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08/07/2013

LA LÉGENDAIRE CHAPELLE SAN PEYRE DE SAINT JEANNET

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La chapelle Saint Pierre de Saint Jeannet hante toujours la mémoire des habitants du lieu, au point d’être l’objet d’une initiative de quelques bénévoles visant à la faire renaître de ses ruines. Le CAUE (Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’environnement des Alpes Maritimes) qui a recensé en 2010 l’ensemble des chapelles du département, signale ainsi ce petit joyau de l’art roman provençal:

  • Situation : A Saint Jeannet, quartier San Peyre, chemin San Peyre,
  • Historique : Cette chapelle, édifiée au XII ème siècle, desservait le hameau au pied de la butte du château dit des Templiers. Elle est abandonnée au début du XVI éme siècle. Elle est aujourd’hui en ruine.

Ce résumé laconique mérite d’être complété par les analyses et notes des historiens et chroniqueurs locaux qui, au fil du temps, se sont penchés sur son riche passé parfois de manière contradictoire. Mais « on  ne prête qu’aux riches » !

Voici ces textes par ordre d’importance.

« L'évolution d'un Village Frontière de Provence, Saint Jeannet (Alpes-Maritimes) » monographie de 1909 par J.-E. Malaussene, (Chapitre IX - Affaires acclésiastiques - II. Edifices religieux, pages 318 et 319) IX. - Chapelle Saint-Pierre.

« L'origine de cette chapelle peut facilement être reportée al XI ème siècle. Comme nous l'avons déjà dit plus haut, elle fut, d'après la tradition, la paroisse commune aux habitants de Saint Jeannet et de La Gaude. A dater de la construction de la première église spéciale à notre habitation, jusqu'en 1606, époque de l'érection de La Gaude en paroisse indépendante, elle demeurera à l'usage exclusif de cette dernière localité. Le service en était assuré par l'un des prêtres de Saint Jeannet.

Du Vair la visite en 1603, il rapporte qu'elle est bâtie proche du château distant de Saint Jeannet d'un quart de lieue et qu'elle possède un petit retable du titulaire. En 1719, Bourchenu relate qu'elle est abandonnée et, comme le chemin en est « long et raboteux », il ne va pas la visiter.

Cet édifice, au chœur cintré en pierres de taille régulières fut vendu au cours de la Révolution à titre de bien national. La majeure partie en est encore debout. Elle sert de bâtiment agricole. Le défoncement des terres limitrophes a mis à découvert plusieurs tombeaux en briques et pierres tumulaires, ainsi que de nombreux squelettes. Nous avons été surpris du bon état de conservation de certains d' entre eux déterrés sous nos yeux par l'un des propriétaires, M. Achard. Ces trouvailles démontrent d'une façon irrécusable que le cimetière était contigu à l'église comme presque partout ailleurs en ce temps-là. »
Emile Boniffacy, dans une monographie similaire relative à La Gaude datée de 1912, « Evolution sociale d'une commune provençale pendant sept siècles, La Gaude
(Alpes Maritimes), chapitre III - les origines de La Gaude, pages 48 et 49, Eglise de San-Peïre, indique : « Cette ancienne église, la première paroisse de la vieille Gaude, dont la forme élégante, les jolies pierres galbées du chœur, attirent encore l'attention, en dépit des transformations modernistes, est située à l'intersection des anciens chemins de Gattières, du Var et de Saint Jeannet. Voici la description qu'en donne M. Marius Gazielly, ingénieur civil :

« Son orientation est au levant absolu. Les murs ont 50 centimètres d'épaisseur, sauf dans le chœur où ils atteignent 0m 65. Sa largeur intérieure est de 5m. 20 et son axe longitudinal, calculé à l'intérieur des murs est de 6m. 70; le chœur y est compris pour 1m. 95. Elle est environnée d'un terre-plein, clos de murailles, qui prolonge de 8m. 60 le mur Nord de l'église; il est coupé à l'ouest en angle droit par un mur d'une longueur de 10m. 50, non tout à fait en ligne droite. La clôture, sur la façade sud du terre-plein comporte une ouverture de 1m. 75 à la distance de 3m. 45 de l'angle ouest, et à celle de 4m. 20 de l'angle Est. A ce dernier angle se dresse une niche dans laquelle se trouvait, il y a quelques années encore, une statue de Saint-Pierre. Enfin, à l'est, une muraille de 5 m. 95 va rejoindre à peu près le milieu du chœur.»

Un cimetière occupe les abords de la partie Est. La première chose qui frappe, dans l'église, est l'absence de porte dans l'axe longitudinal. Elle n'a cependant pas été raccourcie dans ce sens, l'angle nord-ouest étant encore absolument intact. Nulle trace, d'autre part, de murage de porte. Par contre, le mur sud de l'église devait se prolonger un peu plus à l'ouest ; il était encore percé de deux ouvertures, ayant été englobées dans des constructions, qui adhérèrent parfaitement à l'édifice, et dont l'une pouvait être un porche voûté ou un clocher, et l'autre une sacristie ou une petite habitation.

Ces ouvertures latérales sont symptomatiques. Elles existent très souvent dans les églises des Templiers, notamment en Espagne et chez nous, avec ou sans une autre porte ailleurs.

