31/08/2012
A ISOLA : PROCESSIONS MACABRES ET SABBATS
La nuit du 2 novembre, se déroule à travers crêtes et vallons, une bien étrange procession activée par les soirs de mistral. Celle-ci débute à la tombée du jour, en entraînant les morts dans une folle randonnée dans le massif frontalier dominant Isola 2000.
Partant de la vallée transalpine des Thermes de Valdieri, elle débouche derrière la bien nommée Roche de la Poûr (de la peur) à 2972 m. De là, le noir cortège descend silencieux et impressionnant, dans la combe du Rio Freddo, puis suivant les sommets frontaliers, elle passe de la cime du Malinvern à celle de la Lombarde, bifurquant au-delà du col de la Lombarde pour escalader le col des Morts. La troupe, en rangs serrés, descend le vallon du même nom pour poursuivre par celui de l’Aver, dont l’étymologie dérive du latin avernus signifiant l’enfer.
Serpentant sans interruption à travers la transparence livide des névés, les rochers déchiquetés et les éboulis, l’insolite défilé forme une suite continue depuis la Roche de la Peur jusqu’à l’Enfer. Mais d’autres défunts, tous aussi déterminés, les rejoignent au sinistre col des Morts venant du Prefouns Charnier (ossuaire), après avoir déambulé vers la pointe de la Malecia (la maudite), au-dessus du célèbre sanctuaire de Sainte-Anne-de-Vinadio.
Cette nuit là, chacun se cache chez soi, abandonnant la montagne aux âmes errantes des disparus qui voyagent ainsi, jusqu’à l’aube, dans le brouillard des sommets.
Le charme sera seulement rompu lorsque le chant étouffé d’un coq se répercutera en échos, depuis le fond de la vallée. Alors la rumeur des torrents et le souffle du vent donneront une nouvelle vie à ces sites dantesques où l’homme s’est toujours senti exclu.
Nous ne quitterons pas les montagnes du Parc du Mercantour sans citer les lieux singuliers où s’ébattent d’autres créatures infernales : les sorcières !
Leurs séjours de prédilection s’essaiment tout au long de la chaîne frontalière sans aucun souci des limites territoriales.
On distingue tout d’abord, au fond de la vallée de la haute-Tinée, au-dessus du hameau perdu du Pra, le Mont Bal ; dominant Saint-Martin-Vésubie, le Balaour du Mont Archas et plus haut celui du Balcon du Gelas.
Puis passant dans la fameuse Vallée des Merveilles où les adoratrices de Satan se taillent la part belle avec la Valmasque, on remonte au-delà du col de Sabion, pour atteindre la cime de Valmasqua. Enfin, plus à l’ouest dans le massif du Marguareïs, surmontant La Brigue, signalons la cime du Plan Balaour.
Là-haut, sur ces terres maudites, les nuits de pleine lune, parmi les cris, les ricanements et les danses, les sorcières célèbrent leurs messes noires à la gloire de leur maître le Prince des Ténèbres. Chevauchant leurs balais, ces créatures diaboliques complotent et se livrent à d’abominables orgies jusqu’aux premières lueurs de l’aube.
Elles disparaîtront là encore, lorsque retentira l’écho du premier chant du coq.
Bien que toujours hostile sous les chauds rayons du soleil, la montagne retrouvera pour un temps, sa sérénité.
Rassuré sur ses propres fantasmes, l’homme s’aventurera alors dans ces solitudes alpestres.
D’après « Les Vallées du Soleil », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : contacteredmondrossi@wanadoo.fr
Voir:
http://www.enprovence.fr/rubrique/culture-et-mode_r5/si-l...
« LES VALLÉES DU SOLEIL »
EDMOND ROSSI RACONTE LES ALPES DU SUD
Qui dit montagne dit pays de l'étrange: partout, les lieux se sont réfugiés au cœur des régions montagneuses; en Europe comme ailleurs et depuis l'origine des hommes. Les Alpes sont un de ces massifs riches de traditions et de mystères. Le lieu central où s'est jouée cette rencontre entre une nature grandiose et hostile et des peuples fascinés et terrorisés par elle, ce sont les vallées. Celles qui permettaient le passage entre la mer et le cœur secret des massifs ont joué un rôle capital. Placé entre la lumière vive et la pierre chaude, cet ensemble méridional cloisonné forme une entité culturelle marginale méconnue.
