Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/06/2015

LA GAUDE : LE CHÂTEAU DE L’ALCHIMISTE-FAISEUR D’OR

11 ème PAGELE CHATEAU DE LA GAUDE ACTUEL  RESTAURE.JPG

Depuis huit jours il pleuvait sans trêve sur la campagne provençale. En ce début de l'hiver 1232, Philémon d'Artigas s'approcha frileusement de la cheminée pour réchauffer ses mains engourdies. Hôte de Romée de Villeneuve dans la tour de son château de la Gaude, le savant catalan tenait enfin la formule magique de la transmutation des métaux. Son grand dessein, changer le plomb en or, devenait possible.

Les laborieuses recherches pour lesquelles il était payé venaient enfin d'aboutir.

Cette nuit, un ultime essai concrétiserait le résultat de plusieurs mois de travail.

La plume crissa sur le parchemin, transcrivant en quelques mots la fin du processus de transformation de la matière.

Lorsque dame Aurore choqua la porte pour l'inviter à souper, Philémon lissa sa belle barbe blanche, se leva et alla ouvrir. Rassurant, il lui dit simplement: « Les forces obscures ont rendu leur verdict, l'or nous appartient et la puissance est à nous. »

L'étroite fenêtre de l'atelier du maître brilla très tard dans la froide nuit de novembre, et lorsque le « souffleur » versa enfin les quelques gouttes d' « huile du soleil » sur le plomb en fusion, le miracle s'opéra. La masse se figea pour apparaître rutilante et jaune: l'or venait de naître.

La situation financière déplorable de la Provence avait contraint le sénéchal Romée de Villeneuve à trouver une solution rapide. Raymond-Béranger lui avait donné mission de redresser la situation et d'assurer par-là même un mariage honorable à ses quatre filles, dépourvues dans l'immédiat de toute dot valable. C'est là qu'intervint Philémon d'Artigas, qui dans sa tour des bords du Var devait changer le cours des choses.

Les jours et les nuits qui suivirent, les cornues du savant alchimiste, chauffées au bois d'olivier, crachèrent suffisamment de métal jaune pour assurer les prétentions du comte. Romée triomphait.

Quelques mois plus tard, on devait célébrer dignement les mariages des quatre filles du comte de Provence avec quatre princes régnants: Marguerite épousa Louis IX roi de France, Eléonore se maria avec Henri III d'Angleterre, Saucie devint la femme de Richard de Cornouailles, roi des Romains, et Béatrix épousa Charles 1er d'Anjou, roi de Naples, qui deviendra comte de Provence à la mort de son beau-père.

Vingt-cinq ans s'écoulèrent sans qu'on n'entendît plus parler du célèbre alchimiste ni de ses exploits.

Un jour de juillet, une petite troupe de pèlerins se rendant à Rome fit halte au château de la Gaude. Parmi ces voyageurs se trouvait un noble vieillard, Philémon d'Artigas, accompagné de son filleul et élève Arnaud de Villeneuve.

Celui-ci demanda à revoir l'atelier de la tour où, quelques années plutôt, il avait opéré la transformation du plomb en or.

Dame Aycarde de Castellane, belle-fille de Romée, nouvelle propriétaire des lieux, flattée d'une telle visite, accepta volontiers et retint même ses hôtes. C'est ainsi que devait s'initier celui qui allait devenir le plus illustre des alchimistes du Moyen Age.

En effet Arnaud de Villeneuve établira plus tard sa renommée universelle dans la recherche du secret de la pierre philosophale. Selon le juriconsulte Johannès Andréas, Arnaud, à Rome, « convertissait des verges de fer en or et les soumettait à toutes les épreuves physiques et chimiques; ces faits avaient incité Oldradus et le Panormitain, dans leurs ouvrages canoniques (Consilio 69-Ve Decretales-C-II) à définir l'alchimie comme un art ingénieux, ars perspicaci ingenio inventa, et canoniquement licite ».

Arnaud de Villeneuve suscita lui-même en Provence comme en Italie de nombreuses vocations alchimiques et médicales. Il n'oublia jamais les premières révélations de son maître et inspirateur Philémon d'Artigas, qui sut lui transmettre son enseignement dans un modeste château surplombant le Var.

D'après l'Ars transmutatoria, attribuée à Jean XXII, certains lieux où s'activent les forces telluriques favoriseraient la transformation de la matière, d'où le choix probable de ce promontoire calcaire au contact des couches alluviales.

