Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/01/2013

VENCE ET LA GAUDE AU MOYEN ÂGE: DE FUNESTES REFUGES DE CATHARES

17 LE CHATEAU DE LA GAUDE.jpg

Tout au long du XIIe et XIIIe siècle, l’Eglise dut combattre des hérésies dont les plus importantes furent celles des Vaudois et des Cathares.

Les Cathares, surtout nombreux en Italie du Nord et dans le Midi de la France, croyaient que le monde et la société étaient entièrement mauvais. Ils voulurent remplacer le christianisme par une autre religion et former une autre église.

L’Eglise de Rome mena contre eux, en Languedoc, une terrible croisade. Elle fonda ensuite pour lutter contre les hérétiques un tribunal spécial : l’Inquisition.

Si les Vaudois sont inspirés par la pauvreté, en réaction contre la richesse, les Cathares poursuivent un idéal de pureté, en se réclamant d’une tradition spirituelle orientale, le manichéisme, opposant le bien et le mal.

Le Catharisme se développe surtout en Italie du Nord et dans le sud  de la France actuelle (Provence et Languedoc), le long des routes commerciales qui unissent ces régions aux Balkans byzantins, foyers de manichéens orientaux : les Bogomiles.

Les hérésies, devenant de véritables religions hostiles au christianisme, s’organisent en églises avec leurs rites et leur hiérarchie.

Il y eut des évêques cathares et un grand concile international cathare se tint en 1167 à Saint Félix de Caraman, près de Toulouse.

Cette véritable contre-église s’installe également en Provence orientale et eut à subir à la fin du XIIe siècle l’hostilité de l’église romaine, résolue à exterminer l’hérésie par la force.

L‘Eglise organise contre les Cathares du Midi de la France ou Albigeois, une lutte armée qu’elle reconnut comme une «croisade », avec tous les avantages matériels et spirituels qui s’y rattachaient. Encadrés par des légats pontificaux (moines et abbés cisterciens), les petits seigneurs et les aventuriers venus de la France du Nord surpeuplée, se ruèrent à l’assaut des riches terres et des villes du Languedoc.

Malgré les atrocités comme le sac de Béziers (1209) où la ville fut pillée et incendiée (y compris la cathédrale) où des milliers de femmes, enfants, vieillards, réfugiés dans les églises, furent massacrés,  il fallut l’intervention du roi de France à partir de 1219, pour venir à bout de la résistance des Albigeois.

Le traité de Paris de 1229 prépara la réunion de la France du Midi et de la France capétienne du Nord.

Les hérésies, cathares ou vaudoise, recrutaient leurs fidèles dans toutes les classes de la société. Mais les plus fervents adeptes venaient des opposants à l’ordre économique, social et politique du système féodal : marchands, notables des villes, travailleurs des champs et des villes (comme les tisserands), mais aussi quelques nobles.

La croisade ne mettant pas fin à l’hérésie, l’Eglise eut alors recours au tribunal de l’Inquisition, pour traquer et juger les hérétiques. Comme les accusés refusaient le plus souvent d’abjurer, l’Eglise les abandonnait alors au «bras séculier », c’est à dire aux autorités publiques et laïques qui étaient tenues de les châtier.

En France, la peine consistait le plus souvent à être brûler vif.

Ces moments d’horreur de notre histoire ont laissé des traces dans les chroniques des Alpes Maritimes.

Surgi, près du château, le Castrum de Gauda sera d’après l'opinion de certains histo­riens, entièrement rasé à la suite de la résistance opposée par une bande d'Albigeois, réfugiés en ce lieu vers 1215.

« La Gaude ayant offert l'hospitalité aux Carthares, lors de leur massacre dans le Midi, fut punie de cette bonne action; on en rasa les murs et il ne resta debout que les ruines du vieux château, que l'on voit encore aujourd'hui et qui fut une habitation des Templiers. » selon Xavier Eyma, (Nice et les AIpes-Maritimes, I865).

