16/10/2014
« MYTHES ET LÉGENDES DE NICE ET DU PAYS D’AZUR »
Le numéro de l’hebdomadaire « L’EXPRESS » du 15 octobre 2014 développe les légendes et présente les lieux mythiques de Nice et sa région.
Dans ce dossier, à ne pas manquer l’interview accordée par Edmond Rossi à propos du Loup et de la polémique soulevée autour de son retour dans les Alpes Maritimes.
« LE LOUP INCARNATION DES FORCES DU MAL »
L’animal est au centre des récits les plus effroyables qui étaient contés le soir au coin du feu.Edmond Rossi, auteur notamment de « Contes et Légendes du Pays d’Azur » (Éditions Sutton), revient sur les raisons d’une telle fascination. Passionné : Historien, écrivain, conteur, Edmond Rossi décortique les mythes véhiculés dans la région par la mémoire collective.
Très tôt les hommes se sont organisés pour contrer les capacités de nuisance des loups. De quelle façon?
Les premières battues remontent au temps de Charlemagne. A l'époque, un service spécifique avait même été créé avec, à sa tête, un Lieutenant de louveterie. L'idée étant, bien sûr, de protéger les troupeaux des assauts de cet animal sauvage. Les pâtres et les bergers étaient également des cibles idéales pour lui. Le loup aurait pris goût à la chair humaine au temps des guerres, sur les champs de bataille jalonnés par de nombreux cadavres. Dans les Alpes-Maritimes, plusieurs sites évoquent la présence ancienne de ces bêtes féroces. Comme le col de Gratteloup, ou encore cet énorme rocher, placé au bord d'un chemin, entre Villeneuve-d'Entraunes et Bantes, et surnommé « la peira déou loup» (la pierre du loup) depuis qu'un paysan, attaqué par une meute, s'est réfugié dessus.
Quels sont les symboles et les croyances qui lui sont associés?
Ici, comme un peu partout dans le monde, aussi bien chez les Amérindiens qu'en Asie ou en Europe, le loup incarne les forces du mal, le diable, un monstre aux pouvoirs décuplés. Le territoire escarpé du haut pays niçois, avec ses bois sombres et ses vallées encaissées, offre un décor propice aux histoires les plus terrifiantes. Le fait que le loup agisse la plupart du temps la nuit leur donne une dimension encore plus inquiétante. Tous ces récits ont pour but de conjurer le sort, d'exorciser la peur, car on tient éloigné ce qui nous angoisse en mettant des mots dessus. Le loup a également inspiré de nombreuses expressions imagées : « hurler avec les loups », « être connu comme le loup blanc », « quand on parle du loup, on en voit la queue», « l’homme est un loup pour l 'homme », « enfermer le loup dans la bergerie »…
Son image semble avoir évoluée. Le loup serait-il en voie de réhabilitation?
La convention de Berne, ratifiée en 1979 et transcrite dans le droit français en 1989, a fait du loup une espèce protégée. Le succès de certains parcs animaliers spécialisés montre bien à quel point il a conservé son pouvoir de fascination, même si la guerre fait rage entre ses détracteurs et ses défenseurs. La récente réapparition de loups sauvages dans le massif du Mercantour oppose régulièrement les écologistes, pour qui ce prédateur naturel est indispensable à la préservation de l'écosystème, et certaines corporations, comme celle des bergers, qui craignent pour leurs troupeaux. Notre territoire n'échappe pas à cette polémique, puisque les Alpes Maritimes recensent 40 % des attaques en France. En 2013, près de 2500brebis y ont été tuées. De quoi continuer à alimenter les légendes.
Amandine HIRROU « L’Express » N° 3302 / 15 octobre 2014
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18:04 Publié dans Découverte du Pays d'Azur, HISTOIRE, Livre, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)
07/10/2014
LE PALAIS LASCARIS À NICE, UN TÉMOIN DU PASSÉ HISTORIQUE
LE PALAIS LASCARIS, 15 RUE DROITE, DANS LE VIEUX NICE
Résidence de la famille Lascaris-Vintimille (Guillaume-Pierre de Vintimille s’unit, en 1261, à Eudoxie, fille de Théodore Il Lascaris,"Basilleus" de Nicée), ce Palais noble fut édifié à partir de quatre maisons acquises en 1648 par Jean-Baptiste, neveu dé Jean-Paul Lascaris de Castellane (1563-1657), 55ème Grand Maître de l'Ordre de Malte. Il demeura la propriété de cette famille jusqu'à la Révolution.
Vendu en 1802, il eut divers propriétaires successifs: banquier, diplomate, sénateur. Acquis par une société et divisé en appartements, qui s'y multiplièrent à partir de 1920, il subit d'importantes dégradations, en particulier à cause du trop grand nombre de ses occupants. Racheté par la Ville dès 1942, classé "Monument Historique" en 1946, le Palais fut entièrement restauré à partir de 1963.
Ce Palais, d'un style génois influencé par les traditions locales, unit à un ensemble du XVIIe siècle des embellissements et des modifications du XVIIIe siècle. Les bâtiments s'ordonnancent autour de deux cours intérieures sur lesquelles, par des baies cintrées, s'ouvre un escalier monumental. La .façade présente une élévation à quatre étages, les éléments décoratifs (pilastres à bossage, fronton curviligne, balcons de marbre…) sont réservés au rez-de-chaussée et à l'étage noble. La voûte du vestibule d'entrée porte les armes des Lascaris-Vintimille: écartelé aux 1 et IV d'or à l’aigle bicéphale de sable couronné sur les deux têtes (Lascaris), aux II et III de gueules à chef d'or (Vintimille), l'aigle bicéphale réapparait en silhouette avec la devise de la famille: "Nec me fulgura" (la foudre même ne me tue pas) ; entre l'aigle et l'écu, une croix de Malte blanche rappelle l'appartenance de plusieurs membres de la famille à cet Ordre.
Ces peintures, comme celles qui ornent les voûtes d'arêtes de l'escalier monumental, datent du XVIIe siècle. Les niches et sculptures baroques ont été rajoutées au XVIIIe siècle.
A l'étage· noble, trois plafonds portent des fresques du XVIIe siècle à thèmes mythologiques, dont une "Chute de Phaéton", attribuée à Jean-Baptiste Carlone, vers 1670 et un "Mercure emportant Psyché dans l'Olympe". Des tapisseries flamandes illustrent, sur des cartons de Rubens" des scènes de la .vie d'Achille. Les appartements particuliers présentent des plafonds du XVIIIe siècle ou les stucs cernent des médaillons .peints ; des boiseries d’époque Louis XV, incrustés à la feuille d’argent, sont surmontés de trumeaux à paysages.
Une pharmacie, créée en 1738 à Besançon, comprenant une belle collection de vases et de chevrettes du XVIIIe siècle, occupe une pièce du rez-de-chaussée.
EDMOND ROSSI
11:30 Publié dans Découverte du Pays d'Azur, HISTOIRE, Loisirs, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)