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21/01/2012

LA TOMBE ROMAINE DE LA GAUDE

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Chez nos ancêtres les Romains, la tradition voulait que les défunts soient inhumés le long des routes, pour accompagner les vivants et revivre dans leur mémoire le temps de leur passage et peut-être aussi pour les inviter à plus de modestie. Ainsi, furent dressées nombre de sépultures sur les bords des voies romaines.

A La Gaude, le long de ce qui fut l’ancienne voie romaine, reliant les bords du Var (au gué de la Baronne) jusqu’à Vence (l’antique Ventium), il vous sera possible de retrouver un de ces rares et touchants monuments.

Près de dix huit siècles s’étaient écoulés lorsqu’en 1904, l’historien local Bonifacy mentionna la pierre tombale dans sa monographie sur La Gaude. Il faudra attendre encore environ 80 ans pour qu’un amateur éclairé, M. Edmond Pique, retrouve ce vestige oublié abandonné au fond d’un vallon. Il gisait là brisé en quatre, noyé à chaque pluie et déjà creusé de multiples fissures qui le condamnaient sous peu à être fragmenté. Aujourd’hui déterré et réhabilité, il trône dignement au bord du Chemin Rural 31 dit “ Chemin de Saint-Laurent à La Gaude ”.

Pour découvrir ce témoignage du passé, après s’être rendu à La Gaude, il faut se diriger au bas du village, à proximité du Centre Culturel de “ la Coupole ”. Le C.R.31 débute derrière le centre, suivre ce chemin sur 100 mètres, le sarcophage apparaît alors à gauche sur un mur formant niche. Urne funéraire tel est le terme exact pour désigner cette importante masse de pierre creuse admirablement gravée, destinée à recevoir les cendres du défunt.

Par delà les siècles, deux inscriptions symétriques interpellent le passant, nous replongeant dans le contexte social d’une époque brillante à l’origine de notre propre Histoire ; en voici la traduction :

"A Crémonius Albutius décurion de Vence duumvir, investi des fonctions sacerdotales et de tous les honneurs, Vibra Materna à son mari incomparable a élevé ce monument".

Rappelons qu’un décurion était une sorte de conseiller municipal, âgé de plus de
25 ans, s’occupant des affaires de la cité, de la police, des finances, de l’administration, des impôts. Ne percevant aucun salaire, ce notable devait par compte dépenser beaucoup de ses propres deniers. Enfin, le “ duumvir ” occupait une charge de magistrat, partagée avec un confrère, il jugeait des délits légers d’ordre municipal.

Pour mieux comprendre la signification de cette pierre gravée, datable des environs de 200 à 260 de notre ère, essayons de retrouver la vie de l’antique Vintium.

Vence, conquise par les Romains au IIème siècle avant J.C., prit le vocable de Ventium en référence à un dieu romain qui aurait stoppé des envahisseurs au niveau de la chaîne montagneuse des Baous. Devenue Civitas Vientientium en 211 après J.C., cette cité romaine sera le centre d’un véritable état selon César, métropole politique, administrative, économique, religieuse et juridique de tout un territoire.

La curie regroupait le corps aristocratique des décurions qui pouvaient être “ nés ” (charge héréditaire), ou élus : “ nominati ” pour compléter les précédents. Pour postuler à cette charge, le candidat devait payer le cens (impôt foncier) et posséder environ 6 hectares et demi, ce qui devait être le cas de Cremonius Albutius et aussi de Lucius Valerianus, dont l’épitaphe et le titre sont eux inscrits sur les murs de la cathédrale de Vence.

Une certaine indépendance politique, d’importants travaux d’irrigation entraînent Vence cinq siècles durant dans la paix et la prospérité. La culture du blé, des fruits, jointe à l’exploitation du bois et des pâturages enrichissent ses habitants dont quelques notables eurent l’honneur de siéger au Sénat de Rome.

Poste à la frontière varoise, première étape entre Cimiez et Aix, Vence présente aussi l’attrait d’une agréable station climatique abritée des vents et pourvue d’eaux exceptionnelles. Les familles patriciennes s’empressent d’y construire des villas et d’y acquérir des domaines où s’intensifia la culture de la vigne et de l’olivier. Ces dernières cultures étaient particulièrement développées à La Gaude.