Aujourd'hui, les ruines du fabuleux château de la Gaude ont été restaurées et ses, murailles grises rappellent encore son rôle de sentinelle au bord du Var, aux confins extrêmes de la Provence.

 Edmond ROSSI

04/06/2015

CHÂTEAUX DU MOYEN ÂGE DES ALPES MARITIMES

COUVERTURE DES CHATEAUX DU MOTEN AGE DES ALPES MARITIMES REDUITE.jpg

PRÉSENTATION

Le Moyen Âge a duré plus de mille ans, presque une éternité !

De la Provincia de la fin de l’empire romain à la Provence

annexée au Royaume de France de Louis XI.

Les Alpes-Maritimes – ou Provence orientale – ont certainement, plus que tout autre région, enduré cette longue période. Sans compter les invasions barbares et, l’histoire de cette Provence orientale est tumultueuse en diable : ballottée au gré des ambitions exacerbées des comtes de Provence, des comtes (puis ducs) de Savoie, de la République de Gênes, au fil des guerres de conquête ou de reconquête, des épidémies dévastatrices, des razzias des pirates, sa population et sa noblesse locale – qui se pense sérieusement et incorrigiblement libre de tout lien de vassalité —, vont développer un incroyable maillage de châteaux et de contre-châteaux.

Le sensationnel hold-up territorial que réalise le comte de Savoie à la fin du XIVe siècle, lorsque le Comté de Nice se sépare du comté de Provence (pour plus de 400 ans), n’y étant pas pour Rien !

Laissez-vous entraîner à la fabuleuse découverte de ces 140 châteaux et vestiges médiévaux présentés avec précision et nombre d’anecdotes. Lesquels, mieux qu’un cours magistral, vous feront appréhender au plus près l’histoire locale et éprouver la folle existence — quasi impensable à nos yeux du XXIe siècle — des populations des Alpes-Maritimes durant ces mille ans moyenâgeux !

Edmond Rossi, historien niçois passionné par le passé et les traditions d’une région qu’il connaît parfaitement, nous offre en plus la part d’imaginaire qui entoure ces vieilles pierres. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages traitant de l'histoire des Alpes-Maritimes et de la mémoire de ses habitants. 

Auteur | Edmond ROSSI

Format | 16 x 24 cm

Nombre de pages 270

ISBN | 978-2-8240-0555-3

prix public ttc 23,50 €

illustrations en N. & B. & COULEUR

Chez vous dédicacé par l’auteur en contactant :

edmondrossi@orange.fr

Pour mieux situer le contexte historique qui prévalut à la présence des donjons et châteaux, reprenons l’analyse faite par J.C. Poteur, spécialiste de l’étude des châteaux forts de la Provence Orientale. Elle révèle deux grandes périodes de création castrale.

La première époque débute en 970, elle porte sur 140 édifices bâtis dans l’ensemble de la région au XIme siècle et sur une centaine dressés au XIIème siècle.

Il s’agit des premiers châteaux de peuplement, des castra qui préludent à la formation des  seigneuries nées du partage du territoire par les compagnons d’armes de Guillaume le libérateur.

La seconde poussée s’opère entre 1173 et 1224 de la fin du XIIème siècle au début du XIIIème siècle, dans un contexte de guerre, avec là encore une centaine de créations consécutives aux affrontements destinés à soumettre l’aristocratie locale à l’autorité de l’état provençal. 80% de ces constructions militaires sont réalisées par le Comte ou ses alliés.

Les châteaux les plus anciens, conservés aujourd’hui, appartiennent à cette période.

Le conflit va se dérouler en quatre phases :

de 1176 à 1189, par la campagne éclair conduite contre les princes de Castellane, puis de 1196 à 1216, par la dure et ultime révolte qui embrase le diocèse d’Antibes et la région de Nice

Enfin, le Comte de Provence entreprend de 1227 à 1235 la conquête militaire de territoires restés rebelles à son autorité ou pactisant avec la République de Gênes.

Vers 1250, la majeure partie du Pays de Nice est soumise au Comte grâce à un puissant réseau castral.

Notons que le terme de donjon convient quelquefois mieux que celui de château, donjons quadrangulaires ou donjons-bastides, ces bâtiments habitables ne doivent pas être confondus avec les tours construites sur les remparts à usage purement miltaire.

Prochainement du même auteur et dans le même registre « Les Templiers dans les Alpes Maritimes et en Provence orientale » aux Éditions Campanile