Tisserand confirme dans son « Histoire de la cité de Nice et des Alpes-Maritimes, T. I, p. 183. » :

 « Depuis la défaite de Muret, les bandes errantes des Albigeois couraient le pays. Le comte (Raymond Bérenger) leur donna vingt-quatre heures pour quitter la Provence, puis il les traqua partout. La Gaude, l'un de leurs repaires, fut incendiée ».

Cette destruction expliquerait le départ des rescapés plus au sud, où ils allèrent fonder, avec les habitants d'Alliganza (La Condamine), les deux hameaux de la Haute et de la Basse-Gaude.

La réunion des trois castrum formera le castrum de Triganza.

L. Dailliez (Vence : un diocèse, une cité, un canton) signale que Guillaume Giraud, évêque de Vence de 1176 à 1193, s’attacha surtout comme le fit son prédécesseur Lambert «à combattre les hérétiques qui prêchaient leur doctrine dans le diocèse…Le diocèse de Vence avait ouvert ses portes aux Albigeois et aux Cathares qui commençaient à réunir quelques embryons de communautés à La Gaude et à Gattières ».

Plus loin l’auteur poursuit : « Romée de Villeneuve fut dans l’obligation de lutter contre les hérétiques. Venant d’Italie ou chassés par les barons du Nord, faisant la pluie et le beau temps dans le Languedoc, les Vaudois et les Cathares s’installent dans notre région et principalement à La Gaude. Une église est installée et nous trouvons mention d’un évêque cathare dans la région…Les archives inquisitoriales de Lombardie à Milan font état de quatre brûlements à Vence au lieu-dit l’Enfer, en présence de l’inquisiteur de Nice, frère Giacomo et de l’évêque du lieu le 19 juillet 1241. Il en sera de même à La Gaude et Gattières ».

La vocation cathare de La Gaude apparaît évidente à la lecture de ces documents, avec le cortège de persécutions qui en découlèrent.

Paul Canestrier (Traditions religieuses en Pays niçois) indique : « Des colonies de Cathares, d’Albigeois, de Vaudois et d’autres iconoclastes chassés du Languedoc se fixèrent dans les vallées, notamment à Saint Etienne de Tinée, à Péone, à Sospel, au début du XIV ème siècle. Ces hérétiques troublèrent les esprits, incubèrent des idées ariennes, le satanisme, le goût de la magie et de la sorcellerie, réveillèrent les croyances païennes aux bons et aux mauvais génies. Le résultat le plus clair fut de répandre, dans les masses populaires, la peur du Diable, des esprits du mal et de leurs auxiliaires, les sorciers. ».

G. Beltrutti (Tende et La Brigue) précise, au sujet des sorcières victimes de la sévérité des autorités civiles et religieuses : « En 1426, une femme de La Brigue,  accusée de sorcellerie, fut torturée et brûlée à Sospel ; le 10 octobre 1446, le bailli de La Brigue a recours au souverain pontife et s’oppose à la demande de remettre plusieurs sorcières au vicaire apostolique de Sospel. L’évêque de Vintimille s’occupe aussi des sorcières et des hérétiques. Lors de l’été 1497, il envoie à La Brigue l’inquisiteur Fra Girolamo ».

Beltrutti poursuit : « Il est donc prouvé qu’à cette époque, nous nous trouvons en présence d’un mouvement hérétique qui, bien qu’encore circonscrit, détermine déjà la présence d’un inquisiteur à La Brigue. Les premiers éléments  concernant l’apparition des hérétiques dans la vallée de la Roya remontent à 1476, c’est à dire à l’époque où l’évêque de Vintimille faisait monter au bûcher de nombreux hérétiques comme le narre Gioffredo ».

J.P. Domerego (Sospel, l’histoire d’une communauté) confirme : « C’est surtout La Brigue qui, vers le milieu du XV ème siècle, devient un centre très actif ouvert aux idées des Vaudois.

Dès cette époque les prêtres de Tende, La Brigue et Saorge prêchent ardemment contre les hérétiques. Cependant beaucoup de croyants se réunissent déjà dans une grotte dite «grotte des Couettes » où des pasteurs commencent à prêcher et à enseigner directement la parole du Christ. De là, l’enseignement gagne Vernante et Sospel où les propositions nouvelles se propagent rapidement dans les masses, prédisposées depuis le siècle précédent, Sospel devient un foyer d’hérétiques.