Néron envoya à Vence sa femme, la divine Poppée, pour y rétablir une santé chancelante. L’Histoire ne dit pas si elle fut accompagnée par les cinq cent ânesses qui devaient la suivre pour pourvoir à ses bains de lait. Gallien, autre empereur romain, fit de même : son épouse Salomée et son fils, de complexions délicates, bénéficièrent également des vertus salutaires de Vence. Pour répondre à cet engouement, Vence se dota de routes viables, d’une école, d’un forum, d’aqueducs et de thermes, ainsi que de temples dédiés à Cybelle et Mars, ce dernier honoré par les sacrifices du Taurobole.

De ce lointain passé de la “ Vence romaine ”, ne subsistent que quelques stèles, pierres sculptées ou gravées et les deux colonnes de porphyre, visibles en divers points de la cité. Parmi ces vestiges, la tombe de La Gaude reste un exemple remarquable tant par son état de conservation que par sa situation originale au bord d’une ancienne voie romaine. Vibra Materna persiste à nous rappeler par delà les siècles les mérites et les qualités de “ son incomparable mari ”. Comment ne pas accueillir avec émotion ce témoignage d’amour épargné par le temps ?

  

EXTRAIT DES "HISTOIRES ET LÉGENDES DES BALCONS D'AZUR": LA GAUDE, SAINT JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC, BÉZAUDUN, COURSEGOULES, TOURRETTES SUR LOUP, VENCE, SAINT PAUL DE VENCE, LA COLLE, ROQUEFORT LES PINS, VILLENEUVE LOUBET, CAGNES...

De La Gaude à Vence et au Broc, le vaste belvédère qui surplombe la Méditerranée et le Var reste méconnu. La région provençale des « Balcons d'Azur » renferme pourtant des trésors histo­riques et architecturaux qu'il est urgent de découvrir, au-delà de la splendeur des paysages. C'est à ce voyage insolite que nous invite l'auteur, le long d'un amphithéâtre, au cœur duquel s'égrènent les célèbres fleurons de LA GAUDE, VENCE, SAINT-JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC.

Passant tour à tour de la réalité des faits historiques, chargés de fabuleuses anecdotes, aux légendes, Edmond Rossi, auteur de divers ouvrages sur le passé et la mémoire des Alpes-Maritimes, a recueilli et réuni quelques moments singuliers de ces villages.

Le choix de La Gaude s'impose comme le centre de gravité de ce « triangle d'or» d'une richesse exceptionnelle. Aux limites de ce secteur, des vestiges témoignent également d'un passé où l'insolite nous interpelle pour mieux conforter la légende: chapelle oubliée de COURSEGOULES, fayard de BÉZAUDUN, tombeau mystérieux de TOURRETTES-­SUR-LOUP, ruines austères de VENCE ou cachées de ROQUEFORT-LES-PINS, sentinelle fortifiée de SAINT-PAUL et abbaye de LA COLLE, châteaux de VILLENEUVE-LOUBET et de CAGNES.

La Gaude, célèbre pour son vin sera aussi l'inspiratrice de Marcel Pagnol pour sa « Manon des Sources ». D'Hercule à d'Artagnan venu arrêter le marquis de Grimaldi à Cagnes, laissez-vous guider par les fantômes des personnages, pour parcourir les vivantes ruelles de ces villages et la riante campagne alentour. L'agréable découverte de ces bourgs authentiques aux limites de la Provence, vous révélera bien d'autres trésors, dignes de ceux cachés là par les Sarrasins et les Templiers, bien présents dans tout ce secteur.

Ce livre est édité par les "EDITIONS CAMPANILE" http://www.editions-campanile.fr

avec possibilité d'y être commandé.

Ouvrage illustré, de 160 pages, également disponible dans toutes les bonnes librairies au prix de 18 € et dédicacé par l'auteur, en contactant: edmondrossi@wanadoo.fr

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