Oratoires isolés à la croisée des chemins, chapelles abandonnées aux murs couverts de dessins naïfs, fontaines rustiques jaillissant dans le creux d'un tronc de mélèze, anciennes bâtisses aux larges balcons surmontés de curieux cadrans solaires, vastes constructions énigmatiques ... autant de messages qui parlent à notre esprit et à notre cœur, dans le langage simple des choses d'autrefois.
Aujourd'hui, Edmond Rossi fait revivre la mémoire et la passionnante aventure des hommes de ces vallées perdues.
Pour en savoir plus sur un village typique chargé d’anecdotes et d’images du passé : Cliquez sur
17:20 Publié dans Découverte du Pays d'Azur, HISTOIRE, Livre, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)
24/08/2012
A BAR SUR LOUP : DANSONS AVEC LE DIABLE !
Lorsque pénétra dans la cour du château le messager de la reine Yolande, Bertrand de Grasse se préparait au banquet qui allait suivre son retour de chasse, François de Villeneuve et sa femme dame Silette furent les premiers à le féliciter pour sa promotion au titre de gouverneur. Nous étions en 1417, la reine Yolande, veuve récente de Louis II comte de Provence, assurait la régence, ses quatre enfants étant tous mineurs en droit royal.
La souveraine ne pouvant visiter toutes les populations de son comté, légua ses prérogatives pour les lointaines terres de Vence et sa région à Bertrand de Grasse, seigneur de Bar. Le nouveau gouverneur possédait toutes les vertus et les défauts propres au lion porté sur son blason, plus surprenant encore, il en avait les traits physiques. Une abondante crinière rousse encadrait son visage carré, fendu d’une large bouche surmontée d’un nez épais séparant deux yeux mobiles abrités sous de broussailleux sourcils. Homme jeune et actif, passionné et autoritaire, aimant le luxe et les plaisirs de la vie, Bertrand de Grasse allait remettre en question les droits octroyés par les comtes de Provence, s’attirant les vives inimitiés de ses sujets. Droits de pacage, usage des eaux, chaque fois le gouverneur tranchera de façon arbitraire et impitoyable, provoquant les contestations des gens de Tourrettes, Vence et Saint Paul. Assuré de son pouvoir, Bertrand ira jusqu’à braver l’Eglise, mais là les choses se gâteront.
Le château de Bar, centre de décision, était devenu le rendez-vous de toute la noblesse locale. Chaque occasion y devenait prétexte à fêtes et réceptions brillantes où se distinguait le beau Bertrand, célibataire et jouisseur impénitent.
Après de plantureuses agapes où rôtissaient dans les vastes cheminées bœufs, moutons, agneaux et gibiers, copieusement arrosés par les vins liquoreux de La Gaude et Montaleigne, les convives se lançaient dans des farandoles endiablées rythmées par le tambourin et le galoubet des meilleurs ménestrels.
La brise de la nuit portait jusqu’aux chaumières d’alentour les fumets des viandes rôties et les notes stridentes, mêlés aux cris et aux rires des donzelles lutinées dans les couloirs et les chambres du château.
Au chant du coq, lorsque enfin la paix s’installait avec le jour naissant, le prieur Malerati, après une nuit d’insomnie et de prières, sonnait à toute volée un angélus vengeur, rappelant à chacun ses devoirs de chrétien.
Bertrand, lassé par la mesquinerie de l’homme d’Eglise, convoqua ce dernier et lui déclara sans ménagement : « Cesse de troubler le sommeil des justes, si tu ne veux pas encourir la bastonnade, ici le maître c’est moi ! ». L’autre maugréa des excuses et ne se le fit pas dire deux fois. Dans les jours qui suivirent, Malerati, rancunier, porta l’affaire jusqu’aux oreilles de l’évêque de Vence, Antoine Sabranti, lequel ne donna pas suite, soucieux de ménager le puissant et tyrannique gouverneur.
Nous étions en 1437, le Carême approchait. N’en ayant cure, le beau et léonin Bertrand préparait déjà une grande soirée, célébrant à la fois les fêtes de ses trois jeunes et jolies cousines, Bernadette d’Agoult, Béatrice de Trans et Isabelle de Cabris. Festoyer pour le Carême ! Pour le prieur la provocation était à son comble ! Ce soir là, l’hôte du château se surpassa, les salles et les chambres décorées de superbes tentures, chauffées par leurs nombreuses cheminées, furent parfumées abondamment aux essences rares de rose, jasmin et violette, les senteurs favorites de ses trois cousines.