En 1471, l’évêque de Vintimille se présente dans la ville.

Avec l’approbation du gouverneur de Nice, il fait élever un grand bûcher sur les rives de la Bévéra et fait brûler vives une dizaine de personnes convaincues d’être hérétiques.

La persécution ne cesse pas un seul instant car, dès 1488, le pape Innocent VIII proclame une nouvelle croisade contre les Vaudois.

Les ducs de Savoie se montrent très cruels à l’égard de leurs sujets épousant les idées nouvelles. On voit même le vice-gouverneur Claudio Bonardi venir en personne à Sospel afin d’allumer de nouveaux bûchers. ».

Ainsi est attesté que la lutte fut impitoyable, dans l’ensemble du diocèse de Vintimille, contre les partisans de la doctrine vaudoise.

Les Alpes Maritimes ont donc étaient impliquées directement dans la tourmente religieuse du Moyen-Age et durent subir la cruelle répression de l’Eglise de Rome.

Les sinistres bûchers de l’Inquisition s’allumeront ici comme ailleurs, sur les places des villes et des villages pour d’innocentes victimes «diabolisées » qui n’avaient que le seul tort de croire autrement.

EXTRAIT DES "HISTOIRES ET LÉGENDES DES BALCONS D'AZUR": LA GAUDE, SAINT JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC, BÉZAUDUN, COURSEGOULES, TOURRETTES SUR LOUP, VENCE, SAINT PAUL DE VENCE, LA COLLE, ROQUEFORT LES PINS, VILLENEUVE LOUBET, CAGNES...

De La Gaude à Vence et au Broc, le vaste belvédère qui surplombe la Méditerranée et le Var reste méconnu. La région provençale des « Balcons d'Azur » renferme pourtant des trésors histo­riques et architecturaux qu'il est urgent de découvrir, au-delà de la splendeur des paysages. C'est à ce voyage insolite que nous invite l'auteur, le long d'un amphithéâtre, au cœur duquel s'égrènent les célèbres fleurons de LA GAUDE, VENCE, SAINT-JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC.

Passant tour à tour de la réalité des faits historiques, chargés de fabuleuses anecdotes, aux légendes, Edmond Rossi, auteur de divers ouvrages sur le passé et la mémoire des Alpes-Maritimes, a recueilli et réuni quelques moments singuliers de ces villages.

Le choix de La Gaude s'impose comme le centre de gravité de ce « triangle d'or» d'une richesse exceptionnelle. Aux limites de ce secteur, des vestiges témoignent également d'un passé où l'insolite nous interpelle pour mieux conforter la légende: chapelle oubliée de COURSEGOULES, fayard de BÉZAUDUN, tombeau mystérieux de TOURRETTES-­SUR-LOUP, ruines austères de VENCE ou cachées de ROQUEFORT-LES-PINS, sentinelle fortifiée de SAINT-PAUL et abbaye de LA COLLE, châteaux de VILLENEUVE-LOUBET et de CAGNES.

La Gaude, célèbre pour son vin sera aussi l'inspiratrice de Marcel Pagnol pour sa « Manon des Sources ». D'Hercule à d'Artagnan venu arrêter le marquis de Grimaldi à Cagnes, laissez-vous guider par les fantômes des personnages, pour parcourir les vivantes ruelles de ces villages et la riante campagne alentour. L'agréable découverte de ces bourgs authentiques aux limites de la Provence, vous révélera bien d'autres trésors, dignes de ceux cachés là par les Sarrasins et les Templiers, bien présents dans tout ce secteur.

Ce livre est édité par les "EDITIONS CAMPANILE" http://www.editions-campanile.fr

avec possibilité d'y être commandé.

Ouvrage illustré, de 160 pages, également disponible dans toutes les bonnes librairies au prix de 18 € et dédicacé par l'auteur, en contactant: edmondrossi@wanadoo.fr 

Les commentaires sont fermés.