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"UN PEU D'HISTOIRE" LES CHRONIQUES DE "NICE MATIN"D'EDMOND ROSSI

COURSEGOULES POSSÈDE UNE ETRANGE CHAPELLE

COURSEGOULES POSSÈDE UNE ETRANGE CHAPELLE

A COURSEGOULES : L’ETRANGE CHAPELLE SAINT MICHEL
Coursegoules, à 17 kilomètres au Nord de Vence, étalé sur le revers Sud de la longue arête du Cheiron (1778m) - exposé au midi - bénéficie d’un climat moins rude que ne le laisserait supposer son altitude voisine de 1000 mètres. L’étymologie de son nom dériverait de sa fondation par une colonie corse originaire de la vallée du Golo, venue là on ne sait comment. Une communauté de moines avait déjà au VIème siècle ou VIIème siècle (époque mérovingienne) occupé un site voisin de l’actuel village, à une demi-heure à pied au Nord-Ouest. Là, ils édifièrent la chapelle St Michel, dont l’abside est caractéristique du haut Moyen Age.
Mais au-delà de l’architecture de cette construction en pierres de taille bien conservée, placée à un carrefour de voies de transhumance, le visiteur remarquera à l’intérieur une curieuse dalle. Celle-ci, gravée en latin, a dû servir de pierre d’autel.
De la chapelle St Michel, située au quartier Lagneris, on peut en grimpant vers le Nord franchir la crête du Cheiron, pour rejoindre, à travers les solitudes, le village des Ferres dans la vallée de l’Esteron, soit poursuivre vers l’Ouest, en direction de Gréolières sur le flanc Sud du Cheiron. La “ Via Ventiana ”, l’antique voie romaine au départ de Vence, vient également buter au pied de la chaîne montagneuse, pour bifurquer à l’Ouest vers Gréolières et la vallée supérieure du Loup.
Le groupe de recherches de l’Institut des fouilles de Préhistoire et d’Archéologie des Alpes-Maritimes, qui enquêta sur le passé de la chapelle, admet qu’elle devait remplacer un édicule romain au bord de la “ Via Ventiana ”.
Le plan de la chapelle est très simple avec une nef unique de deux travées, suivie d’une abside semi-circulaire. Après avoir remplacé un temple païen, elle appartint au puissant monastère de Lérins qui y entretenait une petite communauté de moines logés dans des bâtiments voisins. Au milieu de la nef, un mur bahut, à peu près ruiné, servait de clôture pour isoler les moines de la partie de la chapelle réservée aux fidèles. Aujourd’hui, dressée verticalement face à l’entrée, la belle pierre gravée a fait l’objet d’un moulage, visible au musée Grimaldi d’Antibes.
L’inscription latine, difficile à déchiffrer parce qu’en partie effacée et constituée d’abréviations, a néanmoins été traduite : “ A Fuscus et Favor, fils de Secundus, mort l’un à 19, l’autre à 13 ans, Secundus fils de Nicentus et Velia, fille de Favor leurs parents, ont élevé ce monument ”.
Le texte est surmonté de deux têtes sculptées, probablement les défunts, ainsi que d’un croissant, deux cyprès et deux “ ascia ”. On sait que les Romains plaçaient souvent leurs tombeaux sous des symboles protecteurs et en particulier la hache.
Certains ont vu dans les deux creux encadrant le fronton deux petites cuvettes destinées à recevoir des offrandes aux morts, constituées souvent de grains de blé.
La chapelle est placée sous le patronage de l’archange Saint Michel, exorciseur des lieux infestés par le démon qu’il transperce de la hampe de son oriflamme. C’est lui qui devait rassurer le voyageur s’engageant dans la hasardeuse traversée de la montagne semée d’embûches.
L’Histoire mentionne Saint Michel de Coursegoules en 1312, avec son prieur de Sancti Michaelis Laugninis, puis en 1351 le Bénéfice qui en est retiré et enfin en 1715 le quartier dit Lagneris avec son cimetière médiéval et sa chapelle.
Dans un cadre champêtre, ce pur joyau de l’art roman à l’écart des routes, témoigne des riches origines de notre région. Borne chargée d’Histoire, elle nous interpelle par-delà les siècles pour peu qu’on aille à sa rencontre*.