Après le bal où les invités se déchaînèrent, enivrés de gaieté et de bon vin, la nuit se poursuivit en jeux galants où chacun pu s’adonner librement à la licence. Une fois de plus, témoin de ces ébats nocturnes, les habitants de Bar et leur prieur, observant pieusement le jeûne, se signèrent plus d’une fois lorsque leur parvinrent du château les rumeurs de ces débordements. Comme à l’habitude, aux premières lueurs de l’aube, tout s’apaisa et, avec le silence retrouvé, chacun put enfin s’endormir.
Hélas, parmi les hôtes du châtelain, certains frappés comme par une étrange malédiction, ne devaient plus se réveiller. L’atmosphère confinée des chambres surchauffées, lourdement chargée d’essences aromatiques, avait entraîné trois d’entre eux dans un sommeil fatal. Parmi les victimes, la douce et tendre Béatrice de Trans, son beau regard noir où brillait pour Bertrand des perspectives tantôt gaies, tendres et moqueuses, tantôt sombres, inquiètes et méfiantes, restait désormais sans vie. Fou de douleur, le malheureux seigneur de Bar s’enfuit dans les gorges du Loup, pour y invoquer la protection de Saint Arnoux. Dans ce lieu sauvage, en signe de repentir, il fit édifier une chapelle à l’entrée de la grotte où avait vécu le saint ermite.
Après cet épisode funeste, devenu un homme anéanti par le poids du chagrin et des regrets, Bertrand le taciturne, torturé à jamais par le souvenir de cette nuit de Carême, vécut solitaire, enfermé entre les murs austères et vides de son château.
Ayant renoncé à sa charge de gouverneur, fuyant les honneurs, il ne recevait aucune autre visite que celle du fidèle Malerati, devenu son confesseur.
Des circonstances toutes aussi tragiques allaient lui fournir l’occasion de racheter sa conduite passée.
En 1462, les nuages assombrissent le ciel de Provence. La reine Yolande meurt à la suite d’une terrible maladie : la peste qui bientôt apparaît dans la région de Vence. L’épidémie se répand en 1463, frappant toutes les demeures des villages du diocèse. Des villes entières sont dépeuplées. Ni Saint Lambert, ni Saint Véran, les saints locaux sollicités par les fidèles ne purent freiner l’impitoyable fléau.
Bertrand de Grasse s’exposera durant des semaines en soignant les malades et en enterrant les victimes. Sa folle témérité l’entraînera dans la mort.
Aujourd’hui, au-delà des siècles, subsiste un témoignage troublant de l’existence tumultueuse du comte de Bar. Il s’agit d’un étrange tableau anonyme sur bois, daté du XV ème siècle, intitulé «La Danse Macabre », exposé dans l’église Saint Jacques, située sur la place du village actuel de Bar-sur-Loup.
On y voit des jeunes gens dansant une ronde maudite, au son du galoubet et du tambourin, avec de petits diablotins posés sur leurs coiffes.
La mort les crible de flèches, plusieurs sont atteints. Au centre un jeune homme s’écroule, déjà un minuscule diable s’affaire sur sa poitrine, pour s’emparer de son âme. A côté, une jeune femme est touchée et tombe, là encore un diablotin attend la fin. A droite, un jeune homme couché à terre exhale son âme, représentée par un bébé, promptement saisi par un diable. Plus à droite, un second diable enfourne une autre âme dans la gueule d’un dragon, représentant l’Enfer. Au-dessus, l’Archange Saint Michel tient une balance dont l’un des plateaux porte une âme. Un troisième diable espiègle tente de faire pencher la balance vers le mal. Plus haut, serein, le Christ montre le Livre, posé sur l’autre plateau où sont inscrites les pensées et les actions.
A l’écart, dans l’angle opposé, des témoins assistent impuissants à cet affligeant spectacle. Sous le tableau, une légende, en trente trois vers monorimes provençaux, souligne d’une façon explicite la moralité de cette scène dramatique.
Cette relation, semblable à une bande dessinée, rappelle en images symboliques, le tragique destin de Bertrand de Grasse, seigneur du lieu.
D’après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : contacter edmondrossi@wanadoo.fr
Des histoires extraordinaires naissent sous tous les cieux, mais seul un cadre favorable les fait éclore.
