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20/07/2014

LA VENGEANCE DE L'AMAZONE MARGUERITE DE TENDE

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“ Illustre Amazone et généreuse capitanesse ”, c’est ainsi que Nostradamus définit Marguerite del Carreto, veuve du comte Honoré Lascaris de Tende, empoisonné en 1473. Elle sut déjouer le complot visant à livrer le comté à la Maison de Savoie après l’assassinat de son époux. Menacée dans son château par les conjurés, elle réagit avec vigueur face aux dangers et trahisons, réussissant à se tirer de toutes ces aventures. Sa détermination et son courage s’expriment dans cette phrase écrite quelques jours après le complot : “ Je fais faire bonne garde, c’est pourquoi je n’ai peur de personne ”. Marguerite va non seulement se défendre mais attaquer et soumettre plusieurs comtes rebelles, suite à la disparition d’Honoré Lascaris.

Ainsi le 21 Mars 1474, la comtesse obligera son cousin Jeannet de Vintimille à céder ses droits sur certains territoires. Tout au long de l’année 1474, Marguerite va obtenir serments de fidélité et actes de soumission, du Val de Maro à Tende. De même, soucieuse d’assumer ses arrières, l’Amazone s’adressera au roi René de Provence pour confirmer l’alliance politique instaurée par le comte Honoré.

Jusqu’à la Renaissance, la politique des Lascaris de Tende coincés du Nord et au Sud par la Savoie, à l’Est par la République de Gênes et à l’Ouest par les comtes de Provence puis les rois de France, maudits par les populations limitrophes, s’appuiera essentiellement sur le peuple de Tende en rénovant leurs institutions et respectant leurs libertés. Ainsi, trois siècles durant, les Lascaris abrités dans leurs montagnes, tiendront en échec les plus puissantes maisons d’Europe.

Bientôt une rébellion éclate à Gênes contre Gian Galeazzo Sforza, duc de Milan et seigneur de Ligurie, et son alliée Marguerite de Tende, à propos des possessions et châteaux de cette dernière, situés dans le Val de Maro, revendiqués de tout temps par Gênes.

Marguerite proclame “ l’ost général ” et à la tête des milices du comté aidées de bandes de mercenaires, elle parvient à reconquérir les châteaux perdus. Jean Antoine Lascaris, fils du défunt Honoré, obtient au printemps 1479, le jurement d’obédience de ses terres. A l’automne, les Gênois reviendront vainement à l’attaque. L’Amazone avait donc raffermi son autorité sur l’ensemble de ses fiefs. Elle se voit alors offrir, en 1483, l’occasion d’assouvir une vengeance tardive.

Pierre Lascaris, coseigneur de La Brigue et seigneur du château de Préla, sur lequel la comtesse revendiquait ses droits, avait été l’un des chefs de la conjuration contre le comte Honoré Lascaris.

Navigant dans les environs de Varigotti en direction de Gênes, dont il était l’allié, Pierre Lascaris fut soudain attaqué et capturé pour être livré à Finale au marquis Nicolo del Carretto, seigneur du lieu et frère de Marguerite. Enfermé au château de Murago, le captif fut remis à la comtesse Marguerite qui le plaça dans les cachots du château de Maro.

Soumis à la torture par ordre et vengeance de la comtesse de Tende, le malheureux prisonnier verra aussi son château de Préla rasé sur ordre de celle qu’il avait trahie. La Maison de Savoie intervint en Août 1485, pour faire remettre en liberté son vassal Pierre Lascaris, mais l’Amazone fit la sourde oreille. Sa libération ne sera obtenue qu’après versement d’une rançon de 800 florins.

Les différents entre le comté de Tende et leurs cousins de La Brigue, assoupis pour un temps, reprennent bientôt à propos de la situation chaotique de la Ligurie.

Marguerite de Tende attaque par surprise le château de Préla, à nouveau reconstruit, dans lequel est retranché Barthélémy Lascaris, frère de Pierre, allié de la République de Gênes. Cette dernière n’interviendra pas, grâce à une manœuvre diplomatique de la comtesse de Tende.

 L’Amazone face à qui deux évêques, un Lambert Grimaldi et la République de Gênes s’étaient inclinés, n’était pas seulement un grand capitaine mais aussi un habile stratège politique. Prévoyant l’isolement économique du comté de Tende, elle obtient en 1489 une importante concession du Duc de Savoie : la suppression de tout péage pour les sujets et le bétail de Tende, traversant les terres de Savoie pour se rendre ou revenir de Provence. Après cette dernière démarche de détente politique, disparaît Marguerite de Tende, l’une des femmes les plus remarquables de ce comté. La comtesse repose dans la chapelle St Ludovic avec son mari et ses fils à l’intérieur de l’église paroissiale de Tende, au cœur d’un fief qu’elle sut si habilement défendre et protéger.

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