Comme les églises de cet ordre, celle de San-Peïre est construite en pierres taillées, posées de l'une à l'autre - et non l'une sur l'autre, avec une régularité parfaite, pour le chœur en particulier. La caractéristique de la façon est une solidité extraordinaire. Les ouvertures, toujours rares, consistent ici en une seule petite fenêtre en forme de meurtrière. Enfin le vocable de Saint-Pierre précise encore l'empreinte des Templiers, cette appellation et d'autres encore qui auraient pu paraître indifférentes ailleurs revêtent, ici, un singulier caractère de concordance. »
Georges Carrot, dans « Saint Jeannet, Village de Provence » reprend ces conclusions en rappelant  que les Templiers possédaient ici des biens et qu’ils y percevaient des redevances. Il indique que la chapelle desservait dès le XIIe siècle les habitants du hameau des Gaudes installés dans ce lieu après le départ des bandes sarrasines, avec un cimetière contigu. Une épidémie de peste de la fin du XVème siècle serait la cause de l’abandon du site.
L’ensemble des auteurs contemporains admet que la chapelle San Peïre aurait été la première église paroissiale sur le sol de Saint Jeannet.
Elle desservait à l'époque de sa construction, au XI ème siècle, les habitants du hameau des Gaudes (Alagauda). Puis, outre les villageois qui sont restés proches d'elle, ceux qui, par scission, ont fondé, au XIIIe siècle, le Castrum de Sancti Johannis voisin. Il en sera ainsi jusqu'à la fin du XVème siècle, au moment de l’abandon du site des Gaudes suite à l’épidémie de peste. Les nombreux ossements exhumés dans cette zone, témoigneraient de la suite de ces événements. Vendue à la Révolution comme bien national, la chapelle sera ensuite transformée en grange.

Aujourd'hui, propriété de la commune, ce petit chef-d'œuvre de proportions et d'harmonie, au chœur cintré en pierres de taille régulières, attend d'être restauré.
Sur le point de savoir si la chapelle San Peïre pourrait être le fait des Templiers, l'incertitude demeure. La façon dont elle est construite et le patronage de Saint-Pierre sont des indices en faveur de cette thèse. Cependant, tout comme pour le château de la Gaude, la date de son érection, au XI ème siècle, demeure précoce par rapport à l'installation de l’ordre du Temple dans ce secteur deux siècles plus tard.

La chapelle Saint Pierre ou San Peyre, continue de nous interpeller et de nous faire rêver par delà les siècles.

Des saint jeannois se sont émus de son devenir et ont décidé, avec l'accord de la Municipalité de Saint Jeannet, d'engager sa restauration avec le concours de toutes les bonnes volontés.

« L'Association Saint jeannoise des Amis de la Chapelle San Peïre »

est ainsi née. Cette poignée de bénévoles a entrepris avec ferveur de faire revivre ce joyau de l’art roman par des manifestations culturelles si ce n'est religieuses et de concourir ainsi à la sauvegarde de leur patrimoine.

EXTRAIT DES "HISTOIRES ET LÉGENDES DES BALCONS D'AZUR": LA GAUDE, SAINT JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC, BÉZAUDUN, COURSEGOULES, TOURRETTES SUR LOUP, VENCE, SAINT PAUL DE VENCE, LA COLLE, ROQUEFORT LES PINS, VILLENEUVE LOUBET, CAGNES...

De La Gaude à Vence et au Broc, le vaste belvédère qui surplombe la Méditerranée et le Var reste méconnu. La région provençale des « Balcons d'Azur » renferme pourtant des trésors histo­riques et architecturaux qu'il est urgent de découvrir, au-delà de la splendeur des paysages. C'est à ce voyage insolite que nous invite l'auteur, le long d'un amphithéâtre, au cœur duquel s'égrènent les célèbres fleurons de LA GAUDE, VENCE, SAINT-JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC.

Passant tour à tour de la réalité des faits historiques, chargés de fabuleuses anecdotes, aux légendes, Edmond Rossi, auteur de divers ouvrages sur le passé et la mémoire des Alpes-Maritimes, a recueilli et réuni quelques moments singuliers de ces villages.

Le choix de La Gaude s'impose comme le centre de gravité de ce « triangle d'or» d'une richesse exceptionnelle. Aux limites de ce secteur, des vestiges témoignent également d'un passé où l'insolite nous interpelle pour mieux conforter la légende: chapelle oubliée de COURSEGOULES, fayard de BÉZAUDUN, tombeau mystérieux de TOURRETTES-­SUR-LOUP, ruines austères de VENCE ou cachées de ROQUEFORT-LES-PINS, sentinelle fortifiée de SAINT-PAUL et abbaye de LA COLLE, châteaux de VILLENEUVE-LOUBET et de CAGNES.

La Gaude, célèbre pour son vin sera aussi l'inspiratrice de Marcel Pagnol pour sa « Manon des Sources ». D'Hercule à d'Artagnan venu arrêter le marquis de Grimaldi à Cagnes, laissez-vous guider par les fantômes des personnages, pour parcourir les vivantes ruelles de ces villages et la riante campagne alentour. L'agréable découverte de ces bourgs authentiques aux limites de la Provence, vous révélera bien d'autres trésors, dignes de ceux cachés là par les Sarrasins et les Templiers, bien présents dans tout ce secteur.

Ce livre est édité par les "EDITIONS CAMPANILE" http://www.editions-campanile.fr

avec possibilité d'y être commandé.

Ouvrage illustré, de 160 pages, également disponible dans toutes les bonnes librairies au prix de 18 € et dédicacé par l'auteur, en contactant: edmondrossi@wanadoo.fr 

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