La situation géographique du Pays d’Azur où les Alpes plongent dans la mer dans un chaos de montagnes et de vallées profondes lui confère déjà un caractère exceptionnel. Les climats qui s 'y étagent de la douceur méditerranéenne de la côte aux frimas polaires des hauts sommets sont tout aussi contrastés. Si l'on ajoute que l'homme a résidé sur ces terres d'opposition depuis ses origines, on ne peut s'étonner de trouver en lui la démesure du fantastique révélée par les outrances du décor.
Cet environnement propice ne devait pas manquer de produire dans la vie de ses habitants une saga où l'imaginaire rejoint naturellement la réalité.
Depuis les milliers d'étranges gravures tracées à l'Age du Bronze sur les pentes du Mont Bégo dans la Vallée des Merveilles, en passant par les fabuleux miracles de la légende dorée des premiers chrétiens, ou les fresques tragiques des chapelles du Haut-Pays, jusqu'aux héroïques faits d'armes des Barbets pendant la Révolution française, longue est la chronique des «Histoires extraordinaires» du Pays de Nice, s'étalant dans la pierre et la mémoire de ses habitants.
Par un survol du passionnant passé de cette région, qu'il connaît bien, Edmond Rossi nous entraîne à travers une cinquantaine de récits mêlant la réalité historique au fantastique de la légende.
Rappelons qu'Edmond ROSSI, né à Nice, est entre autres l'auteur de deux ouvrages d'Histoire appréciés, dont «Fantastique Vallée des Merveilles», d'une étude sur les traditions et le passé des Alpes du Sud: «Les Vallées du Soleil» et d'un recueil de contes et légendes de Nice et sa région: «Entre neige et soleil».
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16:44 Publié dans Découverte du Pays d'Azur, HISTOIRE, Livre, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)
17/08/2012
LE LOUP MULTIPLIE SES ATTAQUES DANS LES ALPES DU SUD...
Les chiffres diffusés hier par le ministère de l'Écologie n'étonneront pas les milieux agricoles azuréens. Alors que le nombre d'attaques de loups contre les troupeaux domestiques baisse légèrement sur l'ensemble de la France et notamment dans le Var, il continue à augmenter dans les Alpes-Maritimes.
Dans ce département qui a accueilli Canis lupus dés 1993 et qui hébergerait près du tiers de la population hexagonale de loups (estimée à 200 animaux) ,217 attaques ont été recensées depuis le premier janvier, 2012 (contre 162 durant la même période en 2011).
Celles-ci ont fait 691 victimes contre 413 l'an dernier. Certes, le ministère appelle à la prudence pour l'interprétation des données représentant l’état des dossiers instruits par les services départementaux et susceptibles d’être infirmées.
Des attaques multipliées par deux de 2008 à 2011 !
Reste que les dommages ne cessent de s'aggraver dans les Alpes Maritimes, avec des attaques multipliées par deux en seulement trois ans, de 2008 à 2011.
Pour les éleveurs, cette dégradation est d'autant plus inquiétante que les différentes mesures mises en place parles autorités ne semblent pas l'enrayer. Outre le financement de mesures de protection des ovins (chiens patous, filets· nocturnes...), l'État a initié plusieurs campagnes infructueuses de traque d'un loup.
Le 6 juillet dernier à Utelle, une jeune femelle a finalement été abattue sous l’égide des gardes chasse départementaux. «Enfin » s'est réjoui le président de la Chambre d'agriculture en estimant qu'il fallait aller plus loin dans la « régulation ».
C'est également l'avis des bergers qui réclament une « vraie gestion de l'espèce » alors que des associations naturalistes, s'insurgent, rappellent le statut protégé du prédateur et attaquent la France devant les instances européennes.
Fin juillet, la ministre de l'Écologie, Delphine Batho, a annoncé « l'ouverture d'une concertation dans la perspective d'un nouveau plan d'action" sur le loup.
Pour connaître la riche et tumultueuse histoire du Loup dans les Alpes du sud depuis le Moyen âge consultez le livre «Les Histoires de loups en Pays d’Azur » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage de 220 pages abondamment illustré et dédicacé au prix de 18 €: contacter edmondrossi@wanadoo.fr
10:48 Publié dans Découverte du Pays d'Azur, HISTOIRE, Livre, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)