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16/11/2015

1915 DANS LES ALPES MARITIMES

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Cent ans déjà ! Presqu’une éternité ! En 1915, au cœur de la guerre et loin du front la population des Alpes Maritimes vit à l’écart, tout en percevant les échos de la tragique tourmente. Voici ce que révèle presse de l’époque.

La prise de conscience d’une guerre longue s’impose dans les esprits.

Les annonces régulières et impitoyables de décès de militaires morts au combat s’ajoutent à la cruelle exposition des nombreux blessés, séjournant dans les hôtels et palaces de la Côte, réquisitionnés pour leur convalescence. Le climat doux et ensoleillé doit favoriser leur rétablissement, le fort potentiel hôtelier fait le reste.

L’usage des gaz de combat au début de 1915, va entrainer l’afflux des blessés.

L’accueil massif de réfugiés venus du Nord de la France, après avoir été chassés de chez eux par l’invasion allemande, pose le délicat problème de leur installation dans le département.

En mai, c’est avec soulagement que l’on apprend l’engagement de l’Italie voisine aux côtés de la France et de ses alliés. Neutre jusque là, ce pays lié par la « Triplice alleanza » à l’Allemagne et l’Autriche laissait peser la possible menace de l’ouverture d’un second front.

Hélas, l’Italie va alors fermer ses frontières pour réserver ses matières premières à son effort de guerre, aggravant ainsi les pénuries existantes dans le département. Les émigrés italiens fortement présents dans la région vont la quitter pour être mobilisés dans leur pays, au total.275000 hommes sont appelés sous les drapeaux

Nourriture, charbon font défaut dans ce secteur éloigné des zones de productions agricoles et industrielles, de plus les réfugiés, soldats et convalescents ont sérieusement augmenté la population.

Une inflation galopante entraine la hausse des prix, au point que le gouvernement lance une souscription nationale en direction de l’épargne populaire.

Sur le front les soldats ne sont pas seulement harcelés par l’ennemi, la boue, le froid, les rats ou la discipline militaire. Un autre problème vient entamer le moral des troupes la cherté de tous les produits qui sont à leur disposition à l’arrière du front.

Soucieux d'améliorer « l'ordinaire » de la roulante, les mobilisés sont attirés par tout ce qu'on peut trouver à l'arrière: les œufs, le « pinard », le fromage, la charcuterie ou le chocolat. La demande provoque naturellement l'augmentation des prix, des abus dont sont coupables les « mercantis », appellation consacrée pour les petits commerçants ou fermiers de l'arrière.

Pour deux députés de l'époque, auteurs d'un rapport sur la question, le « mercanti» est « un champignon qui pousse sur le fumier de la guerre ... le profiteur de toute misère humaine »,

« L'Humanité », journal socialiste, fondé par Jean Jaurès, consacre un article à ce sujet dans son édition du 21 novembre 1915:

« La vie chère est un phénomène naturellement consécutif à la guerre. Les bras qui travaillent la terre sont occupés à se battre. La. Production des denrées agricoles est réduite. La demande en vue de la consommation augmente, au contraire, de par l'existence même des armées. Les moyens de transport à l'intérieur du pays sont restreints; les nécessités de la guerre en réclament la plus grande partie. Le marché extérieur est, pour toutes les nations, fermé ou resserré. Les importations ne disposent que d'une flotte fort diminuée. La circulation sur les mers n'est d'ailleurs assurée que partiellement. Le fret est cher. L'argent est rare. Toutes ces causes, qui entravent les transactions en même temps qu'elles diminuent la production, amènent le renchérissement...» Aujourd'hui on parle « d'inflation».

L’absence des hommes engagés sur le front augmente par nécessité l’emploi des femmes dans des activités qui ne leur étaient pas dévolues jusque là.

Ainsi des femmes apparaissent d’abord comme receveurs puis conductrices de tramway.

On signale le terrible suicide de deux jeunes filles désespérées d’apprendre la mort au combat de leurs fiancés.

L’inquiétude et le doute s’installent expliquant la fréquentation assidue des cabinets de voyantes, là encore avec une clientèle essentiellement féminine, avide de promesses et de réconfort.

Mais la fin de la guerre est encore lointaine, nous savons depuis que trois ans de douloureuses épreuves faites de larmes et de sang seront nécessaires pour connaître la fin du cauchemar.

La guerre s’achèvera avec l’armistice du 11 novembre 1918. Pour honorer la mémoire des disparus, des monuments aux morts seront édifiés dans chaque commune avec la liste gravée de leurs noms.

Les places et les rues seront baptisées pour perpétuer le souvenir de cette tragédie humaine : à Nice « l’avenue de la Victoire » (rebaptisée par la suite Jean Médecin !), la « place du XVème corps », la rue du « 11 novembre », l’avenue de « Verdun », le square « Alsace Loraine » (provinces recouvrées), du nom des généraux avenues Foch, Joffre, Pétain (rebaptisée avenue de la Liberté en 1945).

Reste dans chaque famille le souvenir des obscurs et des sans grade souvent étayé par des photos jaunies de militaires en tenue et de lettres enrubannées pieusement conservées lesquelles restituent une part de témoignages au quotidien lourds de sacrifices.

 Edmond ROSSI,

Ancien combattant de la « troisième génération du feu, 1956-1962 »

Site :

http://alpazur-edmondrossi.monsite-orange.fr/...

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