jasmin, fleurs d'oranges amères, ces petites voi­tures traînées par des chevaux étaient remplies jus­qu'au bord de ces fleurs, et Saint Laurent de ce temps-là sentait bien bon... »
 
Cette vie rustique fit la renommée du pays dès la colonisation romaine, avec la culture en terrasse des oliviers, sur le modèle africain; de grands domaines, les villae rusticae, exportant leur production d'huile par Antibes sur l'Italie. Les Romains auraient aussi introduit la culture, toujours en terrasse, du bigara­dier, l'oranger commun au fruit aigre ou amer, dont la fleur distillée en eau est à la base de l'essence de néroli des parfumeurs de Grasse, elle-même base de l'eau de Cologne.
 

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